Le «nouveau Prigozhin», Apti Alaudinov, le Tchétchène qui mène la reconquête de Koursk

0
169

(Rome, 16 septembre 2024). Apti Alaudinov fait peu à peu la une des journaux militaires sur la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Il commande l’unité des forces spéciales tchétchènes «Akhmat» et pourrait être l’héritier de Ramzan Kadyrov

Il y a quelques heures, il a annoncé que les forces armées russes avaient «libéré» le village de Borki, dans la région de Koursk, ce même village qui était passé sous contrôle ukrainien après la récente contre-offensive de Kiev. Ses hommes l’ont satisfait, lui, qui se demandait ces derniers jours sur sa chaîne Telegram «pourquoi l’ennemi» était «toujours dans la région de Koursk» malgré tous les moyens, en hommes et en blindés, que Moscou avait transférées sur place.

Le général de division Apti Alaudinov fait lentement la une des chroniques militaires sur la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Il commande l’unité des forces spéciales tchétchènes «Akhmat», un régiment du nom du défunt président tchétchène Akhmat Kadyrov, assassiné il y a plus de 20 ans, et mène la reconquête, pour le compte du Kremlin, des portions de territoire rongées par les soldats de Zelensky en août, écrit Federico Giuliani dans «Il Giornale».

Qui est le général de division Apti Alaudinov

Le général Alaudinov dirige une unité considérée comme l’armée privée de l’actuel chef de la République tchétchène, Ramzan Kadyrov, bien qu’elle ait été intégrée aux forces armées russes. Un portrait du père de Kadyrov, Akhmat, orne le drapeau de l’unité spéciale devant laquelle Alaudinov lui-même se tient habituellement en exprimant sa surprise face à l’incapacité des forces russes à repousser les Ukrainiens.

Oui, car depuis le début de l’incursion ukrainienne à Koursk, ce militaire est devenu l’un des commentateurs de guerre les plus visibles en Russie. Il publie quotidiennement des vidéos et des textes sur Telegram pour ses près de 300.000 abonnés, il est cité par les agences et les médias, et les talk-shows le reçoivent comme invité. La question mérite d’être posée : Alaudinov n’est-il qu’un simple propagandiste, ou Moscou cherche-t-il de faire de lui le successeur de Kadyrov ?

Il faut d’abord comprendre son profil. Alaudinov est né dans la région du Caucase du Nord, à l’extérieur de la Tchétchénie. Son père, son frère aîné et d’autres membres de sa famille sont morts pendant la première guerre entre la petite république et la Fédération de Russie. Il a étudié le droit et a travaillé au ministère tchétchène de l’Intérieur, gravissant rapidement les échelons jusqu’à devenir vice-ministre. Il était considéré comme un proche collaborateur de Kadyrov, bien que, selon les médias, il y ait eu une rupture entre les deux hommes fin 2010. Pour cela, il aurait été «mis à la retraite» et transféré à Moscou.

L’homme qui mène la reconquête de Koursk

Le reste fait partie de l’actuelle l’histoire, ou presque. Après l’offensive russe en Ukraine en 2022, Alaudinov a pris le commandement de l’unité des forces spéciales Akhmat, peut-être aussi pour regagner les faveurs de Kadyrov. Pour ses services, le Kremlin lui a décerné le titre de Héros de la Russie. En avril 2024, il a également été nommé chef adjoint de la Direction politico-militaire principale des forces armées russes, où il partage la responsabilité de l’organisation de «la propagande et de l’agitation militaro-politique».

Ses contacts au sein de l’élite tchétchène et son rôle de commandant des forces spéciales d’Akhmat, pour lesquelles il recrute des volontaires dans toute la Russie (et punit sur le terrain ceux qui tentent de fuir en leur tirant dessus, sans pitié), le rendent particulièrement apte à attirer différentes cibles publiques. Cependant, sa maîtrise des médias sociaux l’ont jusqu’à présent aidé à diffuser des alertes et des messages au sein même du ministère de la Défense.

Il n’est pas exclu qu’Alaudinov soit destiné à combler le vide laissé par la mort d’Evgueny Prigozhin, défunt chef du groupe Wagner, ainsi qu’un futur héritier fictif et hypothétique de Ramzan Kadyrov.