(Rome, 27 juin 2025). Nombreux sont qui pensent que les Iraniens poursuivront leur objectif nucléaire en secret, tandis que d’autres redoutent que Kim Jong-un n’apporte, directement ou indirectement, son soutien nucléaire à Téhéran…
Quel avenir pour les ambitions nucléaires Téhéran ?
Les frappes menées par les États-Unis contre certaines installations stratégiques iraniennes pourraient n’avoir fait qu’effleurer les ambitions nucléaires des ayatollahs. Certains experts estiment que les Iraniens continueront à poursuivre leur objectif en secret, à l’instar de ce que fait la Corée du Nord depuis des années. D’autres redoutent, au contraire, que Kim Jong-un n’apporte son aide – directe ou indirecte – à la République islamique pour l’aider à acquérir l’arme nucléaire. Il suffit, pour s’en convaincre, d’écouter le message lancé par le vice-président russe du Conseil de sécurité nationale, Dmitri Medvedev, selon lequel, après la guerre Iran-Israël, «de nombreux pays fourniront des armes nucléaires à Téhéran», écrit Federico Giuliani dans «Il Giornale». Parmi ces «nombreux pays», il est clairement fait référence à la Corée du Nord, pays qui collabore militairement avec l’Iran, depuis longtemps.
Kim étudie les frappes américaines en Iran
«Les Nord-Coréens sont toujours en Iran et aident Téhéran dans ses programmes de missiles et d’armes nucléaires», a déclaré Bruce Bennett, analyste chevronné, actuellement en poste à la «RAND Corporation». Les experts militaires de Kim évalueraient les dégâts causés par les bombes GBU-57 de 30 tonnes larguées par les B-2 américains sur le site nucléaire iranien de Fordow, hautement fortifié. La raison est simple : de telles frappes pourraient-elles paralyser les installations nucléaires de Pyongyang ?
Evans Revere, ancien haut diplomate américain à Séoul, a dressé un constat révélateur : «la Corée du Nord dispose de dizaines d’ogives nucléaires stockées et dispersées à travers le pays. Il est peu probable qu’une attaque américaine puisse détruire toutes ces armes avant que certaines d’entre elles ne soient lancées». En substance, et contrairement à l’Iran, la Corée du Nord ne constitue pas une menace nucléaire potentielle : c’est une véritable puissance nucléaire.
En tout état de cause, le député américain Jim Himes, membre éminent de la Commission du renseignement de la Chambre des représentants, a déclaré sur MSNBC être préoccupé par le fait que les attaques contre les sites nucléaires iraniens n’ait contraint Téhéran à abandonner la diplomatie, mettant fin à toute possibilité de transparence sur son programme nucléaire. Là encore, l’ombre de la Corée du Nord plane.
La Corée du Nord peut-elle aider Téhéran ?
Selon Bruce Bennett, plusieurs techniciens nord-coréens pourraient encore se trouver en Iran. Leur mission ? Aider les Pasdarans à développer leur arsenal, tant conventionnel que nucléaire. Cette hypothèse est renforcée par la collaboration militaire historique entre la République islamique et la République populaire démocratique de Corée. Pyongyang a en effet aidé Téhéran à construire les missiles à moyenne portée Shahab 3, conçus entre 1998 et 2023 suite à une refonte des missiles «Nodong» nord-coréens. La Corée du Nord aurait également participé au développement de la fusée spatiale Simorgh.
Selon les déclarations de Bennett au «New York Sun», les Nord-Coréens restent aujourd’hui essentiels au programme nucléaire iranien. En effet, des ingénieurs et techniciens se trouveraient en Iran pour collaborer avec les Pasdarans. Et l’hypothèse que certains d’entre eux aient péri dans les installations nucléaires frappées par les B-2 américains ne peut être exclue.
Parmi les autres éléments évoqués, mais non confirmées, figure le soutien que Pyongyang aurait fourni à Téhéran pour creuser des tunnels profonds destinés à protéger des installations stratégiques (une similitude aux tunnels du Hezbollah au Liban, qui seraient construits avec un financement de Téhéran et le savoir-faire de Pyongyang) et, surtout, une possibilité encore plus alarmante : que Kim vende des ogives nucléaires aux ayatollahs.
«En ultime recours, Kim pourrait vendre à l’Iran une ou plusieurs ogives nucléaires à faire exploser dans l’atmosphère, dans le cadre d’un test visant à démontrer que les frappes ennemies n’ont pas mis un terme au programme nucléaire», a conclu Bruce Bennett.