La Syrie au vote. Un état épuisé entre les mains d’Assad

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(Rome, 19 avril 2021). Le 26 mai, un vote en Syrie aura lieu, avec Bachar el-Assad, qui sortira des urnes avec des pourcentages qui n’ont jamais chuté en dessous de 80%. Le Raìs maintient son emprise sur le pouvoir, a (presque, ndlr) gagné la guerre civile (grâce à la Russie et à l’Iran), et son pays souillé par le sang de milliers de morts est à bout de souffle

Comme si de rien n’était (ou se passait encore, après dix ans de guerre), le vote est de retour en Syrie, les gens votent à nouveau. Rais Bashar a convoqué les élections présidentielles pour le 26 mai, et le scrutin se déroulera sans aucune forme de dialogue avec l’opposition (ni les Kurdes ni les groupes armés). Même la communauté internationale ne fait pas partie de l’accord électoral, défendu par la Russie et l’Iran qui, depuis des années, s’emploient à soutenir le régime.

Quatre cent soixante-dix mille morts, cent mille personnes disparues (probablement éliminées par les Mukhabarats Assadistes), ainsi que onze millions de réfugiés ont changé le contexte social d’autres pays comme le Liban, la Jordanie et l’Irak et ont créé des tensions en Turquie et en Europe. La Syrie est tout sauf un conflit résolu, c’est une question loin d’être résolue, une économie à genoux dans un pays où sept citoyens sur dix n’ont pas accès à l’eau potable.

La tendance, de 1971 jusqu’à ce jour, ne laisse aucune surprise quant à la sortie des urnes. Du père Hafez au fils Bashar, les Assad dirigent le pays depuis 50 ans.

La Syrie est un État en faillite, la population qui vit sous le seuil de pauvreté, atteint le taux le plus élevé au monde (82,5%). Sauver Assad était un jeu géopolitique à travers lequel  la Russie a déjà garanti un accès à la Méditerranée, et d’autres l’Iran, a pu consolider son influence régionale (en renforçant des outils stratégiques tels que les milices chiites). La Turquie a également joué un rôle dans ces intérêts, en profitant du contexte pour attaquer les Kurdes (tant Turcs que Syriens) en entamant une coopétition avec Moscou sur la Syrie.

L’annonce des élections intervient quelques jours après les conclusions de la Conférence sur l’avenir de la Syrie, conduite par l’UE (qui s’est tenue à Bruxelles), avec la participation de 55 pays. L’objectif est de stabiliser puis de financer la reconstruction du pays. Les fonds seraient débloqués, mais le fait est que les investir actuellement en Syrie signifie enrichir régime de Damas. Les États-Unis et l’UE considèrent une transition de pouvoir comme essentielle pour la reconstruction du pays.

L’ONU pense depuis 2015 que la mise en place d’une nouvelle constitution (libérale et démocratique) est nécessaire pour guider les Syriens vers des élections libres (libérées d’Assad). Un travail que l’ONU se propose de prendre sous son égide, mais qu’elle peine à mettre en pratique. La résolution proposant cette feuille de route, 2254/2015, a été votée à l’unanimité par le Conseil de sécurité, mais le vote favorable d’un membre permanent comme la Russie était un bluff flagrant, car Moscou est plus intéressé à défendre ses propres intérêts que ceux de l’ONU.

Ferruccio Michelin. (Formiche)