(Rome, 15 juin 2025). Les dirigeants du G7 se réunissent dans la vallée de Kananaskis, au Canada, pour un sommet marqué par les tensions internationales et l’absence du traditionnel communiqué final. À l’ordre du jour : les conflits en Ukraine et au Moyen-Orient, mais aussi la coopération avec les pays du Sud global
Dans un climat géopolitique de plus en plus tendu, les principaux dirigeants mondiaux affluent en ce moment vers la vallée de Kananaskis, au cœur des Rocheuses canadiennes, où le G7 s’ouvrira demain. Le sommet est accueilli et présidé par le nouveau Premier ministre canadien, Mark Carney, qui a souhaité donner une nouvelle impulsion dès le départ, en décidant de renoncer à la publication du traditionnel communiqué de clôture conjoint. Ce choix suggère que le sommet sera moins cérémonial et plus politique, et que les questions les plus «délicates» seront probablement abordées à huis clos, en dehors des cadres traditionnels de la diplomatie multilatérale, écrit Duccio Fioretti dans «Formiche.net».
Bien que l’ordre du jour officiel inclue aussi les questions économiques et climatiques, le conflit au Moyen-Orient (mais aussi la guerre en Ukraine) est voué à monopoliser l’attention des chefs d’État. Selon Peter Boehm, sherpa du G7 canadien de 2018, «l’agenda de politique étrangère s’est considérablement élargi, et les dirigeants devront trouver un espace pour traiter ces questions, peut-être même par une déclaration». Le Premier ministre britannique Keir Starmer, s’exprimant lors d’un vol à destination du Canada, a qualifié d’«essentiel» le fait d’éviter une escalade au Moyen-Orient, tout en reconnaissant le «droit d’Israël à la défense». Starmer a eu des entretiens directs avec Trump et Netanyahu afin de trouver une voie diplomatique.
Outre les dirigeants du Canada, de la France, des États-Unis, de l’Italie, du Japon, de l’Allemagne et du Royaume-Uni, le sommet canadien verra également la participation de l’Union européenne et d’autres dirigeants invités par Mark Carney, parmi eux, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, et la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum, pour sa première rencontre directe avec Donald Trump. Parmi les autres invités extérieurs au G7 figurent les chefs d’État de l’Inde, du Brésil, de l’Afrique du Sud, de la Corée du Sud, de l’Australie et des Émirats arabes unis.
Pour Giorgia Meloni, ce sommet constituera un test important pour réaffirmer la ligne italienne : fermeté sur la question ukrainienne, attention portée au front sud et volonté de positionner Rome comme un pont entre le G7, le Sud et la Méditerranée élargie. La présence de dirigeants tels que l’Indien Narendra Modi, le Brésilien Lula et le Sud-Africain Cyril Ramaphosa incitera le G7 à dialoguer avec un ensemble international de plus en plus complexe, ce que l’Italie perçoit comme une opportunité d’alignement stratégique dans une perspective euro-atlantique. Dans ce contexte, la position de l’Italie se distingue par sa capacité à allier atlantisme et ouverture au dialogue multipolaire, avec une approche visant à renforcer la cohésion interne du G7, mais aussi à projeter son action vers de nouvelles réalités mondiales. Une posture qui pourrait contribuer à dynamiser un G7 qui, plus que jamais cette année, ressemble à un cabinet de crise planétaire plutôt qu’à un forum économique traditionnel.
Le sommet canadien peut également être considéré comme une étape préparatoire à l’importante réunion de Rome du 20 juin, où se tiendra le sommet conjoint «Le Plan Mattei pour l’Afrique et le Global Gateway : un effort commun avec le continent africain». Coprésidée par Giorgia Meloni et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, la réunion rassemblera à la Villa Pamphilj les dirigeants de l’Union africaine, de l’Angola, de la Zambie, de la République démocratique du Congo et de la Tanzanie, ainsi que les dirigeants des principales institutions financières multilatérales. L’objectif affiché est de renforcer la convergence entre les approches italienne et européenne en matière de développement de l’Afrique, en consolidant la synergie entre le Plan Mattei et le Global Gateway. Un programme qui vise à «européaniser» le rôle moteur de l’Italie en Afrique, en offrant un outil de projection stratégique intégrant les investissements en infrastructures, la coopération énergétique et les partenariats de production.