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L’Arménie veut plus de militaires russes sur son territoire

(Rome le 23 février 2021). La révolution de velours de Nikol Pashinyan a pris fin officiellement le soir du 9 novembre, date à laquelle l’accord de cessez-le-feu qui a scellé la victoire de l’Azerbaïdjan dans la deuxième guerre du Haut-Karabakh a été signé.

Le Premier ministre arménien a été contraint d’accepter le nouveau statu quo et de prendre des précautions afin d’éviter une fin prématurée de son mandat. Il se retrouve dans la tourmente, contrée par une opposition aspirant à son remplacement et témoin de l’inconstance d’alliés tels que la France, et voit dans le renforcement des relations avec le Kremlin la seule solution capable de protéger simultanément sa personne et la sécurité nationale de l’Arménie.

La base de Gyumri

La ville de Gyumri, située près de la frontière avec la Turquie, abrite une base militaire russe qui a fonctionné sans interruption depuis 1941. La structure, qui abrite environ trois mille soldats, a été construite à la demande de Staline dans le but de lutter contre une éventuelle invasion de la Russie depuis le Caucase du Sud et a poursuivi des activités même après la guerre froide.

Pashinyan, bien qu’il ait lutté contre l’entrée d’Erevan dans l’Union économique eurasienne et œuvré au renforcement des relations avec l’Union européenne, les États-Unis et l’Alliance atlantique, n’a jamais remis en question l’existence et l’utilité de la base qui, malgré les désaccords avec le Kremlin et de certains incidents impliquant les soldats qui y sont stationnés renforce considérablement le cadre de la sécurité nationale arménienne.

L’objectif de Pashinyan: la moderniser

La deuxième guerre du Haut-Karabakh a rouvert le débat sur la pertinence actuelle de la base, dont le nom officiel est la 102e base militaire russe (102-я российская военная база), et sur sa modernisation à des fins de dissuasion. Selon ce qui a été communiqué le 22 février par Vagharshak Harutiunyan, locataire du ministère arménien de la Défense, « la question de l’extension et du renforcement de la base militaire russe sur le territoire de la république arménienne est à l’ordre du jour ».

Harutiunyan, qui s’est exprimé sur le sujet lors d’une interview à l’agence de presse russe Spoutnik, a déclaré que «les autorités d’Erevan se sont toujours intéressées à cela (élargissement, ndlr) pour la simple raison que la base est entièrement incluse dans le Groupe des forces communes, arméniennes et russes ». En outre, a poursuivi le ministre, « l’extension des capacités de la base entraînerait automatiquement une augmentation du potentiel du groupe mixte opérant sur une base bilatérale dans le Caucase ».

En résumé, l’exécutif arménien pense que le renforcement de la structure pourrait bénéficier à la fois à Erevan et à Moscou, garantissant à ce dernier une plus grande projection des forces dans la région. Le Kremlin, qui ne s’est pas encore exprimé sur la question, a été informé du desideratum du gouvernement Pashinyan et, selon Harutiunyan, il aurait eu une réaction positive.

Pas seulement Gyumri

Au cours de l’entretien, Harutiunyan a évoqué les relations avec la Russie et les négociations en cours pour élargir la collaboration bilatérale dans le domaine militaire, de la création d’associations temporaires pour la production d’armes à la « création et extension du réseau de centres régionaux certifiés, pour l’entretien et la modernisation des armements et du matériel militaire ».

Les plans pour la base de Gyumri et les offres attractives pour l’expansion de la coopération bilatérale espérés pour un retour à des niveaux historiques de haute qualité, ont un dénominateur commun: le repositionnement d’Erevan en direction de Moscou; un renversement de tendance devenu nécessaire et obligatoire en raison de la défaite de la seconde guerre du Haut-Karabakh, de la consécration conséquente de Bakou comme première puissance du Caucase du Sud et de la prise de conscience de l’inconstance de l’Occident.

Emanuel Pietrobon. (Inside Over)

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