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Arabie saoudite: Islam, politique et sexe font bon ménage.

Selon le quotidien « Al-Quds Al-Arabi », une jeune saoudienne a provoqué une vive polémique en Arabie saoudite, et au-delà, dans le monde musulman, après avoir publié sur Twitter des messages qualifiés « d’attentatoires pour l’islam et le Prophète ».

En effet, la jeune Amal Bent Noura Al-Asmari a publié une courte vidéo sur le réseau social pour exprimer son opposition à la fermeture des commerces pendant la prière, en affirmant s’attendre à l’abrogation en 2020 de cette mesure très préjudiciable aux commerçants, obligés de suspendre leurs activités jusqu’à quatre heures par jour (pendant les heures des cinq prières quotidiennes).

Le tweet d’Al-Asmari a suscité de nombreuses réponses virulentes d’internautes radicalisés, qui n’ont pas hésité à la menacer. D’autant plus que la jeune fille a laissé planer le doute sur son athéisme. A un internaute qui a répondu que « le Coran et la Sunna ont interdit le commerce pendant la prière, et toi tu t’attribues le droit de t’y opposer », Al-Asmari a eu le courage de riposter: « Mais qui te dit que je crois en ton Coran qui appelle au meurtre, à la polygamie et à la maltraitance des femmes? Qui te dit que je crois en ton Prophète qui a violé Safiya, et qui a tué son père, son frère et son mari dans une seule journée? »

Cette réponse cinglante a valu à Al-Asmari les pires menaces. Saad Bin Moad a par exemple écrit: « Ne nous étonnons pas qu’un journal français impie s’en prenne à notre Prophète (Charlie hebdo, NDLR) alors que parmi nous se trouvent des ceux qui critiquent notre religion et notre Prophète en toute quiétude. Nous réclamons que cette renégate soit le plus sévèrement sanctionnée. Car la religion est une ligne rouge à ne pas franchir ».

Une autre polémique touche la sphère politique saoudienne et plus particulièrement le prince héritier Mohammed Ben Salmane (MBS). Le directeur exécutif de Netflix, Reed Hastings, a en effet révélé dans une interview à CNN, que « l’Arabie saoudite a autorisé l’accès de ses citoyens aux films pornographiques, aux émissions d’éducation sexuelle et à celles mettant en valeur l’homosexualité, proposés par Netflix, en contrepartie de l’annulation de la diffusion de documentaires compromettants pour MBS et relatifs à l’assassinat du journaliste opposant Jamal khashoggi ».

Même dans le royaume wahhabite, qui abrite les Lieux Saints de l’Islam, la politique fait bon ménage avec le sexe et la religion. De plus en plus de Saoudiens avouent discrètement que « ce ménage à trois a toujours existé, y compris pendant les années les plus obscurantistes ». Mais, ajoutent-ils, « malgré la volonté de MBS de lutter contre le radicalisme religieux, le risque de le voir sévir contre Amal Bent Noura Al-Asmari est grand. Il pourrait la sacrifier pour satisfaire les barbus. Et ceux-ci pourront continuer à prier et à alterner les cinq prières quotidiennes et le porno sur Netflix ».

 Lea P.

 

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