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Engagé à Idlib, le Hezbollah perd son image de Résistant pour celle de Mercenaire

Rome, samedi 29 février 2020 (18h45 GMT) La guerre des communiqué entre Ankara et Damas bat son plein au détriment de la réalité sur le terrain et de la sécurité des civils qui en paient le plus lourd tribut. L’armée turque affirme en effet, ce samedi 29 février 2020, avoir détruit une usine d’armes chimiques du régime syrien située au sud-est d’Alep, dans un bombardement aérien et terrestre en riposte à la mort de plusieurs militaires turcs dans les bombardements russes et syriens et dans des combats avec le Hezbollah autour de la ville stratégique de Saraqib. De son côté, le Hezbollah affirme avoir engagé ses unités d’élite dans des combats de corps à corps avec l’armée turque.

Selon l’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme (OSDH), l’armée turque a effectivement bombardé des installations du régime au sud et à l’est d’Alep, dont un aéroport militaire, mais aucune usine d’armes chimiques n’y a été touchée. L’OSDH précise qu’au moins quatre combattants du Hezbollah ont péri dans les combats à Saraqib. L’armée turque a aussi bombardé une salle d’opérations de l’armée du régime et tué plusieurs officiers syriens ainsi que des responsables du Hezbollah.

De leur côté, les médias du Hezbollah affirment que « les combattants du Parti de Dieu ont détruit plusieurs véhicules de l’armée turque dans ces combats rapprochés, et tué des dizaines de ses militaires grâce à des missiles antichars. Les cadavres turcs n’ont pu être retirés des véhicules en feu. »

Dans cette guerre des communiqués, chaque partie tente de minimiser ses pertes et de gonfler celles de l’adversaire. Mais sur les réseaux sociaux, les commentaires sont nombreux à déplorer le sort oublié des civils, pourchassés par le régime terroriste de Damas, bombardés par les Russes, poursuivis par le Hezbollah et les milices iraniennes, et bloqués par la Turquie à la frontière ou exploités pour accentuer la pression sur l’Europe.

Au Liban, plusieurs commentateurs estiment que « la milice libanaise, aux ordres de Téhéran, s’est transformée en un groupe de mercenaires. » Le Parti de Dieu avait convaincu sa base populaire de la nécessité d’intervenir en Syrie pour défendre les lieux saints chiites, dans la banlieue de Damas, et pour protéger la frontière face aux incursions des terroristes sunnites. Aujourd’hui, comment peut-il justifier sa présence en force et son engagement à Alep et à Idlib? De plus en plus de voix s’élèvent, y compris au sein de la communauté chiite, pour dénoncer cette ingérence injustifiée qui saigne le parti et en donne l’image d’un groupe de mercenaires qui intervient à l’étranger en fonction des intérêts de l’Iran, au détriment des intérêts et de l’image du Liban. Les Libanais déplorent en effet le comportement belliqueux du Hezbollah en Arabie saoudite, au Koweït, à Bahreïn et son engagement au Yémen, en Irak et en Syrie. Ce qui se répercute par une dégradation des relations avec ces pays, principaux soutiens financiers du Liban et qui hébergent une forte communauté libanaise. En guise de représailles, ces pays sont de moins en moins accueillant et certains ont déjà expulsé des travailleurs libanais. Le comportement du Hezbollah vaut également au Pays du Cèdre des sanctions occidentales qui ne cessent de se renforcer. Les Etats-Unis s’apprêtent à les étendre à des hommes politiques alliés au Parti de Dieu.

Magdi W.

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