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Israël : ce que nous savons du nouveau missile de croisière antinavires Gabriel 5

(Rome, Paris, 10 février 2025). Israël teste un missile de croisière antinavire à courte portée pour faire face aux menaces dans le domaine maritime

L’échiquier de l’Asie occidentale est actuellement caractérisé par des tensions persistantes et des défis sécuritaires qui placent Israël devant une nécessité fondamentale : maintenir et renforcer ses capacités militaires. Dans ce contexte, la marine israélienne apparaît comme un acteur de premier plan, jouant un rôle stratégique dans la défense des routes maritimes et la protection des intérêts nationaux. L’innovation technologique apparaît donc comme un élément clé pour assurer la supériorité opérationnelle et la dissuasion, nous explique Marco Pizzorno dans le quotidien «Il Giornale».

Récemment, la flotte de missiles de la marine israélienne a collaboré avec la Direction de la Recherche et du Développement de la défense du ministère israélien de la Défense ainsi qu’avec l’industrie aérospatiale israélienne (IAI) pour mener avec succès le test du missile «Gabriel V», spécifiquement conçu pour attaquer des cibles maritimes. Lors de cet exercice, un missile a été tiré vers un navire simulant un ennemi, permettant d’évaluer l’efficacité du système dans des scénarios opérationnels réels.

Le test a clairement démontré, avec succès, la capacité du système à détecter et à frapper sa cible, un élément essentiel de la stratégie offensive de la Marine. Ce succès renforce non seulement les capacités de combat de la Marine, mais améliore également son aptitude à relever les défis dans un environnement complexe et dynamique.

Le général Yehuda Elmakias, chef de l’unité de Recherche et Développement DDR&D, a qualifié le test de grand succès, soulignant qu’il confère à la force navale une plus grande liberté opérationnelle et renforce ses capacités offensives. Il a également mis en avant l’importance de continuer à investir dans le développement des capacités militaires pour garantir la sécurité des citoyens israéliens.

Le capitaine A, chef du département d’armement de la Marine, a quant à lui affirmé que ce test représentait une avancée significative en matière de capacités offensives, permettant de mieux répondre aux menaces maritimes actuelles. En outre, il a salué le professionnalisme des militaires impliqués, affirmant que les compétences démontrées étaient déjà utilisées dans des opérations de combat, offrant ainsi un avantage substantiel.

Enfin, Boaz Levy, PDG d’IAI, a exprimé sa fierté pour la contribution de l’entreprise au développement du missile «Gabriel V», le qualifiant système de frappe navale le plus avancé au monde. Il a confirmé que le missile répondait aux spécifications de lancement et atteignait sa cible prévue, soulignant l’engagement constant d’IAI dans l’amélioration des capacités de la marine israélienne et à contribuer au développement de systèmes de combat de pointe.

Ce que nous savons des missiles antinavires «Gabriel»

L’analyse des sources ouvertes permet d’avoir un aperçu détaillé de la famille de missiles antinavires Gabriel, qui ont été adoptés par l’armée de l’air et la marine israéliennes depuis leur première introduction en 1972. Cette famille de missiles comprend cinq variantes et a été adoptée par au moins dix pays.

Le premier modèle de la série fut le Gabriel Mk 1, développé dans les années 1960 et mis en service pour la première fois en 1972. Ce missile a connu son baptême du feu lors de la guerre du Kippour en 1973, prouvant immédiatement son efficacité au combat. En 1976, une version améliorée, le Gabriel Mk 2, fut introduite. Mesurant 3,42 mètres de long pour un poids de 522 kilogrammes, le Mk 2 a une portée maximale de 35 kilomètres et utilise un système de guidage radar semi-actif. Ce missile a été exporté vers des pays tels que Taïwan et l’Afrique du Sud, où il a pris des noms locaux tels que Hsiung Feng 1 et Skorpioen.

La troisième version, le Gabriel Mk 3, a été introduite en 1980 et a apporté avec elle des améliorations majeures dans la technologie de guidage. D’une longueur de 3,85 mètres et d’un poids de 560 kilogrammes, le Mk 3 conserve une autonomie de 35 kilomètres, mais dispose d’un système de navigation inertielle avec mises à jour en vol.

L’analyse montre que les missiles Gabriel peuvent être lancés depuis diverses plateformes, y compris des navires, des bases terrestres et des avions, offrant ainsi un large éventail d’options stratégiques aux forces armées qui les utilisent. Les dimensions de ces missiles varient, avec des longueurs allant de 3,42 à 4,7 mètres et un diamètre compris entre 0,34 et 0,44 mètre. Le poids au lancement peut varier de 522 à 960 kilogrammes, ce qui confère au missile une certaine robustesse et une capacité opérationnelle.

Chaque missile est équipé d’une seule ogive, conçue pour exploser à haut potentiel avec des caractéristiques semi-perforantes, les rendant particulièrement efficaces contre les navires ennemis. En termes de propulsion, les missiles Gabriel utilisent du carburant solide, la version Gabriel Mk 4LR intégrant un turboréacteur, offrant une meilleure puissance et des performances accrues.

La portée des missiles Gabriel est variable, s’étendant d’un minimum de 35 kilomètres jusqu’à un maximum de 400 kilomètres, ce qui les rend adaptés à une variété de scénarios opérationnels. Actuellement, les modèles Mk 2 et Mk 3 sont considérés comme opérationnels et leur production est finalisée.

Le rôle stratégique du Gabriel V également dans la Baltique

Le système de missiles Gabriel V, connu en Finlande sous le nom de «système 2020», représente également une avancée significative pour la marine finlandaise, puisqu’il remplace le système anti-navire RBS15 existant. Ce missile, installé sur les corvettes de classe Hamina et les nouveaux navires de classe Pohjanmaa, fait partie intégrante du programme Squadron 2020.

Développé par «Israel Aerospace Industries» (IAI), le Gabriel V possède une portée de plus de 200 km, un système de guidage radar sophistiqué et la capacité d’opérer dans des conditions météorologiques défavorables. La marine finlandaise prévoit également de déployer des versions terrestres du missile sur des véhicules, élargissant encore ses capacités opérationnelles dans la région de la Baltique.

L’acquisition du Gabriel V, approuvée en 2018, s’est déroulée dans un cadre concurrentiel, mettant en évidence la nécessité pour la Finlande de se doter de technologies modernes afin d’assurer la sécurité maritime. L’introduction du Gabriel V dans la marine finlandaise marque une étape majeure dans la modernisation des forces armées du pays, renforçant sa position stratégique dans la région baltique. Dans un contexte géopolitique caractérisé par des tensions et des défis sécuritaires croissants, l’adoption de systèmes avancés tels que le Gabriel V renforce non seulement la capacité de dissuasion de la Finlande, mais contribue aussi à une plus grande stabilité régionale.

La Finlande, dotée d’un arsenal militaire modernisé, s’impose comme un acteur clé plus pertinent dans le paysage sécuritaire européen, démontrant sa détermination à faire face aux menaces émergentes et à coopérer avec ses alliés pour une défense collective renforcée.

Ce choix stratégique illustre non seulement la volonté de la Finlande de protéger ses intérêts nationaux, mais aussi son engagement à favoriser une coopération régionale accrue, alors que les équilibres de pouvoir dans la région Baltique évoluent rapidement.

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