Si les otages ne sont pas libérés, Israël «frappera Rafah d’ici le 10 mars»

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(Paris, Rome, 19 février 2024). Benny Gantz, membre du cabinet de guerre israélien, a prévenu que l’offensive, en préparation depuis longtemps, contre la ville de la bande de Gaza, située à la frontière égyptienne, sera lancée avant le début du Ramadan si le Hamas ne libère pas les prisonniers

Israël lancera le mois prochain son offensive contre Rafah, si le Hamas ne libère pas les derniers otages détenus à Gaza d’ici le début du Ramadan. C’est ce qu’a déclaré Benny Gantz, membre du cabinet de guerre israélien. « Le monde doit savoir, et les dirigeants du Hamas doivent savoir que si nos otages ne sont pas rentrés chez eux avant le Ramadan, les combats se poursuivront partout, y compris dans la région de Rafah », a déclaré Gantz, chef d’état-major militaire à la retraite, lors d’une conférence réunissant des dirigeants des Juifs américains à Jérusalem dimanche, tel que rapporté par l’agence «AGI».

Le Ramadan, le mois sacré pour les musulmans, devrait commencer le 10 mars. Le gouvernement israélien n’avait pas précisé de date limite pour l’assaut prévu contre la ville, où la plupart des 1,7 million de Palestiniens déplacés ont trouvé refuge. Craignant le risque de massacres de civils, les gouvernements étrangers et les organisations humanitaires ont à plusieurs reprises exhorté Israël à épargner la dernière grande ville de la bande de Gaza qui n’a pas été envahie par les troupes terrestres au cours des quatre mois de guerre.

Netanyahou ne cède pas

Malgré la pression internationale croissante, notamment l’appel direct du président américain Joe Biden, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu insiste sur le fait que la guerre ne peut être achevée sans pression sur Rafah. S’exprimant lors de la même conférence à Jérusalem dimanche, Netanyahu a renouvelé sa promesse de « terminer le travail pour parvenir à une victoire totale » sur le Hamas, avec ou sans accord sur les otages.

Gantz a ajouté qu’une offensive serait menée de manière coordonnée et en dialogue avec les Américains et les Egyptiens pour faciliter l’évacuation et « minimiser autant que possible les pertes civiles ». Mais on ne sait pas exactement où les civils peuvent se rendre en toute sécurité dans la bande de Gaza assiégée.

Des négociations en crise

Ces commentaires interviennent après des semaines de pourparlers sur le cessez-le-feu qui n’ont pas abouti à un accord, le principal médiateur du Qatar ayant reconnu ce week-end que les perspectives s’assombrissaient. Washington, principal allié et soutien militaire d’Israël, a fait pression pour une trêve de six semaines en échange de la libération des 130 otages, selon Israël, toujours détenus à Gaza, dont une trentaine sont présumés morts.

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Israël a déclaré qu’il pensait qu’un grand nombre de ces otages, ainsi que les dirigeants du Hamas, se cachaient à Rafah. Les miliciens ont pris en otages environ 250 personnes lors des attaques du 7 octobre qui ont déclenché la guerre, faisant environ 1.160 morts en Israël, selon un décompte de l’AFP à partir de données israéliennes. Selon le ministère de la Santé du territoire contrôlé par le Hamas, la campagne de représailles d’Israël a tué au moins 28.858 personnes, «pour la plupart des femmes et des enfants».

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Borrell : impossible d’éviter les victimes civiles

« Nous devons continuer à faire pression sur Israël pour qu’il comprenne qu’il y a beaucoup de monde à Rafah et que s’il lance une attaque militaire, il sera impossible d’éviter des pertes civiles qui sont déjà insoutenables et continueront d’accroître. Il s’agit de respecter le droit humanitaire. C’est notre message fort que j’ai répété à maintes reprises. Je veux que les Vingt-Sept soutiennent ce message et nous y sommes presque, mais tout le monde n’y est pas encore », a déclaré le Haut Représentant de l’UE pour la politique étrangère et de sécurité, Josep Borrell.

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« La seule solution est de libérer les otages. On ne peut pas s’attendre à ce que l’opération militaire s’arrête alors que les otages sont toujours détenus. Un accord doit donc être trouvé et j’encourage les deux parties », a-t-il ajouté. « Je tiens à remercier l’excellent travail accompli » par le Qatar dans la recherche d’une solution qui doit commencer par un accord sur la libération des otages et immédiatement après, ou simultanément, la cessation des hostilités : c’est le travail politique que nous pouvons faire », a-t-il souligné.

L’UE n’est toujours pas unanime sur les sanctions contre les colons

« Nous devons parler de la guerre à Gaza, mais nous ne devons pas oublier ce qui se passe en Cisjordanie, où la violence des colons se poursuit. J’ai proposé que les États membres prennent des mesures pour sanctionner les colons violents, qui sont à l’origine d’actions terroristes contre les Palestiniens en Cisjordanie », a ajouté Joseph Borrell.

« Nous n’en sommes pas encore là, je n’ai pas encore l’accord de tous les Etats membres, mais je continuerai à avancer car si nous voulons maintenir notre crédibilité, nous devons dénoncer ce qui se passe en Cisjordanie ». « La Cisjordanie est en ébullition et s’ils n’autorisent pas les gens à aller dans les mosquées, la situation pourrait encore empirer. Voyons ce que diront les ministres aujourd’hui », a conclu le chef de la diplomatie européenne.