Liban: Hariri de nouveau premier ministre, promet de former un exécutif d’experts dans le respect de l’initiative française

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La nomination de Saad Hariri, qui a déjà dirigé trois gouvernements, intervient en effet dans un contexte de profonde crise au Liban, encore traumatisé par l’explosion du 4 août qui a fait plus de 200 morts et des milliers de blessés. Hariri a réitéré son « engagement à enrayer la détérioration (de l’économie du pays), à reconstruire Beyrouth après l’explosion du 4 août dans le port de la capitale et à accélérer la formation du gouvernement ». Lors des consultations contraignantes d’aujourd’hui, Hariri a obtenu la préférence de 65 députés sur 118. Le nombre total de députés libanais est de 128, mais huit ont démissionné ces derniers mois. Il a une nouvelle fois été désigné premier ministre jeudi 22 octobre. Il promet un gouvernement d’experts pour enrayer l’effondrement économique, dans un pays qui attend désespérément des réformes toujours boudées par les dirigeants. Ironie du sort, Saad Hariri avait démissionné il y a un an quasiment jour pour jour sous la pression d’un soulèvement populaire inédit. Celui-ci s’était déclenché contre les manquements d’une classe politique quasi inchangée depuis des décennies, accusée de corruption et d’incompétence.

Peu après sa désignation par le président Michel Aoun à l’issue de consultations parlementaires, l’homme d’affaires de 50 ans a promis de former « rapidement » un gouvernement dont les membres ne seront pas issus de partis politiques. « Le temps presse (…) le pays est confronté à son unique et dernière chance », a lancé Saad Hariri dans une brève allocution télévisée, s’engageant auprès des Libanais « à œuvrer pour stopper l’effondrement » qui menace l’économie. Le nouveau chef du gouvernement souhaite mener des « réformes économiques, financières et administratives » en accord avec « l’initiative française ». Venu à deux reprises au Liban après l’explosion meurtrière du 4 août au port de Beyrouth, le président français Emmanuel Macron, avait lancé une initiative pour une sortie de crise, réclamant un gouvernement « d’indépendants ».

Saad Hariri, qui a déjà dirigé trois gouvernements, a obtenu l’appui de la plupart des députés sunnites et de la formation du chef druze, Walid Joumblatt. Le bloc du Hezbollah, poids lourd de la politique libanaise, n’a pas émis de préférence mais son principal allié, le mouvement Amal, a soutenu la désignation de Saad Hariri, laissant croire à un accord tacite du Hezbollah chiite. Hariri n’a pas obtenu le soutien des principales composantes chrétiennes, à savoir les députés du Courant patriotique libre – le parti chrétien maronite fondé par Michel Aoun et actuellement hérité et dirigé par son gendre l’ancien ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil – et les souverainistes des Forces libanaises de Samir Geagea. Enfin, l’allié chiite du courant patriotique libre Hezbollah s’est abstenu afin de ne pas entrer en conflit avec le parti de Bassil.

Les défis auxquels le nouveau gouvernement sera confronté sont colossaux. La communauté internationale attend notamment qu’il entreprenne de vastes réformes avant de débloquer des aides financières vitales. La nomination de Saad Hariri intervient en effet dans un contexte de profonde crise au Liban, encore traumatisé par l’explosion du 4 août qui a fait plus de 200 morts et des milliers de blessés. De l’aveu même des autorités, l’explosion a eu lieu dans un entrepôt où était stockée depuis plus de six ans et « sans mesures de précaution » une énorme quantité de nitrate d’ammonium. Le gouvernement actuel de Hassan Diab avait démissionné dans la foulée de cette tragédie. Un an plus tôt, le pays avait été le théâtre d’un soulèvement populaire réclamant le renouvellement de la classe politique, des services publics dignes de ce nom dans un pays abonnés aux coupures d’électricité quotidiennes, et une amélioration de la situation économique, qui n’a fait qu’empirer en un an. (Nova/La Croix/Sources)