(Rome, Paris, 23 juin 2025). Pour la première fois depuis le début de la guerre, le président américain s’ouvre à l’hypothèse d’un «changement de régime». Et, dans la nuit, il lance la provocation «Make Iran Great Again» (MIGA), inspirée de son célèbre «MAGA»
Malgré les assurances répétées sur le caractère strictement «chirurgical» des raids américains contre l’Iran, Washington opère désormais un changement radical, faisant un clin d’œil à l’idée d’un changement de régime. Ce n’est pas que cette idée soit nouvelle ou totalement imprévue, mais cette fois-ci, Donald Trump met clairement les cartes sur la table. Le président américain a ouvertement évoqué la possibilité d’un changement de régime en Iran, relançant le slogan «MIGA – Make Iran Great Again» sur les réseaux sociaux, inspiré de son célèbre «MAGA» (Make America Great Again). «Si le régime actuel est incapable de rendre sa grandeur à l’Iran, pourquoi ne devrait-il pas y avoir un changement de régime ? » a-t-il écrit, alimentant le débat international sur les véritables intentions de la Maison Blanche après les raids contre les sites nucléaires de Téhéran, écrit Francesca Salvatore dans le quotidien italien «Il Giornale».
Si l’opération avait réellement compromis de manière irréversible l’ensemble du programme nucléaire iranien, elle constituerait un coup stratégique majeur, capable de redéfinir l’équilibre régional du Moyen-Orient et de neutraliser une menace existentielle pour Israël. Mais les évaluations actuelles suggèrent une autre réalité : Téhéran pourrait avoir transféré une partie de l’uranium et des infrastructures techniques avant les raids, et la destruction totale des sites n’a pas été confirmée par des sources indépendantes.
À cela s’ajoute la confusion générée par les contradictions internes à l’entourage de Trump. Hier, le vice-président J.D. Vance avait affirmé que les États-Unis «ne sont pas en guerre» avec Téhéran et qu’ils n’entendant pas renverser son gouvernement. Mais, quelques heures plus tard, Trump en personne relance la provocation, alimentant davantage l’incertitude. Vance avait en effet déclaré sur NBC que les États-Unis étaient en guerre contre «le programme nucléaire iranien», qualifiant les récentes frappes d’opportunité pour relancer les négociations interrompues sur la limitation de l’enrichissement de l’uranium. Malgré les tentatives de l’équipe présidentielle de transmettre un message cohérent et circonspect, Trump a continué de faire des déclarations ambiguës et agressives. Tout en appelant à une reprise des négociations, il alimente en ligne des messages qui attisent les tensions et soulèvent des questions sur ses véritables intentions. Cette ambivalence rend difficile de distinguer si Trump cherche simplement à intimider Téhéran ou s’il contribue, de manière incontrôlée, à une escalade qui risque d’étendre la guerre déjà engagée entre Israël et l’Iran.
La balle devrait désormais être dans le camp de Téhéran. Après des jours de bombardements israéliens intensifs et d’attaques américaines contre ses sites nucléaires, l’Iran est confronté à un éventail d’options de riposte, toutes à haut risque. Parmi les scénarios possibles, on peut citer : frapper les nombreuses bases et installations militaires américaines dans la région, fermer le détroit d’Ormuz (un point névralgique du trafic énergétique mondial), lancer des missiles contre les infrastructures pétrolières des alliés des États-Unis, ou encore encourager des attaques terroristes contre les intérêts américains, y compris en dehors du Moyen-Orient. Chacune de ces actions entraînerait des coûts élevés, tant sur le plan militaire que politique.
Toute mesure dans ce sens aurait cependant pour effet de pousser Washington (et le président Trump en particulier) dans une confrontation directe risquant de devenir incontrôlable. Le véritable test pour le leadership américain ne sera pas tant la puissance militaire que sa capacité à gérer l’équilibre délicat entre dissuasion et maîtrise dans un contexte de plus en plus instable.