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Suisse : naissance du parti islamique, «nous voulons le droit de porter le voile»

(Rome, Paris, 06 février 2025). Il sera officiellement fondé le 1er mars, jour du début du Ramadan, et une campagne de recrutement est en cours dans les mosquées suisses

Un parti islamique est sur le point d’être fondé au cœur de l’Europe. Dans la Confédération helvétique, des démarches ont été engagées pour la création du Parti islamique suisse, avec l’intention est de répondre à l’UDC, un parti conservateur, qui met en garde depuis longtemps contre les risques de radicalisation. La Suisse, écrit Francesca Galici dans «Il Giornale», est un pays laïc et interdit depuis longtemps tous les dispositifs empêchant la reconnaissance faciale, y compris la burqa, le nijab et tous les autres couvre-chefs islamiques qui ne permettent pas l’identification. C’est aussi pour lutter contre cette loi et pour répondre à l’UDC que Besim Fejzulahi, arrivé en Suisse il y a 35 ans en provenance de Macédoine, a décidé avec 10 autres musulmans, de fonder le Parti islamique.

«Nous voulons être un contrepoids à l’UDC et expliquer que l’islam est différent de ce que montrent les médias». Le cadre est alors posé. Besim Fejzulahi a l’intention de créer un parti politique pour répondre à la propagande anti-islamique prônée selon lui par le premier parti de Suisse. Chauffeur de camions, sunnite de 56 ans, ce qui lui manque encore, ce sont des adhérents, rapporte la presse locale.

Le Parti sera symboliquement actif à partir du 1er mars, jour du début du Ramadan 2025, et a sa propre idée spécifique est de faire de la Suisse un pays plus accueillant pour les musulmans. «Nous voulons lancer une initiative pour lever l’interdiction des minarets», a déclaré l’homme, qui n’est pas un novice en politique et qui a déjà tenté, sans grand succès, de se présenter aux élections dans le canton de Thurgovie par le passé. Et encore une fois, il souhaite défendre la liberté des femmes musulmanes de porter le voile, même en public : «Cela ne me dérange pas de voir des religieuses dans la rue», a-t-il dit. Ses déclarations sont certes provocatrices mais pas trop dénués de fondement, selon ceux qui le connaissent.

Fejzulahi dénonce un préjugé profondément ancré contre l’islam, selon lequel tous les musulmans sont des terroristes. Il ambitionne de changer cette perception. Parmi les 30 points de son programme, figure une mesure visant à «pallier la pénurie de travailleurs qualifiés grâce à une immigration ciblée». Selon la presse suisse, une véritable campagne de recrutement d’adhérents est actuellement en cours dans les mosquées du territoire Suisse. Les promoteurs du Parti estiment que les formations politiques traditionnelles ne répondent plus aux besoins d’une société en mutation. C’est pour cette raison aussi qu’ils réclament dans leur programme l’introduction de cours en langue maternelle dans les écoles.

L’UDC rejette la vision de Fejzulahi et, par la voix de Pascal Schmid, conseiller national du parti, impute la mauvaise réputation de la religion musulmane aux «islamistes radicaux qui appellent à l’instauration du califat dans les rues d’Allemagne» et des «élèves musulmans refusant de serrer la main de leurs enseignantes». L’élu insiste sur la nécessité de défendre les valeurs de liberté suisses et s’oppose fermement à autoriser à nouveau la construction de minarets, rapporte encore la presse locale. «Dire que mon parti attise des préjugés contre l’islam est absurde». Et Schmid d’ajouter : «Quiconque place la religion au-dessus de la Constitution fédérale et ne respecte pas l’égalité des sexes n’est pas le bienvenu».

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