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France: l’Assemblée nationale approuve le maintien en juin des régionales et départementales

Malgré des voix dissonantes dans la majorité, l’Assemblée nationale a soutenu massivement ce mardi, par 443 voix contre 73 et 13 abstentions, le maintien en juin des élections régionales et départementales, avec un simple décalage d’une semaine, comme annoncé par le Premier ministre Jean Castex.

Après un rapport officiel, un projet de loi, l’avis du conseil scientifique, une consultation des maires et un débat à l’Assemblée nationale, la date définitive des élections régionales et départementales est désormais connue. Celles-ci auront lieu les 20 et 27 juin prochains, soit une semaine plus tard que ce que le gouvernement avait initialement prévu lors du report des élections de mars à juin 2021.

Cette fois, l’épidémie de coronavirus et les mesures prises pour la contenir ne feront bouger qu’à la marge le calendrier électoral, alors que l’exécutif avait dû jongler difficilement avec les règles habituelles en espaçant de trois mois les deux tours des élections municipales l’année dernière, lors de la première vague. Pour prendre cette décision, le Premier ministre, qui s’est appuyé sur la réponse positive des maires (à 56%) pour un maintien des scrutins en juin, a estimé que chaque jour comptait : « Une semaine en plus, c’est au moins 2 millions de personnes vaccinées ». Selon ses estimations, au moins 30 millions de Français majeurs auront alors reçu au moins une dose de vaccin. Les deux tours feront l’objet de mesures de précaution supplémentaires. Un électeur pourra prendre deux procurations au lieu d’une et le gouvernement promet de suivre la recommandation du conseil scientifique de vacciner – ou à défaut tester- les membres des bureaux de vote. Ces 600.000 scrutateurs seront invités à se déclarer trois semaines avant le premier tour afin de bénéficier d’une vaccination prioritaire, a indiqué Jean Castex. En outre, toutes les communes sont invitées à étendre au maximum les horaires de vote, de 8h à 20h. Plus que le vote, c’est la campagne qui inquiète l’exécutif. Celle-ci devra « nécessairement être adaptée », a plaidé le chef du gouvernement. Un site Internet compilera les professions de foi des candidats et des débats télévisés opposeront les têtes de liste aux élections régionales « avant chacun des deux tours ». L’interdiction des meetings en intérieur comme en extérieur, prônée par le conseil scientifique, est « justifiée pour la période que nous connaissons », a jugé le Premier ministre. Une règle qui pourra être revue si la situation sanitaire s’améliore. Dès cette semaine, un décret devrait cependant permettre aux candidats et leurs équipes de s’affranchir de la règle des 10km pour faire campagne auprès de tous leurs électeurs.

À la tribune, les principaux groupes d’opposition ont approuvé le maintien du calendrier, non sans égratigner la méthode proposée. Sébastien Jumel (PCF) a fustigé un « simulacre de consultation », pointant les délais très courts imposés aux maires pour répondre- ils ont été prévenus le vendredi soir pour une réponse le lundi matin -, sans forcément leur laisser le temps de consulter leur conseil municipal.

Pire, pour le président du parti Les Républicains, Christian Jacob, il s’agit de « l’aveu d’une intention de manipulation électorale ». « Tout le monde sait que le président de la République souhaitait tordre le calendrier pour des intérêts personnels liés à sa propre réélection », a-t-il estimé. Bertrand Pancher (Libertés et Territoires) a lui aussi alimenté le soupçon d’arrière-pensées électorales au sommet de l’État :

Sur le fond du dossier, la seule voix discordante est venue des rangs de la majorité. Si La République en Marche a approuvé sans réserve le choix du gouvernement, le groupe MoDem s’est nettement opposé au maintien du calendrier. Le patron des députés centristes, Patrick Mignola, a craint « un risque de compétition vaccinale » : « On ne peut reporter l’éducation, la sécurité, l’approvisionnement des Français, les élections, si », a-t-il fait valoir. Il espère voir ses inquiétudes levées dans les prochaines semaines : À gauche, Olivier Faure (PS) a estimé que « rien ne devrait conduire à reporter un rendez-vous démocratique », tandis qu’Adrien Quatennens a annoncé le refus des députés LFI de prendre part au vote, « refusant d’être instrumentalisés ». Le débat a été l’occasion pour les représentants des groupes politiques de formuler des propositions non seulement pour les élections de juin mais aussi pour la vie démocratique en général. Le député et délégué général de LaREM, Stanislas Guérini, a souhaité la mise en place du « vote par Internet » pour l’ensemble des élections « dès le prochain quinquennat ». « Pour plus de civisme, il faut octroyer le vote par correspondance », a proposé de son côté Patrick Mignola. Il a dit douter de voir les électeurs au rendez-vous alors que l’heure sera a priori au déconfinement, et ce alors que Jean Castex espère au contraire « le plus haut taux de participation possible ». De son côté, La France insoumise propose que des masques gratuits soit mis à disposition à l’entrée des bureaux de vote ainsi qu’un vote matin et après-midi en fonction de l’ordre alphabétique du patronyme des électeurs. Bertrand Pancher a suggéré un renforcement de la campagne sur le service public audiovisuel et l’appel à une « réserve citoyenne » de personnes vaccinées pour la tenue des bureaux de vote. Christian Jacob, qui a aussi approuvé la vaccination des assesseurs, a appelé à faire campagne en utilisant « les moyens modernes de communication ». Une solution qui a ses limites pour Sébastien Jumel, qui refuse les « candidats Zoom » alors qu’une campagne « c’est rencontrer les habitants et aller sur les marchés en responsabilité ». (RFI/LCP)

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