Emmanuel Macron annonce l’envoi de missiles «Scalp» pour l’Ukraine

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(Paris, Rome, 12.07.2023). Le président français annonce que Paris fournira à l’Ukraine les mêmes missiles de croisière déjà envoyés dans le passé par Londres. Et Berlin s’apprête également à lancer un nouveau paquet d’aide militaire, afin de tenter de renforcer la contre-offensive de Kiev

« J’ai décidé d’augmenter les livraisons d’armes et d’équipements pour permettre aux Ukrainiens d’avoir la capacité de frapper en profondeur », c’est par ces mots, le président français Emmanuel Macron, à son arrivée au sommet de l’OTAN à Vilnius, a commenté la décision française de fournir à Kiev des missiles de croisière à longue portée. A la même occasion, le locataire de l’Elysée a souligné l’importance d’envoyer un message non seulement de « soutien à l’Ukraine », mais aussi « d’unité et de détermination de l’OTAN pour que la Russie ne puisse pas gagner cette guerre ».

Les missiles que Paris entend livrer à Kiev, connus en français sous le nom de Scalp (Système de Croisière Autonome à Longue Portée), sont le même système que celui utilisé par la Royal Air Force sous le nom de Storm Shadow, un système avec lequel Londres a déjà fourni Kiev depuis mai dernier, rapporte le quotidien «Formiche».

C’est précisément pour cette raison que les dirigeants français estiment que cette décision ne représente pas une escalade à l’égard de Moscou, dont les forces armées emploient des systèmes capables de frapper à des distances bien supérieures à la portée de 250 km de la version du Scalp destinée à l’Ukraine.

Cependant, aucune information officielle n’a été communiquée quant au nombre d’engins que Paris compte envoyer à Kiev. Une source militaire française affirme que les Scalps ne seront pas spécialement produits mais qu’ils seront prélevés dans les arsenaux déjà existants, et qu’ils seront d’un « nombre important », tandis qu’une source diplomatique affirme qu’une cinquantaine de missiles seront envoyés en Ukraine.

Comme les Storm Shadows, les missiles air-sol fournis à l’Armée française seront fournis dans une version compatible avec les avions ukrainiens de fabrication soviétique, à la fois en raison de la plus grande disponibilité de ces derniers dans les dépôts du pays et pour raccourcir le temps nécessaire au déploiement et à l’utilisation de ces munitions sur le champ de bataille.

Le Scalp, appelé en anglais « Storm Shadow », est développé conjointement par le Royaume-Uni et la France, ils sont lancés depuis les airs, notamment grâce à des avions Rafale. Il s’agit d’un missile de croisière d’une portée de plus de 250 kilomètres avec une charge de 400 kilos d’explosifs, comme l’explique le colonel Michel Goya sur la chaine française «LCI». Difficilement détectable, ce missile est capable de toucher des cibles à terre, en profondeur, avec une grande précision, et sans mettre en danger les avions au-dessus des défenses aériennes ennemies. Les Scalp ont notamment été utilisés par la France en Syrie pour viser des cibles de Daech. Grâce à leur longue portée, ces missiles peuvent atteindre des zones dans l’Est de l’Ukraine contrôlées par les forces russes. « Les Scalp pourraient être très utiles pour frapper des cibles bien protégées, à longue distance, et inaccessibles à l’aviation en raison de leur éloignement, des conditions météo ou des défenses aériennes », explique une source militaire transalpine.

La décision française fait écho à celle de Berlin, qui affirme avoir presque bouclé un nouveau paquet d’aide militaire à l’Ukraine, d’une valeur totale de 700 millions d’euros. Le moment choisi de ces annonces est important, puisqu’il coïncide à la fois avec le très important sommet de l’OTAN à Vilnius et avec d’importants développements dans la contre-offensive ukrainienne ; en ces heures, les chefs militaires ukrainiens diffusent la nouvelle selon laquelle les forces armées russes seraient piégées à Bakhmout, le centre conquis il y a quelques semaines par les miliciens de Wagner au terme d’affrontements féroces avec les soldats de Kiev.

Quelques heures après l’annonce, la Russie réagit. «Bien sûr, il reste à clarifier et à déterminer exactement de quel rayon nous parlons. Mais de notre point de vue, il s’agit d’une mauvaise décision, lourde de conséquences pour l’Ukraine, car elle nous obligera naturellement à prendre des contre-mesures », a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, lors d’un point de presse à la suite de l’annonce du Président Macron.