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Les 24 points de la contre-proposition européenne pour l’Ukraine : Forces étrangères, retrait de la Russie et OTAN

(Rome, 23 novembre 2025). Alors que les discussions internationales sur la guerre en Ukraine connaissent un regain d’intensité, l’Europe et le Royaume-Uni ont élaboré une contre-proposition de 24 points, détaillée en réponse au plan américain de 28 points. Révélé par The Telegraph, ce document vise à définir les conditions d’un cessez-le-feu durable, à renforcer les garanties de sécurité pour Kiev et à encadrer les futures négociations territoriales avec Moscou. Cette initiative marque la volonté européenne de reprendre un rôle moteur dans la recherche d’une issue politique au conflit

Après quelques jours en position défensive, l’Europe tente de relancer son action sur la question ukrainienne. Le quotidien britannique «The Telegraph» a publié une première version de la contre-proposition que l’Europe et le Royaume-Uni ont adressée aux États-Unis. Ce plan, précise le journal, a été élaboré plus tôt cette année, mais rendu public seulement aujourd’hui, en réponse à celui de 28 points présenté par les Américains, tel que rapporté par le quotidien italien «Il Giornale».

La proposition européenne présente des garanties de sécurité plus strictes pour Kiev dans l’éventualité d’un cessez-le-feu avec la Russie.

Pour l’heure, à Washington, personne n’a commenté ce document, qui diffère de manière significative de celui présenté ces derniers jours par l’administration américaine, notamment sur des questions sensibles telles que la taille des forces armées ukrainiennes, l’adhésion à l’OTAN et la cession éventuelle de territoire à Moscou.

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Voici les principaux points :

  1. Mettre fin à la guerre et conclure des accords pour éviter toute récidive, afin d’établir des bases solides pour une paix durable et une sécurité permanente.
  2. Les deux parties au conflit s’engagent à un cessez-le-feu total et inconditionnel dans les airs, sur terre et en mer.
  3. Les deux parties entameront immédiatement des négociations sur les modalités techniques de surveillance du cessez-le-feu, avec la participation des États-Unis et des pays européens.
  4. Un dispositif international de surveillance du cessez-le-feu mis en place, piloté par les États-Unis et assuré par les partenaires de l’Ukraine. Cette surveillance s’effectuera principalement à distance, par satellite, drones et autres moyens technologiques, avec un volet flexible sur le terrain pour enquêter sur les violations présumées.
  5. Un mécanisme sera créé permettant aux parties de signaler les violations du cessez-le-feu, d’enquêter à leur sujet et de discuter des mesures correctives.
  6. La Russie restituera sans condition tous les enfants ukrainiens déportés et transférés illégalement. Ce processus bénéficiera du soutien de partenaires internationaux.
  7. Les parties au conflit procéderont à l’échange de tous les prisonniers de guerre (selon le principe de «tous pour tous»). La Russie libérera tous les civils détenus.
  8. Une fois le cessez-le-feu durablement garantie, les parties adoptent des mesures pour fournir une aide humanitaire, notamment la possibilité de visites familiales de part et d’autre de la ligne de contact.
  9. La souveraineté de l’Ukraine est respectée et réaffirmée. L’Ukraine n’est pas contrainte à la neutralité.
  10. L’Ukraine bénéficie de solides garanties de sécurité, juridiquement contraignantes, y compris de la part des États-Unis (accord similaire à l’article 5), afin de prévenir toute agression future.
  11. Aucune restriction n’est imposée aux forces de défense ukrainiennes ni à l’industrie de défense, y compris en matière de coopération internationale.
  12. Les États garants formeront un groupe ad hoc de pays européens et non européens disponibles. L’Ukraine est libre de décider de la présence, de l’armement et des opérations des forces amies invitées par le gouvernement ukrainien sur son territoire.
  13. L’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN est subordonnée au consensus au sein de l’Alliance.
  14. L’Ukraine devient membre de l’Union européenne.
  15. L’Ukraine est disposée à demeurer un État non doté de l’arme nucléaire en vertu du TNP.
  16. Les questions territoriales seront discutées et résolues après un cessez-le-feu total et inconditionnel.
  17. Les négociations territoriales se feront à partir de la Ligne de contrôle actuelle.
  18. Une fois l’accord conclu sur les questions territoriales, la Russie et l’Ukraine s’engagent à ne pas modifier les frontières par la force.
  19. L’Ukraine reprend le contrôle de la centrale nucléaire de Zaporizhia (avec la participation des États-Unis) ainsi que du barrage de Kakhovka. Un mécanisme de transfert de contrôle sera mis en place.
  20. L’Ukraine bénéficie d’un passage sans entrave sur le fleuve Dniepr et contrôle la langue de terre de Kinburn.
  21. L’Ukraine et ses partenaires mettent en œuvre une coopération économique sans restrictions.
  22. L’Ukraine sera entièrement reconstruite et indemnisée économiquement, notamment par le biais des avoirs souverains russes, qui resteront gelés jusqu’à ce que la Russie ait remboursé les dommages causés à l’Ukraine.
  23. Les sanctions imposées à la Russie depuis 2014 pourraient faire l’objet d’un allègement progressif et partiel une fois la paix durable instaurée, et pourraient être réintroduites en cas de violation de l’accord de paix (mécanisme de rétablissement automatique des sanctions, «snapback»).
  24. Des discussions séparées sur l’architecture de sécurité européenne seront entamées, auxquelles participeront tous les États membres de l’OSCE.

Selon un expert italien, cette contre-proposition marque une rupture : l’Europe entend cesser d’être un simple spectateur du rapport de force américano-russe pour redevenir un acteur stratégique capable de fixer le tempo, les priorités et les conditions d’un nouvel ordre sécuritaire sur le vieux continent.

Au total, cette contre-proposition en 24 points révèle une Europe cherchant à se repositionner comme acteur stratégique central dans la résolution du conflit ukrainien. Face à une dynamique diplomatique longtemps dominée par Washington, les Européens tentent ici d’imprimer leur propre vision : un cadre de sécurité durable, juridiquement contraignant, et intimement lié à l’avenir institutionnel de l’Ukraine.

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