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Le laser anti-drone déployé à Téhéran, un système chinois pour la défense de Khamenei

(Rome, 11 octobre 2024). Un système laser anti-drone de fabrication chinoise est apparu lors d’un événement public à Téhéran, démontrant le renforcement des défenses iraniennes contre la menace croissante des drones, ainsi que la consolidation des liens avec Pékin

Certaines images de la ville de Téhéran diffusées la semaine dernière, et notamment celles d’un sermon prononcé par le Guide suprême de la République islamique, l’ayatollah Ali Khamenei, présentent un détail important.

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Au sein du système de sécurité mis en place pour protéger le religieux lors de son discours, se distingue la présence d’un dispositif laser à énergie directe doté de fonctions anti-drones, qui ressemble libéralement à un système développé et produit par la République populaire de Chine.

De nombreux observateurs internationaux ont d’abord identifié ce système laser comme une variante du «Silent Hunter», un système d’arme de fabrication chinoise déjà déployé dans des pays tels que l’Arabie Saoudite, écrit Lorenzo Piccioli dans «Formiche.net». Toutefois, une analyse plus approfondie des images a révélé que le système vu à Téhéran correspond plus étroitement au «Shen Nung», un autre système de défense laser de fabrication chinoise conçu spécifiquement pour contrer la menace des drones, du moins d’après une série de spécifications perceptible à l’œil nu.

En particulier, le «Silent Hunter» dispose d’une seule grande ouverture circulaire sur le côté droit de son axe central, tandis que le système observé à Téhéran présente une ouverture circulaire plus grande sur le côté gauche, et une ouverture plus carrée sur le côté droit. La conception du mât central du système observé dans la capitale iranienne est également différente de celle du «Silent Hunter». Les deux caractéristiques semblent toutefois correspondre plus aux détails figurant dans le matériel promotionnel chinois le «Shen Nung».

Selon les informations disponibles, le «Shen Nung» est équipé d’un radar capable de détecter les drones jusqu’à une distance de cinq kilomètres et d’un laser d’une puissance comprise entre dix et vingt kilowatts, ce qui le rend capable de neutraliser des cibles dans un rayon de trois kilomètres par des attaques aveuglantes ou, dans certains cas, de les détruire complètement si elles s’approchent à moins d’un kilomètre et demi. Cependant, l’une des principales limites des systèmes laser réside dans leur capacité à traiter qu’une seule cible à la fois et dans le temps nécessaire pour recharger le système entre deux tirs, qui est estimé à environ cinq minutes pour le «Shen Nung».

La présence d’un tel système est un signal significatif sur de multiples plans parallèles. D’une part, la présence de ces systèmes symbolise la crainte de Téhéran d’une attaque menée contre lui avec des systèmes sans pilote. Au cours des mois précédents, Israël a démontré qu’il était capable d’utiliser des drones pour mener des opérations d’attaque ciblées, visant à éliminer des figures de l’Axe de la Résistance. Et après que le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu a promis des représailles militaires contre le pays chiite suite à sa dernière attaque aux missiles contre Israël, disposer de capacités de défense efficaces est encore plus important que jamais pour le régime des ayatollahs. Le déploiement du système «Shen Nung» ne se fait pas seul : les images mentionnées précédemment montrent également la présence d’autres systèmes de défense avancés aux côtés du laser, notamment ce qui semble être un système méga-ondes de haute puissance et (éventuellement) un brouilleur électronique. Cela suggère que Téhéran met en œuvre une défense multicouche contre les drones, en intégrant différentes technologies pour accroître de manière exponentielle l’efficacité de son périmètre de défense.

En outre, l’acquisition par Téhéran de technologies avancées telles que le système «Shen Nung» met en évidence le lien croissant entre Pékin et Téhéran qui, sous la pression internationale croissante et disposant de ressources limitées pour le développement autonome de technologies de pointe, trouve en la Chine un allié essentiel pour améliorer ses capacités militaires.

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