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Le Liban et l’utilisation disproportionnée des armes françaises pour réprimer les manifestations

(Rome le 02 février 2021). Un rapport d’Amnesty International a dénoncé le rôle honteux joué par la France, à travers les fournitures militaires, dans la répression des manifestations au Liban.

Du 17 octobre il y a moins de deux ans jusqu’au confinement en mars 2020, le Liban a été traversé par des manifestations géantes contre la hausse des prix, le chômage, la corruption de la classe politique et l’effondrement des services publics.

Au cours de cette période, les forces de sécurité libanaises ont blessé au moins 1.000 manifestants à l’aide de véhicules blindés Arquus Sherpa de fabrication française et d’armes dites « moins que létales » de fabrication française: balles en caoutchouc (SAPL Gomm-Cogne), grenades contenant des gaz lacrymogènes (Nobel Sport Sécurité MP7, Alsetex CM4 et CM6) et lance-grenades (Alsetex Land Cougar 12, Alsetex Chouka).

L’utilisation de ces armes était disproportionnée : des balles en caoutchouc ont explosé d’une façon aléatoire contre la foule, d’énormes quantités de gaz lacrymogène utilisées pour disperser des manifestations pacifiques, des grenades visant la tête et la poitrine de personnes qui ne posaient aucune menace.

Le 18 janvier 2020 à Beyrouth, par exemple, plus de 400 manifestants ont été blessés, dont trois aux yeux, par des balles en caoutchouc SAPL Gomm-Cogne qui ont explosé à distance très proche.

Dans les 12 mois qui ont suivi les manifestations, plus de 40 plaintes ont été déposées au nom de manifestants blessés. Dans de nombreux cas, les enquêtes ont été ouvertes et immédiatement clôturées, dans d’autres confiées à la justice militaire qui n’a manifestement aucun intérêt à enquêter sur les forces armées. L’impunité règne en maître dans le pays.

Le même équipement a été utilisé par les forces de sécurité le 8 août lorsque, deux jours seulement après la visite du président français Macron à Beyrouth, des milliers de personnes sont descendues dans la rue exigeant des peines contre les responsables de la terrible explosion qui s’est produite au début du même mois dans le port de la capitale Beyrouth.

Riccardo Noury. (il Fatto Quotidiano)

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