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Comment l’Iran contre-attaque tous azimuts en Syrie, au Liban et à Gaza ?

(Rome, Montréal, Paris, Beyrouth, 18 juillet 2025). A peine Un mois jour pour jour après le lancement des premières opérations israéliennes contre l’Iran, dans la nuit du 12 au 13 juin, l’Iran estime avoir résorbé le choc et être en mesure de riposter. Mais la République islamique, un tigre en carton, reste fidèle à ses habitudes et évite tout affrontement direct avec Israël. Elle recourt à ses armes préférées, le terrorisme et la déstabilisation. Explications :

Pendant les 12 jours de la guerre foudroyante menée par Israël contre le régime iranien, son commandement militaire et son programme nucléaire essentiellement, l’Iran a tenté de se défendre en bombardant directement l’Etat hébreu à travers ses missiles longue portée et ses drones. Selon un général libanais à la retraite, «les quelques projectiles iraniens qui ont réussi à passer à travers le système de défense israélien, ont fait d’importants dégâts. Le dôme de fer était très coûteux pour Israël et les attaques iraniennes ont paralysé l’économie israélienne». Notre source ajoute, non sans ironie, que «le premier ministre Netanyahu, déjà embourbé dans une guerre sans fin à Gaza, est monté haut dans l’arbre et ne parvenait plus à redescendre. C’est Donald Trump, en lançant ses raids contre Fordow et Natanz avec ses bombes perforantes, qui a ainsi servi d’échelle pour faire descendre Netanyahu de son arbre». C’est ainsi que cette guerre fut un «match nul, d’un point de vue stratégique».

A contrario, sur le plan tactique, l’Iran reprend l’avantage. Notre source fait remarquer en effet que pendant la guerre israélienne contre l’Iran, les alliés de Téhéran ont fait profil bas. Le Hezbollah a refusé d’intervenir considérant qu’un tel comportement s’assimilerait à un suicide. La direction du parti de Dieu pensait en effet que le régime des mollahs allait s’effondrer, que le peuple iranien allait se révolter et balayer les enturbannés. Ce n’est qu’à l’annonce du cessez-le-feu, après l’intervention américaine, que les choses se sont gâtées. Le début de la déstabilisation a commencé par l’attentat suicide contre une église de Damas, que d’aucuns attribuent à l’Iran, à travers des factions radicales créées par Téhéran et par le régime déchu de Bachar al-Assad et le Hezbollah, dont essentiellement Daech. Le Hezbollah a repris du service et a haussé le ton, refusant de remettre ses armes à l’Etat libanais conformément aux termes de l’accord de cessez-le-feu de novembre 2024, mais aussi en application aux résolutions onusiennes 1701 et 1559, et aux accords interlibanais de Taëf.

Simultanément à la volte-face des enturbannés libanais, le Hamas et le Djihad islamique à Gaza ont multipliés les opérations contre Tsahal, faisant des dizaines de morts et de blessés parmi les soldats israéliens. Les Houthis du Yémen ont également multiplié les tirs de missiles contre l’Etat hébreu. Mais la riposte iranienne la plus dangereuse se déroule à Soueïda, en Syrie.

Une source diplomatique arabe à Rome met en effet en garde contre «le match retour» qui semble se dérouler en Syrie, toujours à travers les factions islamistes terroristes». Et d’ajouter : «il convient de noter qu’un mois jour pour jour après le lancement des raids israéliens contre l’Iran, Téhéran semble avoir repris du souffle et décidé de reprendre l’initiative avec ses armes les plus performantes, à savoir le terrorisme et la déstabilisation des pays riverains d’Israël». Sans se concerter, nos deux sources, diplomatique et militaire, convergent vers le même constat : «l’Iran cherche à empêcher le nouveau pouvoir à Damas de stabiliser la Syrie et veut le priver de toute marge de manœuvre lui permettant de s’engager dans une quelconque normalisation avec Tel-Aviv». Nos deux sources affirment que «l’Iran a soutenu les Kurdes des FDS dans leur rejet de tout accord avec Damas, puis a poussé les tribus bédouines du Sud à s’attaquer aux Druzes de Soueïda, provoquant plus de 500 morts. L’objectif de l’Iran est sans nul doute de reprendre pied en Syrie après en avoir été chassé avec la chute de Bachar al-Assad. Dans sa stratégie, Téhéran vise plusieurs objectifs : semer le chaos aux frontières israéliennes et jordaniennes ; chercher une contagion confessionnelle vers les druzes d’Israël et du Liban ; amplifier la menace terroriste islamiste pour, d’une part, ôter toute crédibilité au président syrien Ahmed Al-Charaa, et de l’autre, présenter le Hezbollah comme le protecteur des minorités». Bis repetita.

Parallèlement, l’axe iranien au Liban reprend du service. Le Hezbollah cherche à provoquer le chaos et à semer la peur à travers ses parades de motos et de véhicules aux vitres teintées, drapés des drapeaux jaunes, qui sillonnent les régions chrétiennes. Pendant les célébrations de la fête «Achoura», les sermons étaient d’une violence inouïe. Les enturbannés ont menacé «ceux qui réclament le désarmement du parti de leur ôter la vie». En même temps, les alliés chrétiens, littéralement vomis par la population, s’attaquent aux ministres souverainistes. La dernière offensive médiatique menée par le Courant Patriotique Libre de Gebran Bassil a ainsi visé le ministre des Affaires étrangères, Joe Raggi. En réalité, ses détracteurs n’ont pas l’habitude de voir ce ministère défendre les intérêts du Liban, eux qui étaient soumis à Bachar al-Assad et à Ali Khameneï. Le Hezbollah, qui n’a pas bougé d’un iota pour défendre l’Iran quand celui-ci était aux abois, passe à la contre-offensive aujourd’hui, persuadé que l’Iran a gagné cette guerre. Ce qui fait dire aux Libanais que «l’armée israélienne ne devait pas arrêter ses opérations avant la chute des mollahs à Téhéran, comme elle ne devait pas arrêter sa guerre au Liban avant la décapitation totale du Hezbollah».

Les Libanais, comme les Syriens, les Jordaniens et les Israéliens, craignent aujourd’hui un retour de manivelle commandité par l’Iran. Ils redoutent une nouvelle partie de marchandage entre Téhéran et l’Occident qui remettrait l’axe iranien sur pieds. Ils regrettent que l’Occident persiste dans son aveuglément et refuse de tirer les bonnes conclusions de l’histoire. Il continue à vouloir négocier mollement avec des Etats et des groupes terroristes au lieu d’utiliser la fermeté, voire la force, pour débarrasser la région de cette calamité et de relancer enfin le processus de paix souhaité par l’ensemble des peuples et systématiquement torpillé par les mêmes.

Sanaa T.

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