Ce que signifient les propos d’Erdogan : un soutien à Gaza, y compris militaire

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(Rome, 30 juillet 2024). Le président turc a parlé d’un éventuel soutien militaire aux Palestiniens, et même si cela reste pour l’instant une provocation (comme d’autres déjà faites dans le passé), que se passerait-il si cela se produisait ? Pour rappel, la Turquie est membre de l’OTAN…

Que ferait l’OTAN si la Turquie, comme l’a dit Erdogan, entrait militairement à Gaza ? «Il n’y a aucune raison pour que nous ne puissions pas reproduire le schéma qui a eu lieu en Libye et au Karabakh, nous devons être forts pour pouvoir prendre ces mesures», a déclaré le président turc, choisissant la voie des menaces contre Tel-Aviv, écrit Francesco De Palo dans «Formiche.net».

Une démarche qui pourrait avoir des conséquences encore plus graves que les menaces elles-mêmes et qui ne contribue pas à un scénario diplomatique, tout comme le secrétaire d’État américain Anthony Blinken appelle à la retenue, après l’attaque du Hezbollah sur le plateau du Golan.

Turquie contre Israël

Les propos d’Erdogan sont clairs, soigneusement choisis tant en termes de références historiques que de teneur, et touchent aux stratégies turques appliquées à ce pays d’Afrique du Nord depuis 2020, accompagnées par le choix d’Ankara de mettre fin aux relations commerciales avec Israël, en réaction à l’arrêt de l’action d’Israël contre le Hamas. Le lieu où Erdogan a prononcé ces propos n’est pas accidentel : il se trouvait dans sa ville natale, Rize, une occasion au cours de laquelle il a souligné le renforcement de l’industrie nationale de défense.

Mais ce n’est pas tout, puisque la Turquie compare une fois de plus Netanyahu à Hitler, affirmant que les dirigeants «génocidaires» connaîtront leur fin. Auparavant, le ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan avait écrit sur la plateforme X que «notre président est devenu la voix de la conscience de l’humanité, ceux qui tentent de faire taire cette voix juste, en particulier les cercles sionistes internationaux, y compris Israël, sont dans un état de grande panique». L’histoire s’est terminée de la même manière pour tous les responsables du génocide et leurs partisans».

La réponse de Tel-Aviv

Le ministre israélien des Affaires étrangères Israel Katz a comparé Erdogan au dictateur irakien Saddam Hussein : «Erdogan suit la voie de Saddam Hussein et menace d’attaquer Israël. Il devrait simplement se souvenir ce qui s’est passé là-bas et de la façon dont cela s’est terminé», a-t-il écrit sur X. Ce n’est pas la première fois que les deux hommes croisent les lames de la dialectique. Déjà en janvier dernier Katz avait réagi avec colère après qu’Erdogan se fut vanté d’avoir présenté des preuves pour aider à soutenir le procès intenté par l’Afrique du Sud à la Cour internationale de Justice, accusant Israël de génocide.

«Le président de la Turquie, le pays qui a perpétré le génocide arménien et pensait que le monde garderait le silence, est aujourd’hui ‘fier’ d’avoir remis des documents accusant Israël de génocide au tribunal de La Haye», avait écrit Katz sur X.

Les scénarios

Il semble clair qu’au-delà du poids spécifique des mots, soigneusement choisis par Erdogan, il s’agit d’une action qui rencontrerait plus d’obstacles que de faveurs, et Erdogan en est pleinement conscient. En effet, en tant que membre de l’OTAN, si la Turquie tentait d’entreprendre une action militaire contre la guerre à Gaza, elle se heurterait à de nombreuses difficultés politiques et bureaucratiques, avec le risque de provoquer le scénario que tout le monde dit vouloir éviter : l’élargissement massif du conflit comme une traînée de poudre. D’ailleurs, depuis l’attaque du Hamas en octobre dernier, le président turc s’est souvent retrouvé en désaccord avec ses alliés occidentaux, les accusant à plusieurs reprises de soutenir un prétendu plan israélien visant à «propager intentionnellement la guerre» à travers le Moyen-Orient.

Il semble également difficile de ne pas identifier un lien entre la position d’Erdogan et les excès iraniens à l’encontre de Benyamin Netanyahu. Comme l’a souligné dans «Arab News» Ronald S. Lauder, président du Congrès juif mondial, il est «fondamental de donner du pouvoir à ceux qui promeuvent la paix», sans pour autant enflammer les esprits avec des propositions ou des menaces qui s’éloignent de cet objectif premier.