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Syrie : le chef des djihadistes s’exprime, «notre objectif est de renverser Assad»

(Rome, 6 décembre 2024). Dans une interview exclusive accordée à CNN, Al Jolani parle de lui et précise les objectifs de son groupe

Abou Mohamad al-Joulani, chef de «Hayat Tahrir al-Cham», a assuré que l’objectif de la coalition rebelle est «de renverser à terme le président autoritaire Bachar al-Assad». Dans une interview exclusive accordée à CNN, Al Joulani a clairement affirmé que l’objectif du groupe est de mettre fin au régime d’Assad, écrit Francesca Salvatore dans le quotidien «Il Giornale».

Les objectifs d’Al Joulani

La dernière fois qu’al Joulani s’était prêté aux micros d’un média occidental, c’était sur la chaine France 24 il y a un an, dans un lieu tenu secret en Syrie : le djihadiste confirme que l’intention de son groupe est d’établir un gouvernement fondé sur des institutions et sur un «conseil élu». «Lorsque nous parlons d’objectifs, l’objectif de la révolution reste le renversement de ce régime. C’est notre droit d’utiliser tous les moyens disponibles pour atteindre cet objectif», a-t-il déclaré. «Les Iraniens ont essayé de faire revivre le régime, en lui faisant gagner du temps, et plus tard, les Russes ont également tenté de le soutenir. Mais la vérité reste la même : ce régime est mort», a-t-il souligné.

«La Syrie mérite un système de gouvernement institutionnel, et non un système dans lequel un seul dirigeant prend des décisions arbitraires».  Si HTS réussissait à renverser le régime d’Assad, il y aurait une transition vers «un état de gouvernement, des institutions, etc.», a assuré al-Joulani. Le chef des rebelles djihadistes admet que lors de l’avancée «il y a eu quelques violations contre les minorités pendant les périodes de chaos, mais nous sommes parvenu à régler ces problèmes», a-t-il dit, selon la presse occidentale.

A lire : La Russie et l’Iran se précipitent au secours du régime syrien : «Assad pourrait tomber»

Depuis leur sortie de leur poche de territoire au nord-ouest du pays il y a plus d’une semaine, les rebelles ont fait des progrès incroyablement rapides, prenant le contrôle de la deuxième plus grande ville du pays, Alep, avant de marcher sur la ville stratégique de Hama et de s’en emparer. L’offensive choc a porté un coup à Assad et à ses partisans en Iran et en Russie, ravivant une guerre civile qui couvait toujours. Les rebelles syriens avancent vers Homs et se trouvent désormais à cinq kilomètres de la troisième ville du pays, après avoir pris le contrôle de la ville stratégique de Hama hier. C’est ce qu’a rapporté l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), basé à Londres : au cours des dernières heures, les rebelles «sont entrés dans les villes de Rastan et Talbissé», situées dans la province de Homs, en l’absence totale des forces du régime, a indiqué l’OSDH, ajoutant que les rebelles se trouvaient désormais à cinq kilomètres de Homs.

Le jeu d’Al Joulani 

Les forces de l’opposition syrienne sont décentralisées et composées d’idéologies différentes, bien qu’unies par un objectif commun : renverser le régime d’Assad. Mais le cursus du HTS et d’al Joulani dans les mouvements islamistes jette une ombre sur ses ambitions. Al Joulani et l’ensemble de son groupe semblent parfois rappeler les talibans au tout début de leur retour à Kaboul : des attitudes, des promesses et des invitations qui semblaient vouloir faire croire que le début d’un nouveau cap est imminent. Mais rien de nouveau ni de bon ne s’est produit. Al Joulani, dans ces heures, tente d’endosser l’aura du leader en essayant de perdre l’apparence du djihadiste : cela est également démontré par le «scénario» de l’interview, avec peu de certitude, en plein jour, il a essayé de transmettre la fiabilité, la discussion calme avec (en plus) une journaliste.

La «transformation» d’Al Joulani

Dans le territoire syrien contrôlé par les rebelles, il est clair qu’il agit moins comme un homme recherché que comme un homme politique. Après que les forces qui lui sont fidèles ont pris le contrôle d’Alep, il a fait une apparition publique dans la citadelle historique de la ville : en fait, un leader caché reste rarement un leader. Al Joulani dit qu’il a traversé des épisodes de transformation au fil des années. «Une personne de 20 ans aura une personnalité différente de celle d’une personne de 33 ou 40 ans, et certainement d’une personne de 50 ans. C’est la nature humaine». Il a fait ses armes en tant que jeune combattant d’Al-Qaïda contre les États-Unis en Irak.

De retour dans son pays pendant la guerre civile syrienne, il a dirigé la filiale du groupe terroriste en Syrie alors appelée «Jabhat Al Nosra». Il a continué à rompre ses liens avec Al-Qaïda et son organisation est devenue «Hayat Tahrir Al-Cham», également connue, début 2017, sous le nom d’Organisation de libération du Levant.

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