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À Istanbul, la diplomatie reprend : Russie et Ukraine relancent les négociations avec un important échange de prisonniers

(Rome, 16 mai 2025). Les négociations directes entre Moscou et Kiev, entamées à Istanbul pour mettre fin à la guerre en Ukraine, ont commencé avec deux résultats incontestablement notables : d’une part, les belligérants ont convenu du plus grand échange de prisonniers, impliquant un millier de soldats de chaque camp, depuis le début du conflit ; de l’autre, ils ont décidé de poursuivre le processus diplomatique. Ce n’était pas acquis, après plusieurs jours de fortes tensions qui avaient mis en péril la tenue même du sommet, explique Andrea Muratore dans «Inside Over».

«Rencontrons-nous, parlons, négocions !» : trois ans après, d’Istanbul 2022 à Istanbul 2025, la première rencontre directe entre les délégations russes et ukrainiennes pour tenter de mettre fin au conflit qui a dévasté l’Europe de l’Est semble avoir adopté les principes promus par le Pape Léon XIV, il y a deux jours, lors de son audience avec les Églises orientales.

Après de nombreux allers-retours, les illusions d’un sommet entre les présidents Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine, jugé trop prématuré et potentiellement infructueux, et après de longs échanges diplomatiques à distance, la délégation ukrainienne dirigée par le ministre de la Défense Roustem Oumerov et celle de la Russie dirigée par le conseiller présidentiel Vladimir Medinsky se sont finalement rencontrées pour des pourparlers directs. Le chef de la diplomatie turque, Hakan Fidan, jouait le maître de cérémonie, garant de cette initiative destinée à permettre, comme l’a dit le Pape Léon, que «les ennemis se rencontrent et se regardent dans les yeux», afin de discuter de paix.

Autre point important des pourparlers, les délégations ont fait part de la possibilité d’une rencontre entre les présidents Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky, sans engagement précis. Après cette discussion, le ministre ukrainien de la Défense, Roustem Oumerov, a insisté sur ce point, estimant qu’une «réunion au niveau des dirigeants» serait «la prochaine étape» dans ces pourparlers. Vladimir Poutine avait pourtant refusé ces derniers jours de rencontrer son homologue ukrainien, qui lui avait proposé un échange «en personne» en Turquie, rapporte la presse transalpine.

Fidan, homme de diplomatie et d’intelligence, connaissant bien la valeur des mots et de l’information politique, a commenté la rencontre entre les délégations de «journée importante pour la paix dans le monde» et a annoncé que «les parties ont également convenu en principe de se revoir».

Cela prendra du temps : cette réunion n’a pas abouti au cessez-le-feu tant espéré par Kiev, ses alliés européens et les États-Unis, mais jusqu’ici refusé par la Russie. Un responsable ukrainien a déclaré à l’Associated Press que Moscou avait formulé des «demandes inacceptables» concernant le retrait des troupes ukrainiennes du front. Medinsky, quant à lui, a affirmé à la presse que Moscou considérait les pourparlers d’aujourd’hui comme une continuation des pourparlers avortées de 2022, sur fond de critiques de la partie ukrainienne selon lesquelles la délégation envoyée par Poutine n’avait pas pour mandat de s’engager dans des négociations sérieuses», note le Guardian.

Entre-temps, les États-Unis et l’Union européenne s’alignent de nouveau sur l’idée de faire pression sur la Russie avec de nouvelles sanctions si Moscou n’accepte pas un cessez-le-feu. Ce n’est que le début d’un processus de dialogue direct, le premier depuis des années, dont l’issue est incertaine. Mais la décision de la Russie et de l’Ukraine de se regarder en face et de reprendre la parole, représente la seule lueur d’espoir pour mettre fin à la guerre par le courage du compromis. Quiconque croyait pouvoir décider de la fin de la guerre sans Moscou ou Kiev a été contredit. Désormais, l’honneur et le fardeau de mettre fin au conflit incombent aux deux belligérants : les discussions futures devront déterminer s’il existe une base, un espace et une volonté pour y parvenir.

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