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Pour la Russie, les Casques bleus européens en Ukraine est un pas vers l’escalade

(Rome, 22 février 2025). Pour les Russes, «peu importe sous quelle forme», si des soldats européens «apparaissent» en Ukraine, cela ne sera qu’un pas vers l’escalade. C’est ce qu’a déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Alexandre Grouchko, en réaction ç l’hypothèse d’un déploiement des forces maintien de la paix européens pour garantir le respect d’une éventuelle trêve. Pour le ministre Sergueï Lavrov, qui s’est limité à un seul mot relayé par Interfax, il a qualifié la présence des casques bleus européens d’«inacceptable», écrit Davide Bartoccini dans «Inside Over».

Selon le haut diplomate russe, qui a employé le terme «apparition», comme s’il voulait suggérer que l’OTAN chercherait à justifier une présence militaire en soutien à Kiev sous couvert de paix et de négociations, il n’y aurait «aucune indication» d’une percée dans les relations entre Moscou et les pays européens. Grushko a également jugé «stupéfiant» que les dirigeants du Vieux Continent réclament une place à la table des négociations américano-russes sous l’égide de l’Arabie saoudite. Comme si les Etats européens de l’Alliance atlantique n’avaient pas joué, dans ces 3 années de conflit, un rôle fondamental dans le soutien à Kiev et dans l’équilibre des forces face à l’agresseur russe qui semble désormais réhabilité par la Maison Blanche.

Le Royaume-Uni pousse pour un déploiement

Ces derniers jours, le Premier ministre du Royaume-Uni, Sir Keir Starmer, avait appelé l’Europe à «prendre les devants et à envoyer des troupes en Ukraine» afin de participer à tout accord de paix qui, dans les phases ultérieurs des négociations, devra nécessairement inclure le gouvernement ukrainien et des représentants européens, affirmant que le gouvernement de Londres est prêt à mettre les soldats britanniques «en danger» pour faire respecter une trêve. Une déclaration préoccupante, surtout lorsqu’elle est associée à ce que les Ukrainiens ne cessent de répéter : à savoir que les Russes ne sont pas enclins à respecter les accords.

L’Allemagne prend ses distances

Le chancelier allemand Olaf Scholz, qui a qualifié l’idée d’envoyer des soldats de la paix de «totalement prématurée» et «hautement inappropriée», a déjà rejeté l’idée britannique. Accusé depuis le début du conflit d’avoir participé avec des unités de l’ombre déployées aux côtés de Kiev, notamment sur le plan du renseignement, mais aussi via des forces spéciales, et de montrer trop d’intérêt pour un soutien inconditionnel à l’Ukraine dans sa défense acharnée contre la Russie.

En 2024, mais aussi auparavant, le FSB, les services secrets russes, avait accusé les Britanniques d’avoir utilisé sur le territoire ukrainien des membres du SBS, le «Special Boat Service», une unité de raiders d’élite faisant partie de la «Royal Navy» spécialisée dans le sabotage et les actions de guérilla. La même année, il était question du rôle joué par le SIS, les services secrets britanniques, qui aurait collaboré avec la CIA pour former les services de renseignement ukrainiens. Dès 2022, la possible implication d’opérateurs du «Special Air Service», une autre unité d’élite britannique, avait été jugée plausible par de nombreux analystes.

Un risque d’incidents en cas de présence internationale

La présence d’un contingent international garant de la trêve en Ukraine, où opèrent de nombreuses brigades paramilitaires russes et ukrainiennes, ainsi que des mercenaires, pourrait entraîner des risques d’incidents et d’échanges de tirs. Le Premier ministre britannique a toutefois insisté sur le fait qu’une force européenne de maintien de la paix en Ukraine ne pourrait voir le jour qu’avec la volonté et le soutien de Washington. Or, jusqu’à présent, les Etats-Unis ont refusé de soutenir cette initiative, et semblent avoir d’autres plans, visant à mettre fin ou simplement «geler» le conflit, alors que celui-ci continue de faire des victimes sur le front européen de l’OTAN.

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