(Rome, Paris, 24.05.2023). Le poids spécifique du port grec, géré par « Cosco China », augmente de manière exponentielle et avec lui les risques de trafics troubles. Des pilules de drogue aux barres d’uranium, voici ce qui se passe
Après les pilules de Captagon destinées au djihad, du titane pour l’Iran ? L’Autorité grecque de lutte contre le blanchiment d’argent a saisi dans le port du Pirée (géré par Cosco China) des barres de titane à destination de l’Iran pour le développement du programme nucléaire de Téhéran. Les investigations ont débuté en février dernier lorsque deux conteneurs à destination d’Istanbul ont été chargés sur un cargo de la « Mediterranean Shipping Company » (MSC) depuis le port de Shanghai en Chine, comme le rapporte le quotidien italien «Formiche».
Les barres de titane
Dans les déclarations douanières, une entreprise multinationale de logistique ayant des succursales en Chine et en Turquie est désignée à la fois comme expéditeur et destinataire des marchandises. Les documents décrivaient le chargement des conteneurs, à savoir des barres de titane, un tour de haute technologie pour le traitement du titane ainsi que des conteneurs de produits chimiques. Des enquêtes complémentaires ont révélé que l’entreprise destinataire de la cargaison semble être une entreprise chimique basée à Istanbul qui, selon des sources diplomatiques, a déjà demandé la libération de la cargaison.
L’action des services de sécurité concernés, et manifestement non seulement des services grecs, repose sur le soupçon que la destination finale des barres de titane n’est pas Istanbul mais plutôt l’Iran, puisque, dans le passé, Téhéran aurait tenté à plusieurs reprises de contourner l’embargo du Conseil de sécurité.
Le Captagone
En juillet 2019, une cargaison d’un million et demi de comprimés a été saisi au Pirée, à bord d’un cargo syrien parti du port de Lattaquié en Syrie et destiné officiellement à la Chine. Quatre mois plus tôt, un autre lot de cinq millions de pilules avait été saisi à nouveau dans le même port d’escale.
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Cependant, la plus grosse saisie remonte à 2016, lorsque 26 millions de pilules d’une valeur de 13 millions d’euros ont été découvertes, dissimulées dans un conteneur en provenance d’Inde et dont la destination finale était la Libye, notamment du Tramadol, qui inhibe la douleur et est utilisé par les combattants de l’Etat islamique (EI) pour rester éveillés pendant de longues périodes et éprouver une grande euphorie. L’enquête avait été coordonnée par le « Drug Enforcement Administration » américain (DEA) et la police grecque.
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Le Captagon est une amphétamine fabriquée au Liban, en Syrie et en Irak, selon l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT).
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C’est la raison pour laquelle la Méditerranée orientale est devenue le centre névralgique de sa distribution à bord des cargos.
Téhéran
Pendant ce temps, selon l’Associated Press, une nouvelle centrale nucléaire souterraine est en cours de construction alors que le pays est soumis aux sanctions occidentales. Selon des sources locales, un tunnel a été creusé dans la montagne près du site nucléaire de Natanz, qui a subi des sabotages répétés lors du bras de fer engagé entre Téhéran et l’Occident au sujet de son programme atomique, lit-on toujours dans le quotidien italien. Cette action intervient cinq ans après que l’ancien président américain Donald Trump a unilatéralement retiré les Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire du Plan d’action global conjoint (JCPOA). L’élimination du général iranien Qassem Soleimani en Irak début 2020 a fait monter les tensions à de nouveaux stades, Téhéran et Washington étant au bord d’une crise très aiguë.