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Israël accuse: «Saeed Ara Jani est derrière les attaques»

(Rome, 06 août 2021). Deux noms ont été mentionnés par le ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, pour identifier les responsables des attaques de drones iraniens. Le premier est le commandant de l’armée de l’air des Pasdarans, Amir Ali Hajizadeh. Le second est un nom jusqu’alors inconnu par beaucoup : Saeed Ara Jani. Selon Gantz, Ara Jani était le cerveau derrière l’attaque du pétrolier Mercer Street, et celui qui « a planifié, formé et fourni l’équipement pour mener les attaques terroristes dans la région ». Et le ministre israélien de la Défense israélienne estime qu’il est également le «directeur» des attaques contre les installations pétrolières d’Aramco en Arabie saoudite.L’accusation israélienne n’est pas secondaire pour plusieurs raisons, selon l’analyse de Lorenzo Vita dans «Inside Over». D’abord parce que les accusations ne sont pas dirigées contre l’Iran en général, mais contre les Pasdaran en particulier. Jérusalem confirme ainsi une tendance qui s’est renforcée ces dernières années et qui concerne la distinction entre le pays et les Gardiens de la Révolution. Et s’il est clair qu’en Israël ils ne veulent pas que l’Iran ait la bombe atomique, il est tout aussi clair que les véritables objectifs sont tous plus ou moins liés aux Pasdaran, un véritable État dans l’État et épine dans le pied de la stratégie israélienne et des pétromonarchies au Moyen-Orient. Un objectif réaffirmé dans toutes les attaques menées en territoire syrien, dans les sabotages entre le golfe Persique, la mer d’Oman et la mer Rouge, ainsi que dans les frappes marquées en Iran, dans lesquelles le Mossad a vraisemblablement joué un rôle. Faire une distinction sert à créer un canal diplomatique avec des segments de la République islamique opposés au pouvoir des Pasdaran. Si une guerre avec l’Iran n’est ni souhaitable ni voulue, il en est autrement d’assiéger économiquement, militairement et politiquement les Gardiens de la Révolution et tous les partis, centres d’intérêt et dirigeants liés à la grande machine dirigée par Hossein Salami. Surtout à un moment où l’administration américaine tente de conclure l’accord nucléaire iranien en conjonction avec une nouvelle présidence conservatrice comme celle d’Ebrahim Raïssi.

Le choix fait par Israël d’identifier et d’annoncer publiquement le nom du chef du département des drones des forces Pasdaran signifie l’envoi d’un signal. Un message que beaucoup pourraient également interpréter comme un sombre signal d’alarme, notamment après nombres de morts suspectes et d’assassinats ciblés commis ces dernières années, ajoute Lorenzo Vita. L’exemple le plus frappant est le drone américain avec lequel Qassem Soleimani, chef des forces d’al-Qods, a péri à Bagdad. Mais la liste des assassinats ciblés présumés (jamais prouvés) est très longue et ces derniers temps il ne faut pas oublier celle du directeur du programme nucléaire iranien et membre des Pasdaran, Mohsen Fakhrizadeh-Mahabadi. Avant le meurtre (sur lequel aucune lumière n’a encore été faite, et ne le sera peut-être jamais) Benyamin Netanyahou a mentionné le nom du scientifique iranien lors d’une conférence de presse dans une phrase qui est apparue, peu après, comme un sinistre présage : « Rappelez-vous de ce nom, Fakhrizadeh ». L’ancien Premier ministre israélien a tenu ces propos en montrant au monde entier les résultats (récoltés) d’une opération avec laquelle le Mossad avait réussi à s’introduire dans les archives du programme nucléaire iranien à Téhéran. Une coïncidence qui a immédiatement jeté une ombre de mystère sur la fusillade au cours de laquelle le physicien de la République islamique est mort. Nommer les noms pourrait être l’image d’une autre phase de ce sombre conflit : la guerre psychologique pour alarmer l’ennemi.

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