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Iran : la disparition de l’uranium enrichi inquiète. Un matériau hautement dangereux porté disparu

(Rome, Paris, 24 juin 2025). Selon plusieurs sources, les stocks d’uranium enrichi à 60 % auraient été déplacés par le régime des Ayatollahs vers un lieu tenu secret

Alors que le monde attend de voir si le cessez-le-feu entre Israël et l’Iran, négocié par les États-Unis et le Qatar, tiendra dans la durée, une autre grande inconnue pèse désormais sur le Moyen-Orient. Il s’agit du sort du programme nucléaire iranien. D’après le président américain Donald Trump, il aurait été entièrement détruit par les bombardiers B-2 lors de l’opération «Midnight Hammer». Toutefois, selon des voix plus pessimistes, le programme n’aurait été que partiellement endommagé et pourrait même se poursuivre, voire s’accélérer, dans le but de doter le régime des Ayatollahs de l’arme atomique, écrit Valerio Chiapparino dans «Il Giornale».

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Même au sein de l’administration républicaine, des doutes subsistent sur la question, notamment sur le sort de l’uranium que Téhéran avait réussi à enrichir avant la campagne de bombardements lancée par Israël le 13 juin. Le premier à avoir exprimé des craintes à demi-mot quant aux stocks d’uranium (suffisants pour produire neuf ou dix bombes atomiques) fut le vice-président J.D. Vance. Interviewé il y a deux jours par la chaîne ABC News, alors que le monde venait à peine d’apprendre les frappes aériennes sur les centrales de Fordow, Natanz et Ispahan, Vance déclarait : «Nous allons travailler dans les semaines à venir pour nous assurer de faire quelque chose à propos de ce combustible».

Le même jour, l’amiral Ali Chamkhani, conseiller du Guide suprême iranien, faisait aussi référence à ce stock radioactif, sur le réseau X. «Même en supposant la destruction complète des sites frappés au matin par Washington, la partie n’est pas terminée, car les matériaux enrichis, les connaissances acquises et la volonté politique restent intacts».

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Le numéro deux de la Maison Blanche a néanmoins précisé que la capacité de Téhéran à transformer cet uranium enrichi en arme de destruction massive «avait de toute façon été fortement réduite», Téhéran ne disposant plus d’équipements nécessaires pour atteindre cet objectif. L’aveu implicite de l’administration républicaine, d’un manque d’information sur des aspects cruciaux du programme nucléaire de Téhéran, a été confirmé par le secrétaire à la Défense Pete Hegseth et le chef d’état-major interarmées Dan Caine lors d’une conférence de presse tenue au Pentagone, est toutefois corroboré par les déclarations du directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, qui a affirmé que le régime des ayatollahs avait déplacé le stock d’uranium avant les frappes.

Selon Grossi, son équipe d’inspecteurs de l’AIEA avait encore vu l’uranium environ une semaine avant les attaques israéliennes. Il a précisé que le stock était conservé dans des conteneurs spéciaux suffisamment compacts pour tenir dans le coffre d’une douzaine de voitures. Des images satellites montrant de longues files de camions près du site (resté inaccessible) à la veille des frappes américaines ont renforcé les soupçons de transfert de ce combustible. Deux responsables israéliens anonymes, cités par le New York Times, ont également laissé entendre que l’uranium aurait été mis à l’abri depuis le site souterrain de Fordow dans les jours précédents.

Téhéran aurait notamment déplacé environ 400 kilogrammes d’uranium enrichi à 60 %. «Nous devons supposer que l’Iran a tout mis en œuvre pour dissimuler ses stocks de combustible dans toutes sortes de lieux secrets», a déclaré l’ancien Premier ministre israélien Naftali Bennett à Fox News. La théorie d’une évacuation préventive soutenue par un analyste iranien interrogé par le Financial Times, qui estime qu’il aurait été «très naïf» de la part du régime théocratique de conserver ces stocks sur les sites pris pour cible par Tel-Aviv et Washington.

Richard Nephew, un ancien fonctionnaire américain ayant travaillé sur l’Iran sous les présidences Obama et Biden, affirme que «d’après ce que nous avons pu comprendre jusqu’à présent», nous ignorons où se trouvent ces matières.

Et d’ajouter : «nous n’avons aucune preuve tangible permettant de dire que nous avons les moyens de les trouver rapidement». «S’ils avaient installé une chaîne de conversion d’uranium et s’ils avaient pu l’enrichir à 90 % à Fordow avant l’attaque, et s’ils avaient eu huit ou neuf jours, ils auraient eu potentiellement le temps de fabriquer deux bombes». Des propos qui inquiètent et menacent désormais la sécurité internationale.

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