(Rome, 17 janvier 2025). Les socialistes français disent non à la motion de censure présentée par les Insoumis (LFI). Le PS convaincu par le Premier ministre notamment avec la promesse de l’introduction de la proportionnelle
131 voix en faveur de la censure contre le gouvernement de François Bayrou, présentée par la France Insoumise (LFI), les Verts et le Parti communiste français (PCF), 288 auraient été nécessaires pour faire tomber le gouvernement. Le Parti socialiste (PS), qui ne s’était pas associé à l’appel à la motion de censure, a choisi de rejeter celle-ci (bien que 6 députés aient voté pour, tandis que trois défections ont été notées chez les Verts et le PCF). La gauche apparaît divisée sur cette première action, mais cela ne signifie pas que le Nouveau Front Populaire est enterré, écrit Anna Maria Merlo dans «Il Manifesto».
Olivier Faure, secrétaire du PS, a expliqué le choix : le PS reste dans l’opposition, il n’y a pas d’accord de «non-censure» avec le gouvernement, une défiance est possible «à tout moment» (par exemple dans quelques semaines lors du vote sur le budget), mais hier soir le PS a constaté qu’il était possible «d’obtenir des concessions qui n’auraient pas été possibles sans ces discussions». «Nous n’avons pas honte de ces négociations», a-t-il ajouté. La position du PS repose sur une raison fondamentale pour ne pas voter la censure» : «Nous avons choisi de ne pas pratiquer la politique du pire parce que cela peut conduire à la pire des politiques, c’est-à-dire à l’arrivée de l’extrême droite».
François Bayrou s’est ouvert à quelques concessions, qui devront être confirmées : une légère ouverture sur les retraites, pas d’abrogation de la loi Borne ni même une suspension, mais l’organisation d’un «conclave» entre les partenaires sociaux – un dialogue qui n’a pas été organisé avant la réforme – pour parvenir à des propositions, sans «totems ni tabous», y compris le relèvement de l’âge de la retraite fixé à 64 ans. Ensuite, le Parlement «aura le dernier mot», a promis Bayrou, bien que cela passe d’abord par une analyse de la Cour des comptes pour évaluer l’état du financement des retraites. Ce processus prendra un peu plus de deux semaines.
Le PS a été peu convaincu par cette démarche d’un dialogue encadré sur la réforme des retraites, hésitant jusqu’à la dernière minute avant de décider de ne pas voter la censure, alors Bayrou a fait d’autres concessions : dans une lettre adressée aux socialistes, en plus de rouvrir la discussion sur les retraites et la promesse de maintenir leur indexation sur l’inflation en 2025, le Premier ministre s’est engagé à ne pas supprimer les 4.000 postes d’enseignants prévus par son prédécesseur Michel Barnier, à supprimer les trois jours de carence (une période non rémunérée en cas de maladie) pour les fonctionnaires, à adopter des mesures en faveur du logement, à éviter l’augmentation du ticket modérateurs pour les consultations médicales et à confirmer la taxe sur les hauts revenus (bien que son caractère temporaire reste flou).
«Le PS est seul», réagit Jean-Luc Mélenchon leader de la France Insoumise, les trois autres groupes de la gauche ont voté la censure et nous poursuivrons la lutte». Pour Manuel Bompard, coordinateur de LFI, Bayrou a choisi de «gouverner par la peur et de pointer le canon de la paralysie du pays sur le temple de l’opposition», ajoutant que «certains élus, pourtant, pour en finir avec le macronisme, se préparent aujourd’hui à sauver le gouvernement et à servir de béquille à la continuité de sa politique». Pour Bompard, Bayrou a fait preuve d’un «talent d’illusionniste» sur les retraites, et il n’y aura jamais de révision de l’âge à 64 ans. «Votre temps est compté, si vous ne tombez pas aujourd’hui, vous tomberez dans quelques jours», a-t-il averti.
Le vote d’hier faisait en effet suite au discours de politique générale, prélude aux véritables décisions du gouvernement. A ce titre, le Rassemblement National, comme il l’avait déjà fait avec Barnier, n’a pas voté la censure. Mais rien n’est toutefois sûr concernant le budget, dans quelques semaines. Le PCF a pour sa part justifié son vote en faveur de la censure préventive en affirmant que les communistes, qui contrairement à LFI avaient accepté un bref dialogue avec Bayrou, avaient «fait des propositions, mais vous n’avez rien fait». Pour les Verts, aucun progrès n’a été réalisé : «Une augmentation du budget de l’écologie ? Non. Renoncer à la dérogation du 49.3 ? Non. Abroger la réforme des retraites ? «Non». Ils dénoncent également les 30 milliards d’économies prévues dans le budget d’austérité.
Bayrou a réussi à convaincre le PS avec la promesse d’introduire la proportionnelle. Selon le système utilisé pour les européennes, où l’équilibre s’est inversé à gauche : LFI a à peine frôlé 10%, tandis que le Ps est monté à 13%. Mélenchon vise à contraindre Emmanuel Macron à la démission, faisant tomber un gouvernement après l’autre, tandis que le PS, qui manque de candidat crédible, attend l’échéance de 2027. Le tout sous la menace d’une victoire du Rassemblement national.