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La Russie est prête pour la guerre alors que s’ouvrent les négociations de paix

(Rome, 03 décembre 2025). L’annonce d’une Russie prête à intensifier son effort militaire contraste avec la reprise de contacts diplomatiques, signe de la complexité et des contradictions du moment. Au moment même où les émissaires de Donald Trump arrivent au Kremlin pour présenter une nouvelle proposition de paix, le président russe accuse les puissances européennes de saboter les négociations et affirme que Moscou est prêt à un affrontement si nécessaire. Entre espoirs de médiation américaine et scepticisme persistant, les tensions restent vives autour d’un conflit toujours sans issue

Vladimir Poutine a accusé les puissances européennes d’entraver la paix en Ukraine et a menacé d’entrer en guerre, tandis que l’envoyé spécial de Donald Trump, Steve Witkoff, et son conseiller spécial, Jared Kushner, arrivaient au Kremlin pour des entretiens. Cette réunion à huis clos, en cours depuis plusieurs heures, vise à aplanir les points de friction entre Moscou et Kiev concernant le plan de paix proposé par les États-Unis pour mettre fin au conflit en Ukraine. Quelques instants avant le sommet, Poutine a tenu des propos très durs. S’adressant aux journalistes, il a accusé les gouvernements européens de saboter le processus de paix et a affirmé que les «exigences européennes» pour mettre fin à la guerre en Ukraine étaient «inacceptables pour Moscou». «L’Europe empêche l’administration américaine de parvenir à la paix en Ukraine», a déclaré le chef du Kremlin, ajoutant que «la Russie n’a aucune intention de combattre l’Europe, mais si l’Europe commence, nous sommes prêts immédiatement».

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Poutine, comme le rapporte Andrea Riccardi dans le quotidien «Il Tempo», n’a pas précisé quelles exigences européennes il juge inacceptables. «Ils sont du côté de la guerre», a-t-il dit, en parlant des puissances européennes. Witkoff, lors de son sixième déplacement cette année, devait présenter à Poutine une version actualisée de la proposition de paix américaine, élaborée avec la contribution d’un haut responsable russe et retravaillée pour la rendre plus acceptable pour Kiev.

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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré «attendre des signaux» de la délégation américaine après sa rencontre avec Poutine, dans le cadre d’un intense cycle de diplomatie itinérante que l’administration Trump a qualifiée de meilleure chance de mettre fin à une guerre qui dure depuis plus de trois ans.

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Cependant, un fort scepticisme demeure quant à la volonté de la Russie d’accepter la moindre concession, plutôt que de poursuivre les combats et d’attendre une nouvelle dégradation des relations entre la Maison Blanche et ses alliés européens. «Je suis prêt à recevoir tous les signaux et à rencontrer le président Trump», a pour sa part écrit Zelensky sur X. «Tout dépend des discussions d’aujourd’hui», a-t-il ajouté.

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Plusieurs journaux américains ont rapporté que le président ukrainien devait rencontrer Witkoff et Kushner en Europe après cet entretien (à Moscou). Une courte vidéo diffusée depuis le Kremlin montrait les deux petites délégations assises de part et d’autre d’une table ovale blanche, avec Poutine assis aux côtés de ses conseillers Kirill Dmitriev et Youri Ouchakov. Les deux envoyés de Trump sont arrivés à Moscou mardi, après avoir rencontré des responsables ukrainiens en Floride le week-end dernier pour discuter des révisions du plan de paix initial en 28 points, auquel Kiev avait soulevé plusieurs objections.

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Volodymyr Zelensky, dans une tentative diplomatique de rallier le soutien des capitales européennes qui avaient approuvé les modifications du plan initial, a déclaré à Paris que la version actualisée de la proposition «semble meilleure», tout en soulignant qu’«elle n’est pas encore finalisée».

«Au moment où les discussions se poursuivent à Moscou, l’issue de cette nouvelle tentative de médiation reste profondément incertaine. Si la démarche américaine suscite quelques attentes côté ukrainien, les déclarations offensives de Vladimir Poutine montrent que le Kremlin n’entend céder sur aucun point essentiel», constate une source européenne.

Entre pressions européennes, initiatives américaines et calculs stratégiques russes, le chemin vers une véritable désescalade semble encore long.

Reste à voir si ces échanges ouvriront une brèche diplomatique ou s’ils ne feront qu’illustrer, une fois de plus, la profondeur du fossé qui sépare toujours les protagonistes du conflit.

Le refus catégorique de Vladimir Poutine d’accepter les exigences européennes s’inscrit dans une stratégie plus large d’affirmation géopolitique. Alors que Moscou rejette toute concession sur le dossier ukrainien, le Kremlin consolide simultanément son influence en Méditerranée avec l’établissement d’une base militaire en Libye — un signal fort adressé à l’Europe et aux États-Unis. Cette expansion, combinée à la fermeté affichée face aux propositions de paix, laisse penser que la Russie entend négocier en position de force.

Les bases russes en Afrique et au Moyen-Orient

Le refus catégorique de Vladimir Poutine d’accepter les exigences européennes s’inscrit dans une stratégie plus large d’affirmation géopolitique.

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Tandis que Moscou rejette toute concession sur le dossier ukrainien, le Kremlin consolide simultanément son influence en Méditerranée et en Afrique, avec l’établissement d’une base militaire en Libye, un signal fort adressé à l’Europe et aux États-Unis, ainsi qu’une base au Soudan. Cette expansion, combinée à la fermeté affichée face aux propositions de paix, laisse penser que la Russie entend négocier en position de force.

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