(Rome, 28 août 2025). A travers cette offensive aérienne massive menée par Moscou sur Kiev et plusieurs régions ukrainiennes qui a causé la mort de 14 civils, dont trois enfants, et endommagé des infrastructures stratégiques, y compris des bureaux liés à l’Union européenne et au British Council, la Russie entend défier la présence occidentale en Ukraine et tester les lignes rouges de l’UE, dans un contexte où la guerre s’enlise et que les efforts diplomatiques occidentaux peinent à infléchir la posture du Kremlin
Dans la nuit, la Russie a lancé une offensive aérienne de grande ampleur contre l’Ukraine, visant la capitale Kiev ainsi que plusieurs régions éloignées des lignes de front. Selon le «Kyiv Independent», au moins 14 personnes ont été tuées dans la capitale, dont trois mineurs de 2, 14 et 17 ans. Trente-huit autres personnes ont été blessées, dont beaucoup ont été hospitalisées, rapporte le quotidien «Il Tempo».
Le ministre de l’Intérieur, Ihor Klymenko, a déclaré que douze victimes avaient été recensées dans le district de Darnytskyi, où un immeuble de cinq étages a été entièrement détruit, et un autre dans le district de Shevchenkivskyi.
Les opérations de secours ont mobilisé environ 1.500 personnes, comprenant pompiers et membres des services de secours civils. Selon les données publiées par l’armée de l’air ukrainienne, Moscou a lancé 598 drones durant la nuit, dont des drones d’attaque «Shahed» et des drones «leurres», et 31 missiles, dont deux balistiques hypersoniques Kh-47 Kinzhal. Les défenses aériennes ukrainiennes ont réussi à intercepter 563 drones et 26 missiles.
Malgré ces interceptions, Kiev a été secouée par de nombreuses explosions, causant des dégâts majeurs sur des habitations, des écoles, des bureaux et des infrastructures. Le «Kyiv Independent» signale que l’attaque a également touché d’autres régions du pays : des essaims de drones ont été signalés dans les oblasts de Jytomyr, d’Odessa et de Mykolaïv, et des alertes aux raids aériens ont été étendues jusqu’à Lviv et Ivano-Frankivsk. Un dépôt ferroviaire à Koziatyn (région de Vinnytsia) a également été touché, où un train à grande vitesse Intercity+ a été endommagé, mais aucune victime n’a été signalée.
À Kiev, outre des zones résidentielles, un centre commercial, une école, une crèche et plusieurs bureaux ont été endommagés. Parmi les cibles figurent un bâtiment abritant une mission de l’Union européenne, comme l’a rapporté le ministre des Affaires étrangères Andrii Sybiha. La cheffe de la délégation de l’UE à Kiev, Katarina Mathernova, a dénoncé l’attaque qu’elle qualifie de «véritable réponse de Moscou aux efforts de paix».
Un message adressé à l’Occident
L’attaque contre des structures européennes pourrait être interprétée comme une tentative de dissuasion indirecte envers l’UE. Selon un observateur italien, le Russie, en ciblant les bâtiments liés à l’UE et le British Council, envoie un signal clair : l’Occident n’est pas un simple observateur, mais une partie prenante du conflit. «Cette stratégie vise à alimenter un discours de prudence dans les capitales européennes, en soulignant que l’engagement continu dans le conflit comporte des risques croissants», précise notre interlocuteur. Et d’ajouter : en augmentant le coût politique et sécuritaire du soutien à Kiev, la Russie cherche à fracturer la coalition occidentale.
Pression psychologique et coût de l’engagement des alliés
En frappant des zones civiles et des structures occidentales à Kiev, Moscou envoie une mise en garde : plus l’Occident s’implique (livraisons d’armes, soutien financier, formation), plus ses représentations symboliques et ses agents présents sur le terrain seront exposés. De plus, cette attaque, qui combine drones et missiles hypersoniques, souligne non seulement la stratégie d’escalade du Kremlin, mais aussi l’incapacité des initiatives occidentales – y compris celles portées par Donald Trump – à infléchir le conflit.