Italie. Conférence sur les migrants, Meloni: «le rôle de l’Italie n’est pas une idée abstraite, nous sommes un pont entre l’Europe et l’Afrique»

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(Rome, Paris, 23.07.2023). La Première ministre lors de l’événement organisé à Rome : « La conférence d’aujourd’hui était importante et nos attentes ont été dépassées ». Étaient présents les dirigeants de la quasi-totalité des États de la rive sud de la Méditerranée élargie, du Moyen-Orient et du Golfe, les pays de l’UE et certains partenaires du Sahel et de la Corne de l’Afrique, les responsables des institutions européennes et des institutions financières internationales

« J’ai pris conscience du rôle que l’Italie peut jouer en Méditerranée, en Afrique, au Moyen-Orient, qui sont notre hier, notre aujourd’hui et notre demain. Ce ne sont pas des idées abstraites et le rôle que l’Italie peut jouer n’est pas abstrait ». C’est en ces termes que la Première ministre Giorgia Meloni s’est exprimée lors de la Conférence internationale sur le développement et la migration, organisée, à son initiative, au siège du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale (La Farnesina). La Conférence a réuni les dirigeants de la quasi-totalité des États de la rive sud de la Méditerranée élargie, du Moyen-Orient et du Golfe, les pays de l’UE et certains partenaires du Sahel et de la Corne de l’Afrique, les responsables des institutions européennes et des institutions financières internationales. Dans le détail, étaient présents cinq chefs d’État (Tunisie, Émirats arabes unis, Mauritanie, Libye, Chypre), huit premiers ministres (Libye, Éthiopie, Égypte, Malte, Jordanie, Nigéria, Algérie, Liban), et huit ministres (Arabie saoudite, Maroc, Oman, Koweït, Turquie, Grèce, Qatar, Bahreïn). Étaient également présents les chefs d’organisations internationales, ainsi que les chefs de nombreuses agences des Nations Unies, comme le rapporte la chaine «Sky Tg24».

«Pont Europe-Afrique»

« Nous sommes inévitablement un pont entre l’Europe, l’Afrique et le Moyen-Orient », a dit la Première ministre. « Pourtant, depuis que nous avons imaginé cette conférence, nous avons dépassé nos attentes en matière de participation extraordinaire : aucune nation invitée n’était absente aujourd’hui ». « Les échanges commerciaux entre l’Italie et l’Afrique ont enregistré une augmentation moyenne de près de 7% et s’élèvent aujourd’hui à près de 70 milliards d’euros. L’année dernière, nos importations ont augmenté de près de 90% », a poursuivi Madame Meloni, lors de la conférence de presse sur les migrants. « L’Italie a ce qu’il faut pour jouer un rôle de premier plan en Méditerranée et en Afrique, a-t-elle ajouté. Non seulement pour l’attention qu’elle a toujours su porter à ces pays en termes d’investissements, mais aussi pour son approche ». « Une coopération non prédatrice, a poursuivi Meloni, qui doit aider ces nations, les accompagner, essayer de comprendre leurs difficultés. D’où l’initiative de cette conférence ».

L’importance de la coopération

« Nous devons renforcer les initiatives contre la pauvreté, la question de la coopération est la plus importante », a souligné Meloni. L’initiative d’aujourd’hui à la Farnesina « n’était pas seulement une question de discours, c’est une initiative que nous appelons le «Processus de Rome». Des pays qui, jusqu’à présent, n’avaient pas coopéré, comprennent aujourd’hui que les intérêts convergent et que nous devons coopérer. Je parle de «Processus» parce que nous nous donnons une voie large, c’est le début d’une voie stratégique, d’autres pays seront impliqués et le travail sera pluriannuel ». Selon Meloni, il est nécessaire d’«arrêter les réseaux de traite des êtres humains : c’est un objectif que nous partageons tous». Parallèlement, « il faut aider ceux qui fuient la guerre et le terrorisme et qui ont besoin que le droit international soit respecté ».

Meloni: les frontières existent et la migration doit être gérée

« Jusqu’à présent, en Italie, on disait que la migration ne pouvait pas être limitée et que les frontières n’existent pas. Ce n’est pas mon approche, précisément parce que les frontières existent et que la migration doit être gérée », déclare Meloni. Une question qui, selon elle, est « différente » de celle des réfugiés, pour lesquels « nous devons nous occuper de la manière de garantir l’asile à ceux qui fuient réellement la guerre, la persécution et le terrorisme ».

«Interroger l’UE sur l’accord avec la Tunisie»

« C’est peut-être une question que vous devriez poser à l’Union européenne étant donné qu’il s’agit d’un accord signé entre l’UE et la Tunisie », a déclaré la Première ministre en réponse à une question posée lors de la conférence de presse sur la possibilité de lier l’aide accordée à la Tunisie au respect des droits de l’homme. Par ailleurs, Madame Meloni a rappelé que « la Tunisie est en extrême difficulté et la laisser à son sort pourrait avoir des conséquences très graves ». Meloni a ajouté qu’«une politique étrangère où l’on pense qu’on ne peut parler qu’en 3-4, risque d’aggraver la situation. La démocratie crée le développement, le développement crée la démocratie».

Meloni: avec le blé, la Russie affame l’Afrique et offense l’humanité

« Je condamne fermement le non-renouvellement de l’accord sur le blé. L’utilisation d’une denrée alimentaire comme arme de guerre est une offense à l’humanité. Nous devons travailler sur une voie diplomatique pour l’accord, mais la communauté internationale doit apporter un soutien maximal aux pays africains ». La Première ministre Giorgia Meloni a tenu ces propos à la fin de la conférence sur les migrants à la Farnesina.

Regeni, Meloni: problème non classé, je m’en occupe

« Le problème Regeni n’a pas été «archivé», je continue à m’en occuper, comme je l’ai fait avec Patrick Zaki », a déclaré Meloni. « Je crois que le résultat obtenu avec Zaki est le résultat d’une position italienne, du respect des nations souveraines. C’est le résultat d’une action diplomatique basée sur le respect mutuel et sur la patience », a ajouté Meloni.

Meloni: «nous avons besoin de migrants mais pas d’entrées illégales»

« L’Italie et l’Europe ont besoin d’immigration mais nous ne pouvons pas donner le signal que ceux qui entrent illégalement seront récompensés, a encore dit Meloni. Si, d’une part, nous sommes prêts à laisser entrer les gens, mais que, de l’autre, nous ne nous occupons pas du sort qu’ils connaîtront dans nos pays, ce n’est pas de la solidarité ». « Au centre des flux migratoires, il y a des personnes, il y a des vies, des espoirs, des souffrances, a-t-elle ajouté. Il est de notre devoir de prendre soin du sort de ces personnes. Nous avons besoin d’un engagement commun et de plus de collaboration accrue pour combattre le réseau de trafiquants » qui gèrent l’immigration clandestine. « Une collaboration à grande échelle est nécessaire pour soutenir le développement en Afrique en s’attaquant aux causes profondes de la migration », a souligné la Première ministre.

Meloni: «plus d’aide à ceux qui accueillent plus de réfugiés, est un devoir»

« Le soutien aux réfugiés et aux personnes déplacées est un devoir auquel personne ne peut se soustraire. Ceux qui fuient les guerres et les catastrophes ont le droit de se mettre en sécurité, a souligné Madame Meloni. Mais ce droit ne peut pas conduire automatiquement au droit d’être accueilli partout. Un devoir de solidarité est donc d’accroître le soutien économique à ceux qui se retrouvent à accueillir davantage de réfugiés ».

Meloni: «nous avons besoin d’une coordination entre les structures de renseignement»

« Sur la question de la lutte contre l’immigration clandestine, je pense que notre priorité devrait être de renforcer la coopération entre nos forces de police, les autorités judiciaires des différents États, l’engagement à poursuivre les trafiquants d’êtres humains, à mettre à jour la législation, lorsqu’elle fait défaut, afin que le travail accompli par une nation ne soit pas alors rendu vain », a ajouté Giorgia Meloni, dans un chapitre de son discours à la Farnesina. « De ce point de vue, je crois et propose qu’une coordination entre nos structures de renseignement soit utile car on parle toujours des passeurs, mais le passeur est le dernier maillon d’une chaîne de plus en plus longue dans ces organisations ».

Meloni: «entre l’Europe et la Méditerranée, un dialogue entre égaux»

Avec les pays d’origine des migrants, a déclaré Meloni, « le partenariat doit être égalitaire, non prédateur, multidimensionnel et à long terme. Il doit être fondé sur le respect et non sur une approche paternaliste, sur la solidarité, sur le respect de la souveraineté de chacun, sur la responsabilité partagée sur la protection de la légalité. C’est la seule manière sérieuse de renforcer nos liens, de nous faire confiance et de promouvoir le développement et la prospérité de nos peuples ».

Meloni: «le processus de Rome est né avec la conférence sur les migrants»

« Il s’agit d’une initiative unique en son genre en laquelle je crois fermement, elle n’est pas destinée à être un format fermé, mais que nous la considérons comme le début d’un chemin que nous aimons appeler le ‘processus de Rome’, qui doit renforcer le dialogue entre nous, mais aussi être ouvert à d’autres contributions », a encore déclaré Meloni. Puis, s’adressant aux personnes présentes, elle a ajouté : « C’est un grand honneur pour le gouvernement italien et pour moi de vous accueillir à Rome pour cette conférence. Je vous remercie tous, chacun parmi vous, d’avoir accepté l’invitation. C’est une initiative qui, je l’espère, sera la première d’une longue série. Le fait que des représentants de plus de 20 États siègent ici et qu’il y ait des organisations internationales, démontre non seulement l’amitié entre nos nations, mais aussi la conscience que, pour faire face aux grands défis auxquels nous sommes confrontés, il est essentiel que nous soyons capables de travailler ensemble ».

Antonio Tajani: «nous ne voulons pas que la Méditerranée soit un cimetière»

Dans le discours d’ouverture de la Conférence, le ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a rappelé que « Rome a toujours été et veut être un carrefour entre les peuples qui veulent construire ensemble une nouvelle saison, nous ne voulons pas que la Méditerranée soit un cimetière de personnes qui quittent leurs foyers, nous voulons plutôt que la Méditerranée élargie jusqu’à l’Indo-Pacifique, puisse être une mer de paix et de progrès ». « Cette conférence internationale sur le développement et la migration » a été « fortement souhaitée par le gouvernement italien et par la Première ministre » mais a été « construite avec beaucoup d’entre vous, car de grandes initiatives ne peuvent être telles que si elles sont construites ensemble, a ajouté Tajani. Nous avons travaillé pour que cette conférence ne soit pas seulement une réunion formelle, mais qu’elle soit une opportunité de discussion qui pourrait représenter un tournant dans ce domaine ». « Les grands problèmes auxquels nous sommes confrontés ne sont pas seulement migratoires car nous devons résoudre la question migratoire à la racine, a-t-il conclu. Nous devons faire face au plus grand problème du changement climatique, à la lutte contre le terrorisme, aux maladies, car souvent les grands trafiquants d’êtres humains sont les mêmes qui font le trafic d’armes et de drogue ».

Von der Leyen: «détruire le business des trafiquants»

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen s’est également exprimée sur le sujet, présente à la conférence internationale sur le développement et la migration à la Farnesina : « Nous devons réprimer les trafiquants et détruire leur modèle économique cynique. L’ouverture de nouvelles voies légales entre nos continents peut créer une alternative réelle et sûre aux dangereux voyages maritimes ». « Au sein de l’UE, nous travaillons pour promouvoir la réinstallation et l’admission humanitaire. Nous devons unir nos forces pour démanteler le modèle commercial cruel et illégal des criminels et sensibiliser les gens aux mensonges que propagent les trafiquants », a-t-elle souligné, évoquant également le récent accord avec la Tunisie. « Nous voulons que notre accord avec la Tunisie soit un modèle. Un projet d’avenir pour d’autres partenariats avec d’autres pays de la région », a souligné von der Leyen. L’intention est claire : « Adopter une approche pragmatique basée sur le partage d’intérêts et de valeurs communes. Nous voulons trouver des solutions sur mesure aux réalités locales », a-t-elle conclu.