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Turquie: la Cour constitutionnelle va examiner l’interdiction du parti pro-kurde (HDP)

La plus haute cour de Turquie, la Cour constitutionnelle, a accepté, lundi, d’ouvrir un procès pour examiner une demande d’interdiction du principal parti prokurde d’opposition, à deux ans d’élections qui s’annoncent difficiles pour le président Recep Tayyip Erdogan.
Un procureur avait saisi la Cour constitutionnelle pour demander la fermeture du Parti démocratique des peuples (HDP), troisième force politique au Parlement, arguant qu’il a des liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), un groupe qualifié de «terroriste» par Ankara.
Deux tiers des voix
Selon l’agence de presse étatique Anadolu, la Cour constitutionnelle, qui avait rejeté en mars un premier acte d’accusation pour un «vice de procédure», a décidé, lundi, d’accepter la nouvelle requête du procureur. Un procès, dont la date n’a pas été annoncée dans l’immédiat, doit s’ouvrir prochainement. Pour qu’une interdiction du HDP soit prononcée, il faut que dix des quinze membres de la Cour constitutionnelle votent en ce sens.
Au moment où Ankara cherche à apaiser ses relations avec l’Occident, cette procédure a suscité l’inquiétude de pays européens et d’ONG, qui y voient un signe supplémentaire de l’érosion de l’État de droit sous Recep Tayyip Erdogan.
Répression implacable
Bête noire du président turc, le HDP fait l’objet d’une répression implacable depuis 2016, année où son charismatique chef de file, Selahattin Demirtas, a été emprisonné en dépit des protestations européennes. Recep Tayyip Erdogan accuse régulièrement le HDP d’être la «vitrine politique» du PKK, une organisation qui livre une guérilla sanglante contre l’État turc, depuis 1984, dans le sud-est du pays.
Outre l’interdiction du parti, le procureur ayant saisi la Cour constitutionnelle a réclamé la saisie de ses avoirs et l’exclusion de 451 de ses membres de toute activité politique, une mesure destinée à empêcher le HDP de renaître sous une nouvelle étiquette. Le parti pro-kurde, qui rejette tout lien avec le «terrorisme», a qualifié la procédure le visant de «putsch politique» et accuse Recep Tayyip Erdogan de vouloir l’écarter de la prochaine élection présidentielle, en 2023.
Violente rhétorique en cause ?
Dans ce contexte, une employée du HDP a été tuée, jeudi, par un homme armé qui a attaqué les bureaux du parti à Izmir (ouest). Le HDP a accusé le président turc et son gouvernement d’être les «instigateurs de cette attaque brutale» en raison de leur violente rhétorique. (Le Matin)

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