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Les experts de l’OMS sur le marché de Wuhan (mais sous escorte de la police chinoise)

(Rome le 31 janvier 2021). L’Organisation mondiale de la santé a déjà ralentit l’espoir de trouver des éléments décisifs sur les racines de la pandémie qui a choqué le monde et porté un coup très dur à l’économie mondiale.

L’équipe d’experts envoyée par l’OMS à Wuhan pour enquêter sur les origines de la pandémie de Covid-19 s’est rendue aujourd’hui sur le marché des animaux vivants où le virus est censé être passé de l’animal à l’humain. Les spécialistes sont entrés dans le complexe, qui était fermé depuis un an, escortés par les forces de sécurité, qui ont renvoyé les reporters intervenus sur place.

C’est le troisième jour de la mission de l’OMS, dont le calendrier reste opaque. Les rares sources d’information sur le sujet sont les communiqués de presse de l’OMS et les messages rédigés sur les réseaux sociaux par les membres de l’équipe, qui ont mis fin jeudi dernier à la quarantaine de 14 jours et refusent, même pour des raisons de force majeure, de répondre aux questions des journalistes.

Les médias chinois consacrent très peu d’espace à la présence d’experts de l’ONU et Pékin tente de minimiser au maximum la portée de la mission. «Ce n’est pas une enquête», a déclaré vendredi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Zhao Lijian. Le «Global Times», organe anglophone du Parti communiste, cite des «enquêtes successives» selon lesquelles le marché n’était pas à l’origine de la contagion.

L’OMS a déjà «refroidi» les attentes de trouver des éléments décisifs sur les racines de la pandémie qui a choqué le monde et porté un coup très dur à l’économie mondiale. En fait, il semble difficile pour les experts de collecter des éléments vraiment significatifs, à la lumière de la ferme volonté de Pékin de poursuivre un récit triomphaliste, avec un décompte officiel de 4636 décès et même pas de 90.000 cas, et de nier d’éventuelles responsabilités ou échecs.

Le deuxième jour de la mission s’est en effet déroulé sous la bannière de la propagande. Après une visite au premier hôpital Covid de Wuhan, sur lequel la délégation de l’OMS savait très peu, des experts internationaux ont été conduits à l’exposition avec laquelle le Parti communiste a rendu hommage aux personnels de santé chinois qui ont lutté contre le virus. Les visiteurs ont été accueillis par des dizaines de mannequins en salopette d’infirmière et une mer de drapeaux rouges. D’immenses portraits du président, Xi Jinping, dominaient les couloirs, tandis que des panneaux plus petits rendaient hommage à la mémoire des médecins et infirmières tués par le coronavirus.

Une chronologie a retracé les étapes de la lutte de Xi contre la pandémie. Les lits métalliques rappelaient les hôpitaux de campagne qui avaient été construits en quelques jours pour accueillir des milliers de patients et alléger la pression sur les établissements de santé. Lorsqu’ils ont quitté l’exposition, les enquêteurs de l’OMS n’ont fait aucune déclaration à la presse.

On en sait peu sur les prochaines étapes de la mission. Michael Ryan, le directeur des opérations d’urgence de l’OMS, est resté vague lors de sa rencontre avec les journalistes vendredi dernier, se limitant à parler d’un «calendrier très, très exigeant». La seule chose sûre est que l’une des prochaines étapes est l’institut de virologie de Wuhan dont, selon l’administration américaine précédente, le virus aurait pu émerger à la suite d’un accident, une possibilité que Pékin nie fermement.

(AGI).

(Photo: l’arrivée des experts de l’OMS au marché des animaux de Wuhan. Koki Kataoka/Yomiuri/The Yomiuri Shimbun via AFP-AGI)

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