(Rome, Paris, 31.05.2023). Un quartier résidentiel de la capitale russe a été touché dans la nuit dernière. Bien que les dégâts soient limités, l’impact de cet événement est bien plus large
Dans la nuit du 29 au 30 mai, le quartier de la capitale russe de Cheremuski, situé dans la périphérie sud-ouest de la ville, a fait l’objet d’une attaque menée par des drones actuellement non identifiés.
Les autorités russes ont confirmé l’attaque, indiquant que tous les drones avaient été neutralisés et que les dégâts se sont limités à quelques bâtiments endommagés. Le maire de Moscou, Sergueï Sobianine, a déclaré que « deux personnes ont eu besoin d’une assistance médicale, mais ont été immédiatement secourues par le personnel présent sur place. Elles n’ont pas été hospitalisées ».
Le nombre de drones utilisés dans l’attaque n’est pas encore connu. Selon le ministère de la Défense de la Fédération de Russie, le nombre total d’appareils impliqués s’élève à huit, ajoutant que « trois d’entre eux ont été neutralisés par des outils de guerre électronique, leur faisant perdre le contrôle et les détournant de la cible initiale, tandis que les cinq autres ont été abattus à l’aide de systèmes de défense antimissile à courte portée Pantsir-S ». Des médias proches du Kremlin parlent plutôt de chiffres bien plus élevés, qui tournent autour d’une trentaine d’unités, comme le rapporte le quotidien italien «Formiche».
Les autorités russes ont accusé l’Ukraine d’être l’auteur de cette « attaque terroriste ». La réponse du gouvernement ukrainien est venue par l’intermédiaire de Mykahilo Podolyak, conseiller du président Zelensky, qui a nié toute implication directe des forces armées de Kiev, ajoutant toutefois que « l’Ukraine a observé avec plaisir le déroulement des événements, et avait déjà prévu une recrudescence des attaques ».
Cette attaque est la première à viser directement une zone résidentielle de la capitale russe, alors que d’autres zones de la Fédération ont été plus sujettes à des opérations similaires. Un événement similaire s’est produit il y a moins d’un mois, lorsque deux drones ont tenté un raid visant à frapper le Kremlin. Là encore, les autorités ukrainiennes avaient nié toute implication.
Dans les deux cas, les dommages physiques rapportés étaient presque nuls. Mais le véritable objectif de telles attaques n’est pas la destruction d’objectifs pertinents, mais plutôt des dommages causés au « front intérieur » : de telles actions ont un fort impact sur le moral de la population civile (mais aussi aux soldats engagés sur le front), qui perçoivent une moindre capacité de leur gouvernement à défendre leur sécurité. Diminuant ainsi le soutien non seulement à l’opération militaire spéciale, mais aussi au régime de Poutine lui-même. À l’inverse, le moral des Ukrainiens bénéficiera d’un effet diamétralement opposé : il est ainsi démontré que même les ennemis de la Russie (et non spécifiquement les forces armées ukrainiennes, étant donné qu’elles nient au moins toute implication) peuvent parvenir à atteindre des cibles aussi éloignées qu’importantes, sans toutefois se «souiller» du sang des victimes civiles, contrairement à leurs adversaires qui continuent de cibler la population civile afin de tenter de faire plier sa détermination.
A l’approche de l’imminente contre-offensive ukrainienne, cette dynamique revêt une importance de plus en plus grande visant à affaiblir la solidité du dispositif ennemi. Et d’essayer de rapprocher le plus possible la fin de ce conflit sanglant.