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France : Lecornu jette l’éponge et Macron maintient le cap

(Rome, 9 octobre 2025). Après l’échec de sa mission de consultations, Sébastien Lecornu a présenté sa démission, laissant à Emmanuel Macron la tâche de nommer un nouveau Premier ministre dans un climat politique tendu et fragmenté. Tandis que la dissolution de l’Assemblée semble écartée, les tractations reprennent entre un président affaibli, une majorité éclatée et des oppositions prêtes à censurer tout futur gouvernement

«Je considère ma mission terminée». Ainsi, concluant la deuxième journée de consultations, à laquelle ont participé hier les partis de gauche (socialistes, communistes et verts), la France insoumise de Mélenchon étant absente, exigeant la démission de Macron ou la tenue de nouvelles législatives, le Premier ministre sortant, Sébastien Lecornu, est apparu à la télévision et a annoncé que le président pourrait nommer un nouveau Premier ministre «dans les 48 heures». La mission que lui avait confiée Emmanuel Macron (tenter in extremis d’éviter une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale, faute de majorité stable pour élaborer et voter une loi de finances avant la fin de l’année) semble avoir partiellement abouti : «Une majorité absolue refuse la dissolution», a-t-il déclaré. Mais la journée, marquée par des signaux d’ouverture à gauche, a surtout souligné le climat d’incertitude, tant sur les alliances que sur les orientations à venir, écrit Francesco De Remigis dans «Il Giornale».

Dans la matinée, Lecornu avait déjà laissé entendre que la perspective d’une dissolution s’éloignait, un message adressé avant tout aux marchés financiers. Faute d’accord avec la gauche «républicaine», Lecornu a poursuivi les consultations jusque tard dans la soirée et a annoncé le soir que la balle était désormais dans le camp de l’Élysée. C’est donc à Emmanuel Macron qu’il incombe de nommer un nouveau chef de gouvernement, chargé de constituer une équipe et de rédiger rapidement le budget 2026.

Reste à savoir qui s’installera à Matignon ? Avec quelle ligne politique et économique ? Avec quels alliés, car les macronistes sont eux-mêmes divisés : certains refusent tout rapprochement avec la gauche, d’autres y sont favorables ? Ce qui est sûr, c’est que les Républicains, jusqu’à il y a deux jours alliés des macronistes et au sein du gouvernement Lecornu, ont fait savoir que si le nouveau gouvernement à former suspendait la réforme des retraites, ils n’excluaient pas une motion de «censure» ​​immédiate. Bruno Retailleau, leader néo-gaulliste et ministre de l’Intérieur sortant, n’est pas favorable au «petit arrangement» qui conduirait à une cohabitation de fait entre Macron et un Premier ministre de gauche, une hypothèse d’autant plus fragile que les forces de gauche, privées des mélenchonistes, n’ont pas de majorité même avec l’appui d’une partie des macronistes.

Selon Lecornu, il faut désormais «attendre le nom» qui conduira la nouvelle phase politique. Le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, appelle au contraire à «un espace pour les élections, et un retour aux urnes». Marine Le Pen annonce son rejet de toute tentative d’un nouveau gouvernement. Du côté des mélenchonistes, Manuel Bompard, pointe Macron du doigt : «Il est responsable du chaos. Notre objectif est la dissolution de l’Assemblée, la démission du président ou des élections. Nous proposerons une alternative à la continuité de Macron, nous rejetterons tout gouvernement composé de macronistes ou de ministres de droite».

Le secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, pressenti un temps pour Matignon, s’est dit opposé à un gouvernement «mélangeant personnalités de gauche et de droite». Parmi les autres noms cités circulent ceux d’anciens socialistes aujourd’hui en retrait, comme Bernard Cazeneuve ou Pierre Moscovici, qui pourraient incarner une solution de compromis entre profil politique et technocrate.

«En refermant la parenthèse Lecornu, Emmanuel Macron joue une nouvelle fois la carte du temps et du calcul politique, dans un paysage éclaté où plus aucune majorité stable ne semble possible», rapporte une source locale. La nomination du prochain Premier ministre, attendue sous peu, dira si le chef de l’État choisit l’ouverture (au risque de fragiliser encore son camp) ou la continuité, avec la menace d’une censure immédiate.

Le «bricolage» de Macron reprend donc. Un gouvernement est attendu d’ici lundi. Lecornu se rétracte : «un Premier ministre de gauche ? Ce sera la décision du chef de l’État».

Entre paralysie institutionnelle et incertitude économique, la France entre dans une phase politique suspendue, où chaque décision présidentielle pourrait précipiter la fin du quinquennat.

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