(Rome, 07 juin 2025). Selon le Wall Street Journal, l’Iran aurait commandé à la Chine d’importantes quantités d’ingrédients nécessaires à la fabrication de missiles balistiques
Des milliers de tonnes de composants servant à la fabrication de centaines de missiles balistiques ont été expédiées de Chine vers l’Iran. C’est ce qu’a révélé le Wall Street Journal, selon lequel Téhéran aurait passé une commande incluant du perchlorate d’ammonium, un élément clé du carburant solide utilisé dans les armements. La raison ? Il semble que le gouvernement iranien cherche à renforcer ses capacités militaires en pleines négociations nucléaires controversées avec les États-Unis. Selon les informations recueillies par le journal américain, les cargaisons devraient arriver à destination dans les prochains mois, et pourraient permettre la production de centaines de missiles. Une partie du matériel serait aussi destinée aux milices de la région alliées à l’Iran, notamment les Houthis au Yémen, comme le rapporte «Il Giornale».
Les affaires commerciales entre Téhéran et Pékin
L’Iran est déterminé à renforcer ses alliés régionaux et à reconstruire son arsenal militaire. Téhéran continue ainsi à accroître ses stocks d’uranium enrichi, a refusé toute limite négociée de son programme de missiles et, surtout, aurait passé des commandes suspectes auprès de la Chine. Ces derniers mois, une entité iranienne nommée «Pishgaman Tejarat Rafi Novin Co.», aurait notamment commandé du matériel suspect à «Lion Commodities Holdings Ltd.», une société basée à Hong Kong. «La partie chinoise a toujours exercé un contrôle strict sur les produits à double usage, conformément aux lois et réglementations chinoises sur le contrôle des exportations et à ses obligations internationales», a déclaré un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.
Cependant, il convient de rappeler que l’Iran possède l’un des plus importants programmes de missiles balistiques de la région. Le perchlorate d’ammonium commandé, un oxydant utilisé dans les feux d’artifice, est essentiel à la fabrication du propergol solide employé dans les missiles balistiques les plus performants de l’Iran. Un précédent fait aussi planer le doute : plus tôt cette année, deux navires iraniens ayant accosté en Chine ont été chargés de plus de 1.000 tonnes de perchlorate de sodium, un précurseur du perchlorate d’ammonium. Ce matériau a été livré dans les ports iraniens entre mi-février et fin mars. Cette quantité de perchlorate de sodium aurait suffi à alimenter environ 260 missiles à courte portée. Le nouveau contrat de perchlorate d’ammonium, signé il y a plusieurs mois, pourrait quant à lui permettre de produire 800 missiles.
Une production accrue de missiles ?
Le 29 avril dernier, le Département du Trésor américain a sanctionné six personnes et six entités basées en Iran et en Chine pour leur rôle dans «l’approvisionnement en ingrédients propulsifs pour missiles balistiques», dont du perchlorate de sodium, destiné au Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI). En mai, le Trésor américain a donc ajouté le perchlorate de sodium à la liste des matériaux utilisés dans les programmes militaires, nucléaires ou balistiques de l’Iran. «Des entités et des individus chinois ont apporté leur soutien au programme de missiles balistiques iranien, ainsi que les efforts de fabrication de missiles et de drones des Houthis. C’est pourquoi nous continuons de les identifier et de les sanctionner», a déclaré un responsable du département d’État américain.
Fabian Hinz, analyste militaire à l’Institut international d’études stratégiques, a expliqué au WSJ que Téhéran avait probablement besoin de matériaux étrangers pour éviter les goulets d’étranglement dans sa capacité de production nationale. Il met toutefois en garde : le stockage de matières combustibles comporte des risques. Une explosion survenue en avril dans le port de Shahid Rajaee, par exemple, a coûté la vie à des dizaines de personnes.