(Rome, 05 décembre 2025). Cinq drones non identifiés ont survolé hier soir la base stratégique de l’Île Longue, près de Brest, provoquant une riposte immédiate de l’artillerie française. Cet incident, survenu au cœur de l’un des sites les plus sensibles de la dissuasion nucléaire française, ravive les inquiétudes liées aux opérations de guerre hybride et aux survols suspects qui se multiplient en Europe. Une enquête militaire est en cours pour déterminer l’origine de ces appareils
La nuit dernière, cinq drones non identifiés ont survolé la base navale française de l’Île Longue, installation militaire dominant le port de Brest, où sont déployés les sous-marins nucléaires lanceurs-missiles (SNLE) de la Marine nationale de la classe Le Triomphant.
Compte tenu de l’importance du site, le bataillon d’artillerie maritime chargé de sa protection a ouvert le feu, visant à plusieurs reprises les drones d’origine inconnue, lors de ce qui a été présenté comme «plusieurs tirs anti-drones». Des sources françaises de la Préfecture maritime de l’Atlantique ont déclaré qu’«aucune infrastructure sensible n’a été menacée», tout en annonçant que le parquet militaire de Rennes ouvrirait une enquête judiciaire sur l’incident. Néanmoins, explique Davide Bartoccini dans le portail italien «Inside Over», les observateurs et analystes internationaux, qui ne peuvent manquer de s’interroger sur la nature de cette «incursion suspecte», formulent des hypothèses préliminaires qui, après des mois d’événements inhabituels, dans un climat extrêmement tendu, nombreux sont qui y voient de possibles opérations de guerre hybride, des actions perturbatrices similaires à celles qui ont affecté de nombreux espaces aériens de l’OTAN ces derniers mois.
L’artillerie maritime de Brest ouvre le feu
Selon les informations disponibles, les «cinq drones» ont été détectés vers 19h30 le soir du 4 décembre alors qu’ils survolaient la base de l’Île Longue, qui borde le port de Brest. Un bataillon de fusiliers marins y est stationné pour protéger le site, considéré comme la pierre angulaire de la dissuasion nucléaire française, car cette base abrite les quatre sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) de la classe Le Triomphant, qui font partie de la triade nucléaire française, ou plus précisément de la Force stratégique océanique (FOST), élément essentiel de la force de frappe.
Les fusiliers marins, appuyés par une garnison de 120 gendarmes, ont tiré plusieurs coups de feu pour neutraliser les drones susceptibles de constituer une menace active pour la base. Selon la presse française, cet événement fait écho à la présence d’autres drones suspects repérés au-dessus de la presqu’île de Crozon entre le 17 et le 18 novembre.
Il est «trop tôt pour déterminer» l’origine des drones, ont déclaré les autorités françaises. Cependant, les premières hypothèses suggèrent que la présence de drones inconnus à proximité d’un site militaire aussi sensible vise à «susciter l’inquiétude de la population». Comme on le sait, les mystérieux vols de drones au-dessus des aéroports et des sites militaires et industriels sensibles maintiennent un niveau d’alerte élevé et engendrent des tensions dans de nombreux pays européens. L’apparition de drones capables de rester en vol et de contrôler même dans des zones protégées ou surveillées est souvent associée à des tactiques de guerre hybride qui pourraient être imputées à la Fédération de Russie, bien que de tels soupçons soient extrêmement difficiles à prouver.
Une base militaire essentielle pour la France
La base de l’Île Longue, installation militaire dominant le port de Brest, abrite quatre sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) de la classe Le Triomphant, tous intégrés à la Force océanique stratégique.
Les SNLE stationnés à l’Île Longue constituent la composante océanique de la dissuasion nucléaire française : Le Triomphant (navire de tête), Le Téméraire, Le Vigilant et Le Terrible. Mesurant 138 mètres de long et déplaçant plus de 14.200 tonnes, ils sont propulsés par un réacteur nucléaire et embarquent un équipage de 110 marins. Ils sont armés de 16 missiles stratégiques de type M51 à têtes multiples indépendantes (MIRV), ainsi que de torpilles et de missiles antinavires de moyenne portée.
Au moins l’un d’eux est en mission permanente en mer afin de garantir la capacité de la dissuasion française, actuellement deuxième puissance nucléaire du continent européen après le Royaume-Uni, et la seule puissance nucléaire de l’Union européenne à posséder ses propres armes nucléaires.
Dans l’attente de plus amples informations sur ces événements et sur la véritable origine de l’essaim de cinq drones dotés d’un système GPS suffisamment sophistiqué pour pénétrer aisément un site protégé, l’annonce selon laquelle l’artillerie de la base navale de Brest a «ouvert le feu» sur une formation de drones non identifiés (probablement envoyés pour perturber, et certainement pas pour espionner les sous-marins nucléaires français stationnés sur le site) apparaît comme un «exemple classique» de l’atmosphère tendue qui règne en ces temps de «guerre hybride», dont l’existence est niée par de nombreux commentateurs.
Dans un contexte de tensions croissantes entre Moscou et les capitales européennes (Paris en tête), cet épisode résonne comme un rappel de la fragilité des équilibres stratégiques actuels. Sans accuser quiconque en l’absence de preuves, nombreux sont qui voient dans la multiplication des survols suspects une pression indirecte exercée aux frontières de l’Europe, où les lignes de confrontation se déplacent désormais vers le champ hybride et technologique. L’affaire de l’Île Longue, survenue au cœur même de la dissuasion française, illustre ainsi le bras de fer silencieux qui se joue autour des capacités militaires et de la résilience des États. Elle souligne surtout la nécessité, pour Paris et l’Union européenne, de renforcer leur posture de protection, leur coordination et leur capacité de réponse à des actions ambiguës susceptibles d’éroder progressivement leur sécurité collective.