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Tel-Aviv-Téhéran: affrontement à distance, escalade et risque nucléaire en arrière-plan

(Paris, Rome, 22 janvier 2024). Une guerre politique et religieuse, des coups d’épingle, mais personne ne veut entrer dans un conflit direct. Les ayatollahs travaillent sur les armes nucléaires pour les rendre inattaquables

Il s’agit d’une guerre fantôme capable d’apparaître et de disparaître aux quatre coins du Moyen-Orient. Mais c’est aussi le cauchemar de toute la région. L’assassinat avant-hier à Damas de deux dirigeants des Pasdaran iraniens, déchiquetés par un missile israélien, en est une nouvelle manifestation. Un coup très dur pour Téhéran, un mois après l’assassinat, toujours en Syrie, de Reza Moussawi, un autre haut commandant des Pasdarans. Le conflit fantôme entre l’État hébreu et la République islamique est aujourd’hui la mère de toutes les guerres du Moyen-Orient. Pour Israël, il s’agit d’un conflit «existentiel» susceptible de remettre en cause son existence même. Pour l’Iran, déterminé à conquérir l’âme et l’esprit des masses islamiques, il s’agit d’une sorte de Saint Graal, comme le rapporte «Il Giornale».

Pour l’heure, le jeu se joue uniquement derrière les lignes. Israël mène la danse en éliminant les scientifiques et les commandants nucléaires. Téhéran agit par procuration en s’appuyant (outre le Hamas et le Djihad islamique à Gaza et en Cisjordanie) sur les milices chiites en Irak, les Houthis au Yémen et le Hezbollah au Liban. L’Iran et Israël partagent toutefois l’objectif commun d’empêcher que ce fantôme ne se transforme en un véritable conflit. Pour Israël, un affrontement direct avec l’Iran est impensable, ce qui l’obligerait à combattre de Gaza au Liban, de la Cisjordanie à la Syrie, avec le risque de surprises aux frontières jordaniennes et égyptiennes. Un conflit trop important pour une armée de 180.000 conscrits et 450.000 réservistes, mais en même temps capable de plonger un pays dans une souffrance économique obligée (pour déployer ces 450.000 réservistes) de renoncer à une main d’œuvre essentielle. Dans ce scénario, la seule façon d’affronter Téhéran est de le faire sous l’aile protectrice de son grand allié américain. Mais pour l’Amérique de Joe Biden, fraîchement sorti d’Irak et d’Afghanistan et proche du défi présidentiel, une confrontation directe avec l’Iran est le dernier des scénarios possibles.

Sur l’autre front, les calculs des dirigeants iraniens pèsent lourd. Un leadership bien conscient qu’une économie affaiblie par les sanctions transformerait l’affrontement simultané avec le «Petit» et le «Grand Satan» en suicide. Il est donc préférable de ne pas répondre aux coups portés par Israël, mais d’accélérer la course au nucléaire, sachant que seule la possession de l’arme atomique rendra l’Iran inattaquable. Ce n’est pas un hasard si les centrifugeuses destinées à l’enrichissement de l’uranium fonctionnent à plein régime.

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À tel point que Rafael Grossi, directeur de l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique), a déclaré que Téhéran était «très proche» de posséder l’uranium enrichi nécessaire pour faire exploser un engin nucléaire.

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Bien entendu, posséder l’uranium ne signifie pas être capable de construire une arme atomique. C’est également la raison pour laquelle l’Iran vise à maintenir le «Grand» et le «Petit Satan» dans l’impasse et à déplacer ses alliés par procuration avec prudence, en faisant la distinction entre l’essentiel et le (non essentiel) superflu. Le Hezbollah est certes essentiel, permettant à Israël d’être tenu en joue et ne doit pas être sacrifié dans une guerre, qui, pour une population libanaise réduite à la pauvreté, est inacceptable. Tout aussi indispensables sont les milices chiites utilisées pour attaquer les forces américaines en Irak et exiger leur retrait du pays, déjà demandé au niveau politique par le Premier ministre pro-iranien Mohammed Chia al-Soudani. D’autre part, il y a le Hamas, qui, en empêchant le rapprochement entre Israël et l’Arabie Saoudite, est sacrifié ayant déjà accompli sa tâche ; ainsi que les rebelles Houthis envoyés au combat pour bloquer les lignes commerciales d’Israël et de ses alliés occidentaux. Mais sur l’échiquier, les pions deviennent de plus en plus piteux. Et la bataille finale se rapproche chaque jour.

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