(Rome, Paris, 19 avril 2025). La Première ministre italienne joue un rôle de «pont», un rôle «accueilli positivement» par Ursula von der Leyen et Antonio Costa. Pourtant, certaines chancelleries européennes ne voient pas d’un bon œil la rencontre annoncée avec Trump prévue justement à Rome
Il y a ceux qui voient le verre à moitié plein, et ceux à moitié vide. Ce qui est certain, c’est que la Première ministre italienne, Giorgia Meloni, a été jusqu’à présent la seule dirigeante européenne à avoir réussi à ouvrir un dialogue avec le président américain Donald Trump. Elle a utilisé une tactique astucieuse, s’appuyant sur des affinités idéologiques communes : la lutte contre la culture «woke», opposition à l’immigration illégale, combat contre le fentanyl et le slogan «Make West Great Again», et à la fin, elle a obtenu un rendez-vous, devenu hier une déclaration commune : Trump viendra bientôt en Italie. Ce qui, combiné à la phrase du magnat «il y aura à 100% une négociation avec l’UE», laisse espérer une ouverture diplomatique susceptible de sauver divers secteurs économiques et le PIB des pays européens de la menace des tarifs douaniers, comme l’explique Cristiana Raffa sur la chaine «Rai News».
Les États-Unis et l’Italie s’accordent, comme le précise le texte signé par les deux dirigeants, sur la nécessité «d’œuvrer pour garantir que les échanges commerciaux entre les États-Unis et l’Europe soient mutuellement avantageux, équitables et réciproques». De plus, l’engagement de Trump à venir à Rome est également écrit noir sur blanc : «Le président Trump a accepté l’invitation de la Première ministre Giorgia Meloni pour une visite officielle en Italie dans un avenir proche. Il est également envisagé d’organiser, à cette occasion, une rencontre entre les États-Unis et l’Europe».
A Bruxelles, certains ont fait la grimace après l’annonce d’un éventuel sommet UE-États-Unis à Rome, bien que Meloni ait auparavant informé les dirigeants de l’Union qu’elle tenterait de faire avancer cette proposition lors de son voyage à Washington, et bien qu’elle ait aussi parlé à Ursula von der Leyen au téléphone avant et après son déplacement pour convenir de la position à adopter. La rencontre entre Meloni et Trump a été officiellement qualifiée de «positive» par les hauts responsables de la Commission européenne, et le rôle de «constructrice de ponts» joué par la Présidente du Conseil italien a été largement reconnu.
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L’organisation des sommets internationaux relève de la compétence du Conseil européen, et donc du Portugais Antonio Costa. Ainsi, la déclaration conjointe faite hier par Meloni et Trump sur la visite officielle à Rome dans un avenir proche est perçue par certains comme une remise en cause du rôle institutionnel de l’UE. Ce n’est pas un hasard si Ursula von der Leyen a utilisé ces mots exacts en commentant la réunion à la Maison Blanche : «Conversation positive, la mission est une opportunité de créer des ponts dans le respect des rôles».
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Comme l’écrivent aujourd’hui plusieurs analystes politiques, et non seulement en Italie, la démarche de Meloni est en réalité européiste, si l’on considère que son objectif est de sauver le commerce transatlantique et, avec lui, les relations entre les puissances occidentales. Surtout si l’on garde à l’esprit que les tentatives de dialogue entre le commissaire européen au Commerce, Maros Sefcovic, et le secrétaire américain au Commerce, Howard Lutnick, ont jusqu’à présent échoué.
Il est utile de rappeler qu’un sommet de l’OTAN est prévu en juin à La Haye, aux Pays-Bas, auquel Trump devrait également assister. Il sera suivi d’un Conseil européen à Bruxelles. Il y aurait donc déjà de bonnes occasions pour le magnat de rencontrer les dirigeants de l’Union européenne.