(Rome, 03 août 2025). Le dauphin de Poutine, aujourd’hui vice-président du Conseil de sécurité russe, s’en est pris ces dernières années aux «ennemis de la Russie». Désormais, il s’en prend directement à la Maison-Blanche
Il fut un temps où il incarnait l’homme du renouveau. Un espoir libéral. Du moins, c’est ce qu’on avait voulu faire croire. Aujourd’hui, il est la voix la plus violente du Kremlin, le porte-voix de la haine anti-occidentale, le messager de l’apocalypse nucléaire. Dmitri Medvedev, celui qui en 2009 parlait de «valeurs démocratiques» et rêvait d’une «société d’hommes libres», souhaite aujourd’hui la mort de Volodymyr Zelensky, s’interroge sur l’existence future de l’Ukraine et, chaque matin, religieusement sur Telegram, adresse ses salutations à l’Occident avec l’avertissement habituel : «Nous mourrons tous». Le dauphin de Vladimir Poutine s’est désormais engagé dans une confrontation avec Donald Trump, qui, face à ses menaces, a décidé de déployer deux sous-marins nucléaires «dans les régions appropriées», écrit Massimo Balsamo dans «Il Giornale».
Qui est Dmitri Medvedev ?
Né le 14 septembre 1965 à Saint-Pétersbourg, Medvedev est titulaire d’un doctorat en droit privé et s’est intéressé à la politique durant ses années universitaires. Son ascension politique a débuté en 1999, d’abord comme administrateur local à Saint-Pétersbourg, puis comme chef adjoint de l’administration présidentielle. Lors des présidentielles de 2000, il s’est rapproché de Poutine, devenant chef du quartier général de sa campagne. En 2005, il a été nommé vice-Premier ministre, et président du Conseil pour le développement des projets nationaux prioritaires. En 2008, lorsque Poutine atteint la limite des deux mandats, Medvedev est propulsé candidat à la présidence, poste qu’il remporte sans surprise. En 2012, avec le retour de Poutine au pouvoir, Medvedev fut nommé Premier ministre, poste qu’il occupa jusqu’en 2020. Cette année-là, il fut nommé au poste nouvellement créé de vice-président du Conseil de sécurité.
Aujourd’hui, Medvedev manie les slogans catastrophistes, les formules toutes faites et les menaces de Troisième Guerre mondiale comme autant d’outils politiques. Et dire que l’Occident, au début de l’invasion de l’Ukraine, lui prêtait encore une certaine attention ! Chacune de ses tirades faisait la une de la presse. Mais rapidement, le constat s’est imposé : le véritable pouvoir est ailleurs ; il n’est qu’un bruit de fond. Ses déclarations anti-occidentales tonitruantes visaient à regagner les bonnes grâces de Poutine. Autrement dit, cet homme de cinquante-neuf ans tente de se forger une réputation de faucon ultranationaliste.
Une rhétorique extrême
La ligne est claire, tout comme le ton. «On me demande souvent pourquoi mes messages sont si durs. La réponse est simple : je les déteste. Ce sont des salauds et des maladroits. Ils veulent la mort de la Russie. Et tant que je serai en vie, je ferai tout mon possible pour les faire disparaître», rappelle le «Corriere della Sera». Quelques exemples de son répertoire :
- «Qui a dit que dans deux ans, l’Ukraine existerait encore sur la carte du monde ?»,
- «Les livraisons d’armes occidentales à l’Ukraine nous rapprochent de l’hiver nucléaire»,
- «Il n’y a pas d’autre option que l’élimination physique de Zelensky», Enfin, une pique à Trump :
«Vous pouvez oublier le prix Nobel de la paix. Félicitations, Monsieur le Président». Jusqu’aux récentes tensions, avec les ultimatums américains qui représenteraient un pas vers la guerre entre Moscou et Washington.
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D’un rêve libéral à l’effacement
Cela semble appartenir à une autre époque : Medvedev rêvait alors d’une Russie moderne, avec un accès libre à l’information. «La liberté vaut mieux que la non-liberté», proclamait-il avec espoir. Des gestes timides vers l’Occident s’étaient faits jour : le fameux «reset» avec Barack Obama et le traité New Start sur la réduction des arsenaux nucléaires. Medvedev apparaissait – ou voulait le faire paraître – comme le nouveau visage, celui sans passé soviétique, l’homme idéal pour une Russie prête à tendre la main à l’Occident.
Mais rapidement, la vérité est apparue : il n’était qu’un régent, chargé de garder le fauteuil présidentiel au chaud. En coulisses, il n’a jamais exercé de véritable pouvoir. Il n’était tenu en haute estime ni par les siloviks, (les maîtres des ministères de la force), ni d’une réelle autorité. Ainsi, en 2012, Poutine revint au Kremlin et Medvedev s’installa à la tête du gouvernement, officiellement numéro deux, mais de plus en plus éloigné du cœur du pouvoir.
Un come-back en faucon nationaliste
Sa chute s’achève – du moins pour le moment – en 2020, lorsque Poutine l’a torpillé de son poste de Premier ministre sans explication officielle. Seules des rumeurs circulaient : certaines évoquaient une incompétence managériale, d’autres des problèmes personnels, l’alcoolisme étant une menace importante. Comme indiqué précédemment, Medvedev est depuis vice-président du Conseil de sécurité russe. Un poste théoriquement stratégique, du moins sur le papier. Mais le véritable homme fort de l’institution était Nikolaï Patrouchev, bien plus puissant et, surtout, tout sauf un ami. Avec le déclenchement de la guerre en Ukraine, Medvedev a vu une opportunité : se réinventer. Non plus le juriste de Saint-Pétersbourg, mais l’ultranationaliste outrancier.
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Celui qui insulte les «mangeurs de grenouilles, de saucisses et de spaghettis», qui se moque des dirigeants européens en visite à Kiev. Un chauvinisme qui lui vaut une exposition médiatique, mais qui semble maîtrisé. Du moins pour le moment.