(Rome, Paris, 24.06.2023). Agé de soixante-deux ans, originaire de Saint-Pétersbourg comme Vladimir Poutine, Prigozhin est le commandant du groupe Wagner, la milice qui fait le sale boulot de Moscou depuis dix ans sur les théâtres de guerre, de l’Afrique à l’Ukraine
Agé de soixante-deux ans, originaire de Saint-Pétersbourg comme Vladimir Poutine, dans l’ombre duquel il a grandi, Evgueny Prigozhin est le fondateur et commandant du groupe Wagner, la milice mercenaire qui a fait le «sale boulot pour Moscou» sur les théâtres de guerre de l’Afrique à l’Ukraine pendant une décennie. Il est inspiré de Blackwater, les «sous-traitants» américains qui ont fini par faire l’objet d’une enquête en Irak pour une série d’actions sans scrupules, comme le rapporte l’agence italienne «AGI».
L’ascension vertigineuse
Son passé et son ascension vertigineuse vers le pouvoir en Russie comportent de nombreuses zones d’ombre. On sait qu’après neuf ans de prison pour vol, incitation à la prostitution d’adolescents et escroquerie, en 1990, il avait redémarré comme vendeur de hot-dogs en ouvrant un kiosque avec son beau-père. Il a ensuite fait fortune avec une chaîne d’épiceries, de restauration servant les écoles et l’armée.
Ses restaurants de Saint-Pétersbourg ont accueilli à plusieurs reprises des dîners pour le chef du Kremlin avec des dirigeants étrangers, de Jacques Chirac à George W. Bush, au point de lui valoir le surnom de «cuisinier de Poutine». Les gros contrats de commandes publiques auraient permis à Prigozhin de financer son groupe Wagner mais aussi d’autres activités «secrètes» comme la propagande et la désinformation de Moscou.
Financement des activités «secrètes»
Prigozhin aurait notamment financé un réseau d’entreprises, dont l’Internet «Research Agency», qui produisent des «trolls» et tentent d’influencer la politique dans de nombreux pays occidentaux, dont les États-Unis, avec des hacks présumés pour dénigrer Hillary Clinton lors de la campagne présidentielle contre Donald Trump.
L’invasion de l’Ukraine, où Wagner aurait déployé jusqu’à 50.000 hommes, s’est transformée en une sorte de guerre privée pour Prigozhin, un peu comme le Vietnam du colonel Kurtz dans «Apocalypse Now», avec une série d’attaques contre le haut commandement, jusqu’au tournant de la Proclamation du 23 juin qui marque une rupture irrémédiable avec Moscou.
Le camouflage, est la tenue de travail de Prighozin qui a une réputation de cruauté, non seulement en raison de nombreuses accusations de crimes de guerre portés contre ses hommes : « Une mort d’un chien pour un chien », a-t-il commenté après la diffusion de la vidéo-choc d’un déserteur de Wagner en Ukraine, tué à la tronçonneuse.