Nouvelles révélations sur l’explosion du Port de Beyrouth. Les langues se délient et dénoncent les tunnels du Hezbollah.

2
5018

(Rome, Beyrouth, 12 août 2020) Dans une contribution sur les réseaux sociaux, Roger Eddé, un homme politique libanais, fait des révélations croustillantes concernant les produits stockés dans le hangar 12 du Port. Il croit en effet savoir qu’il n’y avait pas que du nitrate d’ammonium, mais aussi des munitions, des explosifs et des missiles fournis par l’Iran. Eddé affirme que les Gardiens de la Révolution iranienne envoient des cargaisons d’armes et de munitions depuis Tabriz, dans le nord-ouest de l’Iran, à travers l’Azerbaïdjan, vers la Géorgie. La marchandise est embarqué ensuite depuis le port de Batumi sur la Mer noire et acheminé vers le port de Beyrouth grâce à Shahpour Hazzi, un homme d’affaires russe d’origine iranienne, proche des Mollahs, basé en Géorgie. Avec ses multiples sociétés écrans, il parvient à déjouer les contrôles qui visent les mouvements suspects d’argents et d’armes. Selon cette version, le Hezbollah aurait récemment reçu de nouvelles armes puissantes, qui seraient à l’origine de la catastrophe de Beyrouth. Mais Eddé ne s’aventure pas à évoquer les raisons de l’explosion: sabotage interne ou bombardement, ou encore accident.

En tout état de cause, plusieurs médias libanais relatent la colère qui s’est emparée des habitants de Choueifat, une bourgade considérée comme la porte de la Montagne du Chouf et qui jouxte l’aéroport international de Beyrouth. En effet, depuis la destruction de la façade maritime de la capitale par l’explosion du Port, que les habitants attribuent à un stock de missiles et de munitions du Hezbollah, de plus en plus de Libanais redoutent de nouvelles explosions qui pourraient toucher les autres entrepôts clandestins du Parti.

A Choueifat, les habitants affirment que le Parti a stocké d’importantes quantités d’armes et de munitions, dont des missiles de longue portée, sous la mosquée de Bechamoun notamment, plus au sud. Il a aussi développé un réseau de tunnels reliant la Banlieue sud de Beyrouth au village de Qmatiyé, dans la montagne, en passant par Choueifat et Bechamoun (Qmatiyé est une localité à majorité chiite, située dans une zone à domination druze, dans le département d’Aley). Ces tunnels existaient déjà en 2008, affirment les habitants, selon lesquels la milice du Hezbollah les avait utilisés lors de la Razzia de Beyrouth et de la Montagne (8-11 mai 2008). Mais, affirme-t-on à Choueifat, le Hezbollah a beaucoup développé ce réseau souterrain dans tous les sens. Il l’utilise surtout pour les déplacements de Hassan Nasrallah. Selon des experts militaires, ces tunnels n’ont aucun intérêt stratégique ou tactique pour le Hezbollah, dans ses affrontements avec Israël, contrairement aux tunnels creusés sous la frontière, déocuverts et détruits par Tsahal. Si les Tunnels à Beyrouth et dans sa région peuvent servir au Hezbollah pour transporter la drogue et les armes, ils lui seront surtout utile pour atteindre son objectif de contrôler tout le Liban par les armes sans devoir mener des batailles frontales. Grâce à ses tunnels, il peut déployer ses miliciens dans les régions adverses en toute discrétion pour les occuper par surprise.

Paolo S.