(Rome, 02 juillet 2024). La vague de (l’extrême) droite conquiert la France, mais cela pourrait ne pas suffire. Voici pourquoi et qui sont les ennemis de la démocratie
S’il s’agissait d’une question de logique, nous pourrions la définir comme le paradoxe démocratique français (et non seulement). L’histoire est la suivante. Le président Emmanuel Macron perd le consensus lors des dernières élections européennes, et en misant tout au risque de tout perdre, dans l’espoir de tout gagner, il dissout le Parlement. C’est un pari, comme celui d’un aventurier politique. Le sens est plus ou moins de demander aux Français de choisir entre lui, champion des valeurs occidentales, et les brutes qui se pressent au-delà de la barrière, celles de la droite imprésentable que le système français a toujours maintenue hors des portes des palais. Le résultat, pas si surprenant, est que les électeurs se réveillent et vont voter dès le premier tour comme cela ne s’était pas produit depuis des années. C’est une sorte de printemps démocratique qui tire un verdict clair. Les brutes ne sont pas perçues comme des brutes, et non seulement, ils ne font pas peur, mais ils contaminent, circonscription par circonscription, l’hexagone qui délimite le territoire français, avec la Corse en dehors du Continent. La carte éclaire ce qui s’est passé sans trop de mots. La couleur qui indique les votes des «lepénistes» est très répandue et couvre les provinces et les campagnes, les banlieues et les quartiers. Elle ne suffit pas pour gouverner, car le second tour est une autre paire de manche, mais elle indique quelque chose que l’on ne peut ignorer, écrit Vittorio Macioce dans son décryptage dans «Il Giornale».
C’est là que se situe le paradoxe. Emmanuel Macron, qui a appelé les Français à faire un signe, dit que ces votes sont sales, maudits et insensés. Il dit que ces votes représentent une menace mortelle pour la démocratie. Ces votes sont des déchets noirs auxquels tous les humains de bonne volonté doivent s’opposer au nom de la démocratie et de la liberté. C’est un appel à la grande alliance contre les sauvageons. Mais avec qui ? Ici, Macron décide de décharger sa mémoire courte et s’emploie à mettre en place des pactes de désistement avec la «France insoumise», celle de Monsieur Mélenchon, qui l’a même dépassée dans le consensus et avec qui, jusqu’à hier, il semblait impossible de dialoguer. Tout cela se produit parce que nous devons sauver la démocratie de la dérive démocratique. Ceux qui votent ne savent pas ce qu’ils font. On ne peut jamais faire confiance à l’électeur ordinaire. C’est ainsi que tous ceux qui se considèrent comme de vrais démocrates se mettent à répéter qu’Hitler est lui aussi en quelque sorte le fils d’une démocratie imprudente, comme si cette France était celle de Weimar. Mais ici une autre question se pose. Bardella est-il comme Hitler ? Le Rassemblement national est-il nazi ? Car si c’est vraiment le cas, ils n’auraient même pas dû participer aux élections. En revanche, s’il s’agit d’un parti conservateur ou réactionnaire, c’est une autre histoire. Les réactionnaires peuvent ne pas être appréciés, mais ils ne représentent pas un danger pour la démocratie. Dernier point. Le jeune Bardella sort, difficilement, les «lepénistes» de leurs côtés obscurs. Son mouvement ne va pas vers l’extrême droite. Ne serait-ce que parce que cela ne lui convient pas. Macron, paladin de l’Occident, pour le maintenir de l’autre côté de la barrière, préfère plutôt signer un pacte avec Mélenchon qui, lui, passe plutôt de l’autre côté, de l’autre côté d’une frontière qui sympathise avec Poutine et ne cache pas ses sentiments viscéraux à l’égard d’Israël.
Nous faisons semblant de ne pas voir que la France Insoumise de Mélenchon rejette, non seulement l’idée de l’Occident, mais considère les valeurs démocratiques libérales comme obsolètes ou comme une fiction idéologique de l’impérialisme américain. Alors, où est la démocratie dans ce jeu ? Et qui sont ses ennemis ? Ne posez pas la question à Macron, car il a désormais perdu toutes les réponses.