Le recteur de la Grande Mosquée de Paris a fait part de sa « stupéfaction » mardi 5 mai, au lendemain de l’annonce par le gouvernement d’une possible reprise des cérémonies religieuses dès le 29 mai, et non le 2 juin comme cela avait d’abord été évoqué. Pour lui, cette décision pénalise les musulmans, qui ne pourront pas fêter l’Aïd le 24 mai.
Dans un communiqué d’une rare fermeté, le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz, menace d’attaquer le gouvernement en justice si le projet de reprise des cultes – comme annoncé par Edouard Philippe devant le Sénat le 4 mai – intervenait pour le grand week-end de la Pentecôte, donc au plus tôt le 29 mai.
Le Recteur Maître Hafiz demande en effet, «instamment aux pouvoirs publics» que la date de reprise des cultes soit donc avancée au 24 mai, c’est-à-dire, à la fin du Ramadan et sa fête de l’Aïd. Sans quoi, explique le recteur qui est aussi avocat de métier, ce serait «un fait grave de discrimination manifeste» car «la fête de l’Aïd qui clôture le mois sacré du Ramadan est aussi importante que la pentecôte juive ou chrétienne». Il se dit prêt «d’user de tous les moyens légaux pour défendre les intérêts moraux des musulmans de France». Avec la «possibilité d’une saisine des juridictions compétentes». « Si nous tenons à exprimer aujourd’hui notre stupéfaction et notre déception, c’est en raison de revirements inexpliqués opérés par l’exécutif, qui annonce l’éventualité de célébration d’offices religieux au sein des lieux de culte avant la date prévue, soit dès le 29 mai, pour permettre l’organisation de cérémonies religieuses liées aux fêtes juive et chrétienne de la Pentecôte ». Si cette décision était prise prévient-il «elle installerait de fait une inégalité entre les citoyens» en «excluant de facto le culte musulman». Et «les musulmans, liés à la Fédération nationale de la Grande Mosquée de Paris (GMP), que j’ai l’honneur de représenter, ne comprendraient pas cette mesure inique du « deux poids deux mesures », la fête de l’Aïd n’étant séparée de la Pentecôte juive et chrétienne que de quatre jours». (Médias)