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France-Liban (suite): Emmanuel Macron organise malgré tout une nouvelle conférence internationale

Le président français copréside ce mercredi avec le secrétaire général de l’ONU une visioconférence destinée à faire le bilan de l’aide apportée au Liban. Mais aucune des mesures de la feuille de route pour des réformes n’a été initiée.

Emmanuel Macron ne lâche pas l’affaire du Liban. Il copréside ce mercredi avec le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, une nouvelle visioconférence de «soutien à la population libanaise». Vingt-sept pays, dont douze au niveau des chefs d’Etat ou de gouvernement, et une dizaine d’organisations internationales participent à cette réunion destinée à faire le bilan de l’aide apportée au Liban et le point sur les nouveaux besoins urgents. Prévue au départ pour la mi-octobre, cette deuxième conférence des donateurs fait suite à celle du 9 août tenue dans l’émotion, quelques jours après l’explosion dans le port de Beyrouth, qui avait rassemblé une aide de 250 millions d’euros. Mais c’est peu dire que le calendrier esquissé par Emmanuel Macron dans sa feuille de route pour sauver le Liban du désastre a été bousculée depuis sa dernière visite le 1er septembre.

Gouffre

«Rien n’a été fait depuis. C’est le moins qu’on puisse dire. Aucune des mesures sur lesquelles se sont engagés les dirigeants libanais n’est mise en œuvre. Même pas un début de commencement de mise en œuvre», reconnait-on à l’Elysée, et ce sur tous les plans – «le Covid, l’énergie, la justice, la reprise de négociations avec le FMI, l’audit de la Banque centrale, etc.» La faute tout d’abord à l’absence d’un gouvernement crédible qui aurait dû être en place à la mi-septembre selon le plan Macron et qui n’est toujours pas composé aujourd’hui. Ce constat amer mais lucide n’empêche pas la détermination du Président à «tenir ses engagements» envers les Libanais, répète-t-on à l’Elysée, où l’on considère que «la feuille de route reste valable». Une ténacité non récompensée ni même considérée par des dirigeants politiques libanais qui n’ont ni les capacités ni la volonté de sortir leur pays du gouffre dans lequel ils l’ont précipité.

«Une dépression délibérée», pour reprendre le titre du rapport accablant de la Banque mondiale publié mardi. L’institution internationale fustige l’incapacité des dirigeants à s’entendre sur «une action politique efficace». Comme Emmanuel Macron, elle les invite sans délai «à la formation d’un gouvernement doté d’une logique de réformes pour appliquer urgemment un plan de réformes global». Le produit intérieur brut du Liban devrait reculer de 19,2% cette année après une contraction de 6,7% en 2019, et la dette devrait représenter l’an prochain 194% du PIB, selon l’institution. Dans le même temps, «le capital humain libanais» s’épuise, souligne la Banque mondiale, «les cerveaux s’expatrient tandis que le lourd fardeau de l’ajustement financier est particulièrement porté par les petits déposants, la main-d’œuvre locale payée en livres libanaises et les petites entreprises». En conséquence, «la pauvreté continuera vraisemblablement de s’aggraver, touchant plus de la moitié de la population».

Mais s’il se révèle impossible de convaincre les dirigeants libanais de ces réalités, des sanctions comme celles prises par les Etats-Unis contre certains d’entre eux ne sont pas envisagées par Paris. «Elles n’ont pas changé la donne», relève l’Elysée. Une remarque mise en avant par la presse libanaise qui souligne que la France juge les sanctions contre les hommes politiques «inefficaces». En attendant, il s’agit d’assurer une aide d’urgence à la population libanaise, en continuant de mobiliser la communauté internationale, comme avec la conférence de ce mercredi avec l’ONU. (Libération)

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