Roma (19 mars 2020). Le Gouvernement d’Union Nationale (GUN) de Tripoli a accusé, hier le régime syrien, l’Iran, le Hezbollah et la société de sécurité russe Wagner, d’importer le Coronavirus en Libye. En effet, selon Tripoli, « plusieurs vols de la compagnie syrienne Cham Wings, détenue par le cousin de Bachar Al-Assad, ont acheminé ces derniers jours des combattants syriens, des membres du Hezbollah, des membres des Gardiens de la Révolution iranienne, et des experts et des mercenaires de Wagner vers Benghazi pour soutenir les forces du maréchal Khalifa Haftar. »
Tripoli précise que ces vols ont été assurés par Cham Wings qui dispose d’un bureau commercial à Benghazi utilisé comme une vitrine commercial mais qui sert de bureau de liaison militaire. Pourtant, Cham Wings fait partie des entreprises syriennes visées par des sanctions occidentales, notamment américaines. Tripoli met en garde contre la propagation du Coronavirus à travers ces mercenaires, puisque le Covid-19 fait des ravages en Syrie et précisément dans les rangs des miliciens chiites iraniens.
Rappelons que Benghazi et Damas ont récemment échangé des ambassades et, selon des opposants syriens, « les deux parties font front commun contre l’influence turque en Syrie et en Libye », après l’incursion de l’armée turque à Idlib dans le cadre de l’opération « Bouclier du printemps », deux ans après l’invasion de l’enclave kurde d’Ifrin, et après l’envoi par Ankara d’armes, d’experts et de mercenaires pour soutenir Tripoli face à Haftar.
Pour nos interlocuteurs, « il n’est pas étonnant que le régime syrien envoie des mercenaires potentiellement porteurs du Covid-19. D’une part il s’en débarrasse pour continuer à dire que la Syrie n’est pas infectée, et d’autre part, il fait diversion pour affaiblir la Turquie sur le front libyen. » Toutefois, les Syriens s’interrogent comment la Russie et la Turquie collaborent ensemble dans le dossier syrien, au moins pour éviter la confrontation à grande échelle, et s’affrontent par alliés interposés en Libye. En tout état de cause, la Libye est appelée à devenir un nouveau foyer du Coronavirus alors que, déchirée par la guerre civile depuis 2011, elle ne dispose pas de moyens sanitaires et de structures médicales pour faire face à ce virus.
Magdi W.