Terrorisme en Europe: la Pologne arrête un libanais soupçonné d’appartenir à l’Etat islamique. A qui profiterait le crime? Toujours aux mêmes pompiers-pyromanes

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(Roma 21 avril 2020). La Pologne a annoncé lundi 20 avril avoir arrêté un ressortissant libanais soupçonné de préparer des attentats terroristes en Europe de l’Ouest. L’homme dont l’identité n’a pas été révélée, aurait des liens avec Daech (Etat islamique – EI), a été interpellé au cours de la semaine précédente, car il présentait une menace réelle pour la sécurité intérieure de la Pologne, à travers des attentats projetés sur le territoire, mais aussi pour la sécurité régionale. Le terroriste présumé préparait également, selon les autorités, des attaques dans d’autres pays de l’Union européenne. Il avait des liens familiaux avec les terroristes de Daech en Syrie et en Irak et était aidé financièrement ce groupe terroriste.

Il convient de rappeler que la majeure partie de l’encadrement de Daech, comme des autres groupes terroristes islamistes en Syrie notamment, avaient été libérés des prisons du régime syrien sur ordre de Bachar Al-Assad en 2011 et 2012, et la fuite des prisons irakiennes de milliers d’autres avait été facilitée par le gouvernement de Nouri Al-Maliki, sur ordre de l’Iran. La prise de Mossoul, pourtant protégée par plus de 30.000 soldats, avait également été organisée pour permettre à Daech de s’emparer des millions de dollars et des tonnes d’or stockés à l’antenne de la Banque centrale irakienne de Mossoul. Daech avait également pris le contrôle de plus de 7.000 véhicules Toyota sur les 10.000 commandés par Nouri Al-Maliki. La menace de ce groupe avait ainsi permis à l’Iran et au Hezbollah de justifier leur ingérence en Irak et en Syrie, d’une part, et les exactions de Daech avaient sérieusement terni l’image de l’opposition syrienne et des irakiens qui s’étaient soulevés contre les régimes répressifs. Daech a davantage combattu l’Armée Syrienne Libre que les forces du régime, et permis à Assad de s’imposer comme un moindre mal par rapport à l’Occident, en mettant ses interlocuteurs devant un choix crucial: « moi ou Daech. »

Ce rappel historique est essentiel pour conclure que « si Daech peut encore aujourd’hui commettre des attentats en Occident, il faut s’interroger sur ses capacités de résilience, d’une part, et remonter la chaîne de commandement pour savoir à qui profiteraient ces attentats », rappelle une source proche des services de renseignement libanais. Celle-ci rappelle qu’il est indispensable de « réfléchir loin de l’émotion et à tête froide » car les faits ont prouvé, par le passé, une certaine proximité et complicité, ou du moins des services rendus, entre les régimes iranien, syrien, irakien et le Hezbollah, d’une part, et Daech d’autre part, même si idéologiquement, Daech n’appartient aucunement à la même branche de l’islam. Notre source rappelle comment le Hezbollah et le régime syrien avaient évacué et protégé les combattants de Daech de la frontière syro-libanaise où ils étaient menacés par l’armée libanaise, à travers le territoire syrien jusqu’à Deir Ez-Zor, et comment Damas avait exploité Daech contre les Druzes de Souweïda pour les soumettre, et contre Palmyre, le joyau du désert, pour retourner l’opinion publique internationale en faveur d’Assad, après avoir gazé la population de la Ghouta en 2013 notamment… Consciemment ou de par la naïveté de ses combattants, Daech a été exploité par ses créateurs. La menace actuelle contre l’Europe, révélée par la Pologne, peut encore relever du même schéma. Reste à savoir à qui pourrait profiter des attentats actuellement? »

Et de conclure, notre source avoue ne pas détenir la réponse, mais n’exclut pas que « des attaques terroristes qui seraient revendiqués par Daech apporteraient de l’eau au moulin de l’Iran et de la Syrie. Téhéran négocie une levée des sanctions financières sous prétexte humanitaire pour lutter contre le Covid-19. Quant à Damas, il rêve d’une contribution européenne au financement de la reconstruction de la Syrie avant même de trouver une solution politique à la guerre. En commanditant des attentats en Europe, Téhéran et Damas pourraient ainsi proposer leur coopération contre le terrorisme et revenir à la table des négociations. Un tel scénario pourrait permettre à Assad d’échapper à des poursuites judiciaires pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Un dossier qui pèse sur lui comme une épée de Damoclès, pour avoir utilisé des armes chimiques contre des civils. La manipulation est marqueur ADN du régime: un pompier pyromane ».

Paolo S.