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France : face à un monde sans règles, Paris engage un vaste réarmement stratégique

(Rome, 15 juillet 2025). Dans un «monde sans règles» où «la loi du plus fort l’emporte», Emmanuel Macron rappelle que, selon lui, «notre liberté n’a jamais été aussi menacée» depuis 1945. À l’occasion de la fête nationale française, le 14 juillet, s’adressant aux chefs militaires français, le Président Macron a annoncé la publication de la nouvelle édition de la Revue stratégique nationale, (le guide opérationnel des forces armées et de l’appareil de sécurité). Il a aussi présenté un vaste plan de réarmement et affirmé de nouvelles ambitions de leadership européen, écrit Andrea Muratore dans le quotidien «Inside Over».

La montée en puissance des dépenses militaires de la France

S’appuyant sur les plans de l’OTAN visant à porter les dépenses militaires directes à 3,5 % du PIB au cours de la prochaine décennie, et sur les règles de flexibilité budgétaire du plan «Readiness 2030» de l’Union européenne, Emmanuel Macron entend surmonter les contraintes actuelles liées à la dette publique et aux défis structurels de l’État français. Objectif : porter les dépenses militaires de Paris à 100 milliards d’euros par an d’ici 2035. La première étape consistera à porter ces dépenses à 64 milliards d’euros d’ici 2027, dernière année de sa présidence.

Selon la Loi de Programmation Militaire (LPM) 2024-2030, «Zone Militaire» note que «cet objectif devait initialement être atteint en 2029 (avec précisément 63,9 milliards d’euros). Cela suppose une augmentation de 6,7 milliards d’euros en 2026 et de 6,2 milliards d’euros supplémentaires en 2027», reconnaissant que «compte tenu du niveau de la dette publique (plus de 3.300 milliards d’euros), il ne saurait être question de recourir à l’emprunt pour financer cette accélération des investissements militaires». Ce n’est pas un hasard si le Premier ministre François Bayrou cherche à faire adopter un consensus pour un plan de réduction des dépenses publiques et d’augmentation des impôts de 40 milliards d’euros pour contribuer à financer le réarmement.

Les priorités stratégiques de Macron

Macron veut adapter la doctrine militaire française à trois grandes tendances :

  • La menace persistante de la Russie en Europe,
  • Le désengagement progressif des États-Unis,
  • L’émergence de technologies critiques et de rupture.

Dans ce cadre, la LPM prévoit un renforcement des investissements dans :

  • La production de munitions,
  • Les capacités logistiques,
  • La préparation opérationnelle des armées.

Paris entend également combler ses lacunes dans des secteurs critiques en cas de retrait américain :

  • Drones
  • Guerre électronique,
  • Frappes à longue portée,
  • Sécurité des communications,
  • Capacité spatiale et satellitaire.

Tous ces domaines sont considérés par l’OTAN comme des «facilitateurs stratégiques» de la puissance militaire.

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Trois piliers de la nouvelle stratégie

Parmi les onze objectifs définis comme prioritaires dans la stratégie de sécurité, trois ressortent clairement :

  1. Relance de la Force de dissuasion nucléaire française, avec un projet de coordination accrue avec le Royaume-Uni, évoqué récemment par Emmanuel Macron et le Premier ministre britannique Keir Starmer.
  2. Préparation de la population à une ère de crises prolongées : militaires, technologiques, cybernétiques et environnementales,
  3. Préparation pré-conflictuelle de l’économie, à travers :
  • L’augmentation des capacités industrielles pour la défense,
  • La constitution de stocks stratégiques de produits critiques,
  • La création de chaînes d’approvisionnement résilientes et plus courtes.

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«Il faut être redouté dans ce monde»

La France refuse de se laisser distancer par ses partenaires et alliés : après que l’Allemagne ait massivement investi dans le réarmement et la défense, Paris entend aussi bénéficier de l’essor industriel et du keynésianisme militaire, après des années où Macron a popularisé le concept d’«économie de guerre».

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Face à un environnement sécuritaire de plus en plus instable, l’Europe pourrait devoir se débrouiller seule. Macron l’a clairement exprimé : la Défense est désormais une priorité absolue pour Paris.

S’adressant aux forces armées, le Président Macron de conclure : «Il faut être redouté dans ce monde. Et pour être redouté, il faut être fort».

Or, selon lui, la France n’est ni l’un ni l’autre aujourd’hui, une situation qu’il compte bien corriger dans les années à venir, à l’heure où la force militaire redevient un outil central de la politique mondiale.

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