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L’idée folle de Trump qui séduit 80 % des Israéliens : expulser les Palestiniens de Gaza

(Rome, Paris, 05 février 2025). Le plan de Trump pour Gaza, comme on pouvait facilement s’y attendre, a rencontré un grand succès parmi les messianiques, et non seulement. Faire de la Bande de Gaza une scintillante «Riviera du Moyen-Orient» est un projet qui entousiasme, et pas qu’un peu, les factions politiques les plus à droite de Tel-Aviv. A tel point qu’Aryeh Deri, président du parti ultra-orthodoxe Chas, a fait l’éloge du magnat, le qualifiant de «messager de Dieu en soutien au peuple d’Israël». Bezalel Smotrich, l’actuel ministre israélien des Finances, a également commenté les déclarations de Donald Trump, affirmant que ce projet prévu marquerait «l’aube d’un nouveau jour pour Israël». Les messianiques n’étaient pas les seuls à accueillir favorablement d’éventuels projets futurs sous impulsion américaine. Significatif, a été le commentaire du chef du parti d’opposition Unité nationale, Benny Gantz, qui a qualifié le plan de Trump de «créatif, original et intéressant», écrit Claudia Carpinella dans le média italien «Inside Over».

Des aides financières à ceux qui quitteront définitivement Gaza

Itamar Ben-Gvir, qui a récemment rejoint l’opposition en raison de son opposition à l’accord de cessez-le-feu dans la bande de Gaza, ne pouvait pas manquer à l’appel. Le chef du «Force juive» s’est dit «prêt à réintegrer la coalition gouvernementale si Benyamin Netanyahu commence à concrétiser le plan de Trump». En fait, il a même présenté un projet de loi «afin de faciliter le grand projet pour Gaza». Comme le rapporte The New Arab, «l’objectif principal est d’encourager la migration volontaire des habitants de la bande de Gaza et de la Cisjordanie». Une proposition qui circule depuis un certain temps déjà dans les cercles de l’extrême droite israélienne. En substance, pour inciter ce processus, le projet de loi prévoit d’offrir un package d’aides économiques, établi par le ministre des Finances après consultation du ministre de la Défense, à ceux qui quittent définitivement l’enclave palestinienne ou la Cisjordanie. En outre, les tuteurs de mineurs seront tenus de signer des déclarations en leur nom, les engageant à respecter la même politique de non-retour. La sanction pour ceux qui veulent retourner dans leur pays d’origine (que ce soit à Gaza ou la Cisjordanie) sera de rembourser «le double du montant reçu pour partir».

Les réactions de la population israélienne

Les réactions à la Knesset étaient prévisibles. Pour comprendre ce que pensent les Israéliens à ce sujet, le sondage publié par le «Jerusalem Post» et réalisée par le «Jewish People’s Policy Institute» (JPPI, un groupe de réflexion basé en Israël qui produit des recherches stratégiques et des recommandations politiques concernant le peuple juif et Israël) est révélateur : environ «80 % des Israéliens soutiennent fermement la proposition du président Donald Trump de transférer la population de Gaza vers d’autres pays». Le sondage, publié avant la rencontre du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu avec Donald Trump à Washington, a révélé que huit juifs israéliens sur dix soutiennent l’idée de voir «les Arabes de Gaza transférés vers un autre pays», tandis que la majorité des Arabes israéliens s’opposent bien sûr, et à juste titre, à cette «proposition». En outre, 43 % des Israéliens, juifs et arabes confondus, estiment que le plan de Trump est «pratique» et devrait être poursuivi, tandis que 30 % des Israéliens juifs répondent que le plan «n’est pas pratique, mais souhaitable», indiquant ainsi qu’ils soutiennent l’idée mais ne la considèrent pas comme réalisable.

Une mince lueur d’espoir, au milieu du ressentiment généralisé est représentée par les 13 % d’Israéliens, qui ont qualifié la proposition du président américain d’«immorale». Le JPPI observe que l’idée de transférer la population palestinienne de Gaza, autrefois considérée comme illégitime par beaucoup, trouve désormais un soutien croissant parmi les juifs israéliens. Des sondages similaires sur la relocalisation des Palestiniens de Cisjordanie, réalisés dans les années 1990 et au milieu des années 2000, ont généralement trouvé des niveaux de soutien allant de 40 à 50 % parmi les Juifs de Tel-Aviv.

L’indignation de certaines organisations juives

Aux États-Unis, plusieurs organisations juives et hommes politiques ont sévèrement critiqué le plan de Donald Trump pour Gaza, le qualifiant d’irresponsable et déconnecté de la réalité. Jeremy Ben-Ami, président de «J Street», a exprimé son dégoût face à l’idée d’un déplacement forcé de Palestiniens soutenu par les États-Unis, accusant Trump de mettre en péril la démocratie américaine et à l’État de droit. Halie Soifer, PDG du «Jewish Democratic Council of America», a également condamné le plan, déclarant que «les Juifs américains le rejettent massivement et que l’idée d’une intervention militaire américaine à Gaza est tout simplement insensée». D’autres voix juives du monde entier condamnent les propos de Trump, tenus aux côtés d’un Netanyahu radieux. Une indignation qui, pour le moment, reste encore faible comparée à la détermination de ceux qui continuent d’attiser les flammes du Moyen-Orient.

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