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Israël-Iran : aux portes d’un second conflit. Ce que l’on sait sur le timing et les scénarios possibles

(Rome, Paris, 18 août 2025). La première guerre n’a pas fait plier Téhéran. Israël n’a pas atteint la domination régionale qu’il visait. Résultat : une seconde confrontation se profile, plus brutale, plus rapide, et peut-être plus dévastatrice. «Elle aurait lieu avant les élections américaines de 2026», nous confie un officier européen

Alors que le monde est, à juste titre, focalisé sur les événements en Ukraine et les tractations incertaines entre Trump, Poutine et Zelensky, de nombreux observateurs (notamment américains) mettent en garde : une seconde guerre entre Israël et l’Iran pourrait être imminente. Plus encore : elle pourrait éclater dans les prochaines semaines. Pourquoi ?, s’interroge Mirko Marchi dans son décryptage dans «Inside Over». Parce que les objectifs d’Israël n’étaient pas ceux annoncés, à savoir éliminer la menace nucléaire iranienne, objectifs qui, de toute façon, n’ont pas été atteints. Les véritables objectifs d’Israël, affirment plusieurs analystes américains et comme l’explique si bien Trita Parsi du «Quincy Institute for Responsible Statecraft», étaient au nombre de trois : entraîner les États-Unis dans une guerre ouverte contre l’Iran ; renverser le régime des ayatollahs ; et réduire l’Iran à une situation similaire à celle du Liban ou de la Syrie, des pays qu’Israël peut bombarder à volonté sans aide particulière et sans crainte de représailles sérieuses.

En d’autres termes, Israël visait la domination régionale avec la guerre des Douze Jours. Mais aucun de ces trois objectifs n’a été pleinement réalisé.

Un bilan en demi-teinte

D’abord, Donald Trump a été entraîné dans la guerre, mais non de la manière qui convenait le mieux à Israël : les forces américaines (objectif numéro un) ont tenté une frappe ciblée et décisive contre les laboratoires nucléaires iraniens, mais ne se sont pas engagées dans un conflit généralisé pour mettre à genoux le pays des ayatollahs. Conscient du faible engagement américain, Benyamin Netanyahu a dû accepter la trêve.

Ensuite, le régime des ayatollahs (objectif numéro deux) ne s’est pas effondré et semble même être sorti renforcé du conflit. Israël, comme à son habitude, s’était bien préparé à la guerre et avait réussi, dès les premières heures, à éliminer au moins 30 officiers supérieurs de diverses forces iraniennes et 19 scientifiques du complexe militaro-industriel. Mais en quelques heures seulement, les Iraniens ont réussi à reconstruire leur chaîne de commandement et à déployer une résistance balistique conséquente. Et ce n’est pas tout. Selon le Washington Post, le Mossad aurait contacté au moins 20 généraux iraniens, les menaçant de les tuer, ainsi que leurs proches, s’ils ne diffusaient pas de vidéos critiquant le régime. Ce furent les premières heures, celles du choc le plus profond pour les Iraniens, mais rien n’indique qu’un seul officier ait cédé à la menace.

Enfin, l’Iran, bien que durement touché, n’a pas été réduit à un Etat vulnérable, sans défense, comme le Liban ou la Syrie (objectif numéro trois). Au cours des douze jours de guerre, au contraire, l’efficacité de la riposte balistique iranienne s’est accrue, et de nombreux experts estiment d’ailleurs qu’elle fut calibrée, mesurée, afin d’éviter de vider ses arsenaux.

Le conflit à venir

Avec la première guerre, Israël a échoué à atteindre son objectif central : s’assurer une suprématie régionale totale, en neutralisant son unique rival, qui avait longtemps tenté de le défier. Et même si les hostilités n’ont jamais véritablement cessé, pour cette raison même, une seconde véritable guerre serait non seulement inévitable, mais plutôt imminente. À cet égard, les prévisions varient, de quelques mois à seulement quelques semaines. Cependant, tout le monde s’accorde à dire que l’échéance ultime serait les élections de mi-mandat américaines de 2026, dont une issue défavorable pourrait limiter la marge de manœuvre décisionnelle de Trump et de sa majorité.

Evidemment, les Iraniens en sont parfaitement conscients. Et de fait, ils se préparent, reconstituent leurs arsenaux et tentent d’élaborer de nouvelles stratégies. «Si l’agression israélienne devait se répéter, nous n’hésiterons pas à réagir avec plus de fermeté et de manière à rendre impossible toute tentative de la contrecarrer», a écrit Abbas Aragchi, ministre iranien des Affaires étrangères, dans un long post sur X. Au-delà de la rhétorique guerrière, cette déclaration semble faire allusion à une nouvelle approche de la guerre avec Israël : la tentative de frapper fort dès les premières heures afin d’éviter un conflit prolongé, qui mettrait inévitablement à rude épreuve les arsenaux iraniens bien plus que ceux israéliens, soutenu par les États-Unis et plusieurs pays européens.

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