(Rome, 03 novembre 2025). Malgré une mise en scène diplomatique soignée, la première rencontre en six ans entre Donald Trump et Xi Jinping n’a débouché que sur des résultats limités. Tandis que le président Trump proclame un succès éclatant, le dirigeant chinois semble, lui, consolider son statut d’interlocuteur redoutable. Une situation qui rappelle combien l’Europe, encore en retrait, aurait pourtant tout intérêt à jouer un rôle stratégique dans la relation avec Pékin
Interrogé sur sa rencontre avec Xi Jinping, sur une échelle de 1 à 10, Donald Trump, fin négociateur, a immédiatement répondu : «Je dirais 12».
Mais déjà, la durée d’un peu plus d’une heure et demie (seulement un tiers du temps prévu) du premier face-à-face en six ans entre les présidents des États-Unis et de la Chine (les deux pays les plus puissants au monde) révèle que ce 12 sur le bulletin est peut-être le double de la note méritée et à peine suffisante, de 6, avec lequel il faudrait juger cette rencontre, écrit Federico Guiglia dans «Start Magazine».
Bien sûr, on n’a pas manqué de sourires et de poignées de main à Busan, en Corée du Sud, où s’est tenu l’entretien. Mais, malgré le tapis rouge déroulé comme à l’accoutumée pour le dirigeant chinois, l’impression qui se dégage, au vu des maigres résultats non concluants obtenus, et des questions épineuses même pas abordées, est que Trump a reproduit le scénario et l’issue du sommet avec Poutine en Alaska : au final, celui qui y a gagné, c’est davantage Xi Jinping (comme Poutine auparavant), bien plus que le locataire de la Maison-Blanche. Ne serait-ce que par la reconnaissance du dirigeant chinois comme son principal interlocuteur, après l’avoir désigné à maintes reprises comme son principal ennemi, voire son adversaire, à combattre sur tous les fronts.
Trump n’a réalisé aucune avancée significative dans ses relations avec son rival, et n’a pas non plus apporté la nouvelle que le monde, et notamment l’Occident, attendait : l’engagement de la Chine à ramener à la raison le Tsar, cet allié contraint de se soumettre à Pékin sur la question de la guerre en Ukraine. Imaginez si le président américain parvenait à obtenir de vagues promesses, certes vaines, de ne plus menacer d’envahir Taïwan jour après jour (la Chine considère Taïwan comme faisant partie intégrante de son territoire), sur laquelle elle ne tolère aucune ingérence, et gare à quiconque oserait s’y opposer.
Dans ce contexte, la tension est à son comble sur la scène internationale, où le rôle de Xi Jinping serait déterminant. Pourtant, même sur la question du commerce entre Washington et Pékin, domaine sur lequel Trump tenait le plus, ayant lui-même menacé d’imposer de lourds droits de douane, les avoir augmentés puis diminués sans cesse, et avoir appliqué des mesures de réciprocité, aucun accord solide et durable n’a été trouvé.
À tel point qu’on parle d’une trêve commerciale d’un an : la fin des blocages d’exportations par représailles, la baisse des droits de douane pour tous, sans nouvelles rétorsions, et l’annonce de visites l’an prochain, à la fois de Trump en Chine et de Xi Jinping en Amérique. Preuve que les accords sont encore loin d’être conclus et qu’il faudra du temps pour qu’ils se concrétisent.
«Xi est un négociateur redoutable», a déclaré Donald Trump, reprenant une fois de plus son rôle de vendeur hors pair. «Nous devons être amis, mais nous avons aussi des frictions», a franchement commenté le leader chinois.
Ainsi, comme cela a été répété depuis un certain temps, il reviendrait à l’Europe de s’imposer comme tiers dérangeant dans les négociations commerciales et diplomatiques avec la Chine, qui ne peut être laissée aux seules mains des États-Unis. L’UE et Pékin représentent ensemble près de 30 % du commerce mondial de biens et de services et plus d’un tiers du PIB. Et puis il y a l’Ukraine : Xi Jinping peut aussi peser.
Mais pour y parvenir, nous devons nous engager sur le terrain politique, et non simplement dérouler des tapis rouges.
Une source italienne précise qu’«entre sourires, promesses et poignées de main, la rencontre Trump-Xi se voulait historique. Mais les résultats concrets peinent à convaincre». Et la source d’ajouter : «derrière la mise en scène, le dialogue entre Washington et Pékin reste semé d’embûches».
Pour conclure, la rencontre entre les deux hommes cache des tensions persistantes. Entre stratégie, communication et rivalité mondiale, que faut-il réellement en retenir ?