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L’Iran dévoile une nouvelle «ville de missiles» souterraine

(Rome, Paris, 15 mars 2021). L’Iran a présenté à la presse une nouvelle base militaire souterraine équipée de missiles de croisière et de missiles antinavires balistiques, ainsi que du matériel de guerre électronique. La base, dont l’emplacement est actuellement inconnu, est exploitée par « l’Irgc », les gardes de la révolution islamique mieux connus sous le nom de Pasdaran.

Des images diffusées par les chaînes de propagande iraniennes montrent des rangées de missiles dans leurs cartouches dans un dépôt aux murs de béton, ainsi que des systèmes de lancement mobiles déployés à l’extérieur accompagnés d’un certain nombre de systèmes électroniques, probablement pour les guider mais aussi pour mener à bien la guerre électronique. La base de missiles a été inaugurée lors d’une cérémonie en présence du commandant en chef de « l’Irgc », le général Hossein Salami, et du commandant de la marine de « l’Irgc », le contre-amiral Ali Reza Tangsiri, ainsi que de nombreux autres officiers supérieurs.

Selon la propagande de Téhéran, le nouvel équipement augmente les capacités de la marine de Pasdaran en termes de précision, de niveau de dégâts infligés, de portée et de capacités de guerre électronique. Alireza Tangsiri a également rapporté que l’Iran a désormais la capacité de détecter les signaux électroniques ennemis, y compris les systèmes de radar et de reconnaissance, capable de brouiller (perturbation du signal) et d’usurper (simulation de signaux). « Ce que nous voyons aujourd’hui est une petite partie de la grande capacité de missiles en expansion des forces navales des Gardiens de la Révolution », a souligné le commandant du Pasdaran, comme l’a également rapporté l’Agence (italienne) Nova.

L’année dernière, la construction d’une série de villes de missiles souterraines le long de la côte ont été repérés. Au moins l’un d’entre eux avait été dévoilé en novembre lorsque des images d’un site de stockage et de lancement de missiles balistiques ont circulé. A cette période, l’information que le régime des Ayatollah disposait d’installations souterraines destinées à stocker et à lancer ses propres missiles n’était pas du tout une nouvelle fraiche: la reconnaissance par satellite en avait identifié certains, dont celui de Khojir, à l’est de la capitale, et celui de l’Imam Ali, dans la partie ouest du pays. Le contre-amiral Tangsiri a révélé dans une interview en juillet dernier que l’Iran avait construit de nombreuses «villes de missiles» décentralisées et des groupes de silos souterrains, situés le long des côtes du golfe d’Oman et du golfe Persique, avec des missiles antinavires prêts à être lancés.

Aujourd’hui, nous avons également eu l’occasion de «jeter un œil» à l’intérieur d’une base souterraine équipée de divers types de missiles antinavires. En fait, d’après les images qui nous sont parvenues, il a été possible de reconnaître une série d’au moins 170 missiles de croisière de type Nasr-1 à courte portée et de type Qader à moyenne/longue portée à l’intérieur de la structure. Dans les images externes, en plus des lanceurs des mêmes porte-avions, il était possible d’en reconnaître d’autres, avec une cartouche différente, très probablement capables de lancer le nouveau missile balistique anti-navire Fateh Moubeen que l’Iran a dévoilé et testé en 2018.

On attribue au Nasr-1 une portée d’environ 35 kilomètres et, selon Téhéran, il a la capacité de détruire des cibles navales de 1.500 tonnes considérées comme petits navires de guerre. Le missile Nasr-1 peut être lancé depuis les navires et il est en cours de modification pour être lancé à partir d’hélicoptères et de sous-marins.

En décembre 2008, la marine iranienne a testé avec succès la version sol-sol du Nasr-1 lors de la phase finale de l’exercice «Unity 87» qui s’est déroulé dans les eaux du golfe. Après le lancement réussi, le 7 mars 2010, le ministre iranien de la Défense a annoncé le démarrage de la ligne de production de la série de missiles.

Le missile Qader appartient plutôt à la famille Noor. Plus grand que le Nasr-1, il a une autonomie de 200/300 kilomètres. Ce vecteur peut également être lancé à partir de systèmes terrestres ou navals et a également été vu monté sur un avion iranien F-4 Phantom.

Une version du Qader, en 2019, a été lancée avec succès depuis un sous-marin. Un bateau de la marine iranienne, le Fateh qui donne son nom à la classe homonyme, a effectué plusieurs lancements de ce porte-avions en février de la même année. Il est très probable que d’autres systèmes de missiles soient également présents dans la base comme le Zafar et le Nasir, ce dernier dévoilé récemment (en 2017) et dont on ne sait pas grand-chose sauf comme le rapporte la propagande iranienne, c’est qu’il a une vitesse de croisière élevée, une basse altitude de vol, une grande précision et une capacité antibrouillage grâce à son radar avancé.

De toute évidence, ce qui est publié à partir de sources officielles, ainsi que ce qui peut être couramment lu sur d’autres sources d’accès commun, manque de pertinence, par conséquent, en ce qui concerne les missiles, on ne peut que faire des estimations: en fonction de la taille par exemple, et connaissant exactement la portée d’un modèle similaire mais antérieur, il est possible de calculer le rayon d’action d’un nouveau vecteur.

Pour en revenir à la vidéo, ou plutôt «aux vidéos» qui nous sont parvenues entre novembre et aujourd’hui, ce n’est pas tant le fait que Téhéran ait déployé de nouveaux systèmes de missiles qui est impressionnant, mais plutôt leur nombre. Évidemment, ils devraient encore passer le « test du feu » pour tester leur efficacité, mais une attaque par des missiles de croisière et des missiles balistiques antinavires, bien qu’ils ne soient pas équipés des dernières technologies électroniques occidentales, pourraient constituer un gros problème pour un groupe naval adverse.

Paolo Mauri. (Inside Over)

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